[Critique] THE THOMPSONS des Butchers Brothers
En 2006 sortait sur les (petits) écrans français une petite bombe indépendante du ciné US. The Hamiltons, c’est son nom, proposait une approche originale, on ne peut plus sérieuse et réaliste du mythe du vampire, bien plus cohérente que les Twilighteries romantico-débiles qui suivront… Portée par une solide bande de comédiens, dirigée par les énigmatiques Butcher Brothers, cette série B était un véritable petit joyau noir, particulièrement maîtrisé.
Six ans plus tard, débarque une suite… Confirmation ou pétard mouillé ? Un peu les deux… Entre The Hamiltons et cette séquelle, les frères bouchers (ça en jette tout de suite moins…), alias Mitchell Altieri et Phil Flores, ont réalisé deux autres films : un remake de April Fools Day (2008) et The Violent Kind (2010). Deux oeuvres plutôt fraîchement accueillies par la critique. Les faux frangins auraient-ils perdu leur mojo ? En partie oui. Cela se vérifie aujourd’hui. En accouchant d’une suite à l’oeuvre qui a fait leur succès, les Butchers Bro ne transforment par l’essai. Même si le film ne manque pourtant pas de qualités. Il s’appuie en premier lieu sur une mise en image plutôt inspirée, Altieri et Flores livrent une introduction plutôt habile, intrigante et qui met en appétit. Cette-fois, la famille de vampires met le cap sur le Vieux Continent. C’est au sein de la campagne anglaise que l’un d’entre eux va rencontrer d’autres membres de leur lignée, dans le but de tenter de sauver leur frère cadet, mortellement blessé. A l’aide d’une narration morcelée sur le plan temporel, et pourtant toujours claire, la première partie du film se montre adroite et assez jouissive, s’appuyant sur une voix-off impliquante, des dialogues cinglants et bien écrits.
Moment de bravoure, la séquence de la station service, très “tarantinnesque” dans l’esprit, n’est pourtant pas la plus réussie. Trop tape à l’oeil et m’as-tu vu pour être honnête. Non, c’est dans le mystère de son exposition que The Thompsons convainc. Une entrée en matière particulièrement sanglante et dont on ignore la justification (tout au moins au début) avec ces deux tueurs sadiques écorchant un jeune couple venu batifoler dans les herbes, c’est là que ce second opus tape fort.
Qui est le monstre ?
Malheureusement, la suite n’est pas du même acabit. Le romantisme plan-plan à la Twilight refait surface, alors que, paradoxalement, les deux réalisateurs s’en moquent ouvertement lors d’une ligne de dialogue. De même, suivant le principe qui veut que la mise en place des enjeux est plus intéressante que les enjeux eux-même, The Thompsons se pose là ! Peu ou pas de surprise dans la deuxième partie du film, gagnée par une apathie qui déteint sur le spectateur. Pas de quoi grimper au rideau avec cette lutte entre les deux familles vampires. Si ce n’est un combat final sympathique, bien que pas irréprochable en matière de découpage et d’effets numériques.
C’est bien dommage, car il est incontestable que les Butchers Brothers ont du talent et une patte bien à eux. Ce nouveau film en est imprégné par petites touches, trouvant par instants l’ambiance morbide qui faisait le sel du premier opus. Leur approche réaliste du mythe du vampire, les questionnements sur la notion de l’autre, du monstre, de l’anticonformisme ne sont pas inintéressants. Mais ce n’est pas suffisant pour en faire un spectacle digne de ce nom, l’effet de surprise de son prédécesseur s’étant estompé…
THE THOMPSONS
Butchers Brothers (USA – 2012)
Genre Thriller – Interprétation Cory Knauf, Samuel Child, Mackenzie Firgens, Joseph Mc Kelheer… – Musique Kevin Kerrigan – Durée 82 minutes. Blu-ray et DVD disponibles chez Free Dolphin.
L’histoire : La famille « Hamiltons », poursuivi par la justice, est contrainte de fuir les Etats-Unis et de partir s’installer en Angleterre sous une nouvelle identité, les Thompson. Sur place, ils essayent d’entrer en contact avec une société secrète de vampires. Mais la tranquilité apparente n’augure rien de bon.…
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