[Be Kind Rewind] LE SANG DU VAMPIRE d’Henry Cass (1958)
L’abominable professeur Callistratus
Parmi les nombreuses œuvres estampillées “cinéma fantastique britannique”, Le Sang du vampire n’est pas la plus connue, mais mérite de toute évidence l’attention du cinéphile. Un film mis en scène par Henry Cass, qui n’a pas forcément brillé dans le domaine du fantastique, mais surtout scénarisé par Jimmy Sangster, l’un des cerveaux créatifs de la Hammer de la grande époque, puisqu’on lui doit entre autres les scripts de Frankenstein s’est échappé, Le cauchemar de Dracula ou encore Dracula, prince des ténèbres. Et l’auteur d’en remettre une couche en matière de vampirisme dans ce Sang du vampire qui, paradoxalement, s’éloigne nettement des œuvres séminales avec Christopher Lee.
La présence du vampire du titre n’est ici qu’un prétexte, probablement un argument commercial. Car il n’y a à première vue aucune canine proéminente à l’écran au sein des 84 minutes de bobines, si ce n’est celles des chiens affamés de l’abominable professeur Callistratus. Celui-ci, interprété en mode “Bela Lugosi” par le comédien de théâtre Donald Wolfit, et en dépit d’un jeu de sourcils évocateur, n’a rien à voir avec l’imagerie du vampire tel qu’on l’entend, et tel que pourrait le laisser suggérer la séquence pré-générique du film. Tournée en studios, elle dévoile la mise à mort d’un personnage d’un pieu dans le cœur cette première séquence sonne déjà très “Hammer”. Mais cette proximité va vite laisser place à une approche plus scientifique du thème du vampirisme.
Régal pour amateurs
Le professeur Callistratus n’a rien d’un monstre à proprement parler. Il s’agit davantage d’un scientifique en roue libre, à l’image d’un professeur Frankenstein, obsédé par ses recherches sur le sang humain. A la tête d’un asile d’aliénés, il dispose de tous les cobayes dont il a besoin pour ses sinistres expériences de transfusions. Ce qui a semblé motiver Jimmy Sangster et Henry Cass avec ce projet, c’est de pouvoir réaliser un film d’épouvante classique et humble. Ainsi, si Le sang du vampire n’atteint pas des sommets d’originalité, d’envergure et de pertinence, d’où son relatif anonymat dans les mémoires, il constitue néanmoins un solide film d’horreur typiquement anglais. Dans de somptueux décors gothiques, porté par une interprétation toujours pleine d’une emphase jouissive et disposant d’un casting féminin tout en charme et en rondeurs, le film d’Henry Cass est un mets de choix pour les amateurs. D’autant qu’il s’accompagne d’un point de vue original sur le concept du vampire, et propose même dans sa version intégrale, quelques beaux moments sanguinolents… A découvrir, assurément…
LE SANG DU VAMPIRE
Henry Cass (GB – 1958)
Genre Fantastique – Interprétation Donald Wolfit, Barbara Shelley, Vincent Ball… – Musique Stanley Black – Durée 90 minutes. Edité en DVD par Artus Films.
L’histoire : Transylvanie, 1874. Des villageois exécutent sauvagement un homme accusé de vampirisme. Un scientifique parvient à le ressusciter grâce à une transplantation du cœur. Quelques années plus tard, on le retrouve à la tête d’un asile d’aliénés implanté dans une forteresse. Dénommé à présent Callistratus, il expérimente des transfusions sanguines sur ses patients.
La version intégrale d’Artus
Artus propose là une version intégrale du film, ce qui est à la fois une belle curiosité et constitue un petit exploit si l’on en croit les difficultés rencontrées pour aboutir à une version complète. De fait, quelques plans apparaissent bruts de décoffrage, verdâtres et bourrés de défauts (tâches et autres griffures) suivant la qualité toute relative de leur source. Au sein de certaines séquences, la différence saute littéralement aux yeux, entre un travail de restauration plus que correct, et des images très abîmées, parfois dans la continuité même d’un mouvement de caméra. En dépit de la qualité médiocre de certaines images, donc, rien de rédhibitoire si l’on garde en tête l’intérêt cinéphilique évident d’une telle version intégrale.
Comme dans les autres DVD de la fournée British collection d’Artus, le spécialiste du cinéma de genre Alain Petit intervient au sein d’un module d’une quarantaine de minutes. Il replace le film dans son contexte et apporte des éclairages sur les motivations de ses instigateurs. Il revient également sur les carrières des acteurs. Toujours très intéressant.
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