[Preview] GRAVITY d’Alfonso Cuarón
L’attente d’un film, lorsque celui-ci fait préalablement jaser, place le cinéphile entre la frustration, de lire les premières critiques d’après projection-presse et l’agacement, après visionnage des promo-trailers, censés exciter la rétine d’un peu trop près. Ce postulat se dédouble dès lors qu’un cinéaste comme Alfonso Cuarón s’apprête à montrer au monde entier sa dernière oeuvre : Gravity.
Un travail de quatre années qui, d’un point de vue technique, à eu raison du réalisateur, ne se sentant plus vraiment apte à rediriger une telle opération malgré tout le respect prodigué par le studio de la Warner… Oui, il s’agit d’un blockbuster ! La production, justement, dévoilera 4 bandes-annonces faisant ainsi monter la pression et cachant probablement une théâtralité et une réalité qui s’annoncent pour le moins… Efficaces. Alors, au lieu de se poser tout un tas de questions, partager des idées sans savoir et sans avoir vu la moindre minute d’une continuité en salle obscure, prenons un peu de recul sur ce que nous pouvons lire ou voir, ici et là, et attachons-nous à un constat plus simple et qui nous en dit beaucoup plus sur le nouveau rejeton du réalisateur mexicain.
Gravity : Un point de vue sur le Berceau de la vie
Le père des Fils de l’Homme engrange, de film en film, un maximum de légitimité et de reconnaissance et Hollywood lui a déjà ouvert les portes en grand. En 2004, J. K Rowling l’engage pour adapter Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, considéré par beaucoup et par la romancière elle-même comme le meilleur épisode de la saga. Mais c’est avec l’adaptation d’un autre roman qu’il a réussi à imposer son style et surtout son talent, La petite princesse, connu chez nous sous le nom de Princesse Sarah, roman pour enfant…
L’enfance, l’adolescence, l’amour, la jeunesse, pièces maîtresses de toute sa filmographie pour laquelle il a tenu à en dessiner les moindres traits (Réalisateur, producteur, scénariste, monteur, acteur…). Cuarón, fort de son expérience, clos peut-être avec Gravity un cycle sur l’Humanité. Un survival/love story (?) en apesanteur avec en arrière plan, des vues très réalistes de la Terre. Un réalisme déjà expérimenté dans Les fils de l’Homme. Hormis un tournage éprouvant, Alfonso Cuarón a patienté de longs mois pour s’attacher les services des deux comédiens, Sandra Bullock et George Clooney. Et ce, non sans mal. C’est sans doute un gage de qualité de la part du réalisateur que de prendre en compte le jeu d’acteur en fonction de son espace scénique et toute la technique que cela implique… Rappelez vous des présentations successives de Clive Owen, Michael Caine et Julianne Moore dans Les fils de l’Homme … Trois personnages reliés, trois points de vues différents, trois contextes, une direction d’acteurs juste.
Alonso Cuarón : Le fils du montage interdit
Cuarón fait passer beaucoup d’émotions et de sensations par son récit et les images actives ne sont pas plus importantes que l’immersion du spectateur, sa capacité à croire en ce qu’il voit. L’utilisation du plan séquence, par exemple, créé par de subtiles raccords, renforce la narration et fait fondre la technique au profit d’un regard fluide, innocent. Une habitude chez lui, on trouve de longs plans séquences dans quasiment chacune de ses œuvres et rappelons nous de ce plan de 17 minutes des Fils de l’Homme, scène dans laquelle le spectateur accompagne un héros ordinaire dans une ambiance de guerre civile sans avoir la moindre réponse aux Où ? Quand ? Comment ?… Alors quel sera notre ressenti devant un plan de 38 minutes ?? Cuarón est-il en fin de course ? A t-il « déjà » tout exploré ?…
Si le réalisateur, influencé par la nouvelle vague, avoue une satisfaction certaine à avoir pu monter une telle entreprise (unique !), mettant certainement un terme à un cycle, il n’est pas question pour autant de laisser le cinéma de côté (son art de vivre). Il se dit d’ailleurs qu’Alfonso Cuarón préparerait activement un film d’horreur…
GRAVITY d’Alfonso Cuarón (USA – 2013)
Avec Sandra Bullock, George Clooney.
Sortie en France le 23 octobre 2013.
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