[Critique] THE COLLECTOR/ THE COLLECTION de Marcus Dunstan

Saw porn

En juillet 2010, l’éditeur CTV International sortait dans les bacs français le DVD/Blu-Ray d’un film sorti de nulle part : The Collector. Un thriller qui n’était pas prédisposé à éveiller outre mesure l’attention du spectateur gavé de films surfant sur la vague des « Torture Porn » initiée par l’interminable franchise des Saw. Une lignée qui n’a livré que des œuvres globalement ratées, qui plus est nauséabondes, à de très rares exceptions près. La surprise n’en fut que plus grande. Pourtant ça commençait mal, le réalisateur de la chose, Marcus Dunstan, est l’un des principaux artisans de la débâcle gerbante de la série créée par l’inestimable James Wan (je veux parler des Saw, bien sûr). Scénariste sur les épisodes 4, 5, 6 et 7 (n’en jetez plus !), l’homme apparaît clairement comme un dangereux psychopathe du script à tiroirs. Reste que pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Dunstan surprend agréablement. Certes, avec The Collector, il propose un univers pas si éloigné de ses précédents travaux : un tueur sanguinaire, des mécanismes de mise à mort et une mise en scène macabre bien craspecs, constituent l’essence même du film. Oui, mais Marcus Dunstan n’a pas oublié d’inclure dans son histoire un personnage central intéressant, qu’il incorpore à son intrigue de manière tout à fait judicieuse et intelligente. Un cambrioleur (Arkin, sous les traits de Josh Stewart, clone de Sean Penn) se retrouve nez à nez avec un tueur en série sur le lieu même de son larcin. C’est pas de chance pour lui, mais c’est un véritable bonheur pour l’amateur de débordements gores et glauques, qui va en avoir pour son argent durant une heure trente. Car outre son caractère sadique (la torture n’a aucun secret pour lui), l’animal est également un véritable petit génie de la survie, qui piège l’intégralité de la maison dans laquelle les deux hommes se trouvent… Passé l’improbabilité de certaines situations (notre ami le cambrioleur se balade quand même un peu trop facilement dans la maison sans être repéré), cette petite bande d’horreur marquait clairement les esprits. Au point qu’une suite était évidemment mise en chantier.

Du Aliens dans le texte

Et nous voilà donc avec The Collection, excroissance directe du précédent opus. Après avoir cru pouvoir s’échapper, Arkin est retombé dans les griffes du tueur qui le maintient en vie dans d’atroces souffrances. Le bougre parvient pourtant à se libérer à l’occasion du rapt d’une jeune fille par le « Collector » dans une boîte de nuit. Une première séquence qui donne le ton : bigger and lourder ! La discothèque est en fait un véritable piège géant que les noctambules shootés découvriront à leurs dépens dans un scène incroyable de massacre collectif… La suite, c’est du Aliens dans le texte. Une bande de gros bars surarmés et engagée pour aller délivrer la jeune prisonnière au sein même de l’antre du tueur, accompagnés évidemment de Arkin. La volonté du réalisateur est clairement affichée : prendre le concept du premier opus, le gonfler pour en donner toujours plus, voire même le distordre vers une forme d’abstraction tant les situations qui nous sont données à voir tendent de plus en plus vers une forme d’irréalisme assumée. Le vieil entrepôt du Collector est un véritable labyrinthe gorgé de pièges en tous genres. Au détour des couloirs, on y découvre d’étranges jeunes femmes apeurées, des bocaux géants renfermant des corps massacrés, tels des trophées… et évidemment des pièges mortels tous plus tordus les uns que les autres.

Le tueur sans visage

Sur un plan visuel, The Collection développe les idées du précédent opus, ne rechignant jamais à exposer frontalement une atrocité. L’iconisation du tueur est également encore plus poussée qu’auparavant. L’une des grandes réussite de l’entreprise de Marcus Dunstan est de ne jamais montrer le visage du maniaque, ni de tenter d’expliquer ses agissements, alors qu’il s’agit clairement du centre d’attraction principal du réalisateur. Le rythme général est assez soutenu pour ne pas vraiment provoquer l’ennui malgré un nombre embarrassant de clichés. Mais ces bons points sont contrebalancés par des carences difficilement pardonnables. Le scénario est une misère totale… L’interprétation est très aléatoire, l’équipe des brutes qui accompagnent Arkin sont dans le meilleur des cas, caricaturaux, dans le pire, inexistants…. Malgré tout, et s’il n’atteint pas le niveau de son prédécesseur, The Collection n’est pas désagréable à suivre, ne serait-ce que pour la sincérité et la motivation palpables que Marcus Dunstan injecte dans son film, qui assume son statut de série B quelque peu crado, mais décomplexée, avec une fraîcheur qui fait plaisir à voir… En attendant un troisième opus…

THE COLLECTOR. De Marcus Dunstan (USA – 2009).
Genre : Thriller. Scénario : Marcus Dunstan et Patrick Melton. Interprétation : Josh Stewart, Madeline Zima, Andrea Roth, Karley Scott Collins, Daniella Alonso… Musique : Jérôme Dillon. Durée : 90 minutes.

Note : 4 sur 5.

THE COLLECTION. De Marcus Dunstan (USA – 2012).
Genre : Thriller. Scénario : Marcus Dunstan et Patrick Melton. Interprétation : Josh Stewart, Lee Tergesen, Christopher McDonald, Emma Fitzpatrick, Courtney Lauren Cumming… Musique : Charlie Clouser. Durée : 82 minutes.

Note : 2 sur 5.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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