[Critique] RONAL LE BARBARE de K.V. Andersen, T. Christoffersen et P.E. Lipski (2011)
Barbare à deux balles ?
Débarqué sans être réellement attendu (ni passé par la case cinéma) dans nos vertes contrées en Blu-Ray/DVD, Ronal Le Barbare est une grosse surprise dans le domaine du film d’animation. Pas facile en effet de se faire une place aux côtés des produits surmédiatisés Pixar, Dreamworks et cie qui sortent sur les écrans. Né au Danemark l’an passé, le petit Ronal ne présente pas des attributs débordants (de dollars notamment), et paraît un peu gauche et gringalet (en termes techniques), et pourtant, il a un coeur immense !
Coréalisé par trois cinéastes danois, Ronal le Barbare est, comme son nom l’indique, une relecture pour le moins déviante et humoristique du personnage créé par Robert E. Howard, mais également de nombreux films et sagas comme Le Seigneur des Anneaux ou Star Wars. Pourtant, qui dit détournement, ne dit pas forcément blagues potaches et gratuites style Shrek et consorts… Les concepteurs de ce Ronal… prennent clairement leur sujet à coeur et disposent, c’est évident, d’une connaissance étroite de la mythologie de Conan et des règles de l’Heroïc Fantasy en général. Ils peuvent ainsi se permettre de pervertir cet univers ultra codifié en y apposant des déviances généralement à caractère sexuel, à des personnages que l’on voit habituellement sérieux comme des Papes. Ronal pour commencer, est un antihéros paroxystique dans un monde de barbarie et de violence. Né au sein d’un village de gros bras (et de ramollis du bulbe, il faut bien le dire), Ronal est présenté comme un personnage filiforme, une véritable brindille, quasiment élastique, sans aucune force et maladroit comme pas possible, affublé comme ses semblables d’un ensemble de cuir en lanière string déjà particulièrement audacieux. A ses côtés, Elric l’Elfe conserve cette forme de sagesse immortalisée à l’écran par Legolas dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, qui est ici doublée d’une (homo ?)bisexualité évidente et d’un maniérisme exacerbé qui en font un personnage savoureux. Les grands méchants ne sont pas épargnés, bien au contraire… Le seigneur Volcazor est un mixe entre Goldorak et Dark Vador, tandis que ses sbires sont autant de culturistes bodybuildés adeptes des tétons percés et du sadomasochisme.
Ronal Macdonald
Cette juxtaposition entre le respect des codes d’un univers et l’ajout d’une série de situations et de blagues situées en dessous de la ceinture font tout le sel de Ronal le Barbare. Car les concepteurs du film n’ont pas oublié de proposer quelques images absolument magnifiques et iconiques rappelant des illustrations sorties tout droit des planche d’un Frazzeta. Et si l’animation et le graphisme ne sont pas toujours au top du hip-hop, les paysages qui entourent les personnages sont particulièrement fouillés et agréables à l’oeil. Au final, le scénario très classique qui suit la quête d’un Ronal contraint à se dépasser pour sauver les siens et trouver l’amour, n’a rien d’extraordinaire. Mais le film amuse généreusement, est même parfois très drôle (au top : la scène dans laquelle Ronal s’infiltre dans la tour, complètement invisible, sauf ses testicules qui se baladent… arf !) et dispose de suffisamment de séquences épiques pour emporter l’adhésion.
RONAL LE BARBARE
Kresten Vestbjerg Andersen, Thorbjorn Christoffersen, Philip Einstein Lipski (Danemark – 2011)
Genre Fantasy – Musique Nicklas Schmidt – Durée 89 minutes. Distribué par Seven 7.
L’histoire : Ronal est un jeune barbare fluet qui ne ressemble en rien aux grands gaillards musclés de son village. Mais lorsque ces derniers sont capturés par le méchant seigneur Volcazor, Ronal va devoir faire preuve de force et de courage. Accompagné par Alibert, le barde, Zandra, la guerrière, et Elric, le guide lutin, Ronal se lance dans une quête périlleuse pour libérer son clan…
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