[Critique] LES BRAQUEURS de Choi Dong-hoon
Braquage à la coréenne...
Depuis quelques années, la Corée du Sud s’est spécialisée dans le blockbuster décomplexé et le recyclage des gros succès américains. En marge d’auteurs investis et inspirés comme Park Chan-wook, Bong Joon-ho ou Kim Ki-duk, s’est développée une véritable industrie du film à grand spectacle qui charrie de nombreux spectateurs dans les salles. Sur le modèle hollywoodien, les Coréens ne se privent pas d’aller puiser l’inspiration en Amérique, où la culture du blockbuster, bien qu’en panne d’inspiration ces derniers temps, a toujours une longueur d’avance en terme d’efficacité. Producteurs et réalisateurs se donnent les moyens de leur ambition, débloquant souvent des budgets conséquents pour s’offrir stars locales est SFX convaincants. Pourtant, si l’on excepte des œuvres ancrées dans la culture coréenne, assez peu de risques sont pris dans la conception de ces purs produits destinés à remplir les multiplexes asiatiques. Les Braqueurs de Choi Dong-hoon, énorme succès au box-office coréen en 2012, emprunte sans vergogne ce chemin aux frontières de l’ersatz… Grignotant dans différentes sagas (Ocean’s Eleven, Mission Impossible…), ce pur film de braquage (ou “Caper movie”), sous-genre respectable et ultra codifié, est traité par le réalisateur coréen avec application, mais sans apporter grand chose de neuf. Le concept est le même que chez ses aînés américains cités plus haut, avec une mécanique un peu moins bien huilée, mais toujours rythmée et efficace.
Un plan qui se déroule sans accroc…
Les film décrit la préparation d’un gros coup par deux équipes de braqueurs associées, l’une coréenne, l’autre venant de Hong Kong, chaque élément disposant de sa spécialité pour le bon déroulement de l’opération qui consiste à dérober un diamant dans un coffre-fort sécurisé au sein d’un casino. Évidemment, les antagonismes et romances entre les uns et les autres vont rapidement empoisonner l’intrigue et les relations, risquant de compromettre le bon déroulement du braquage. Dynamique, Les Braqueurs l’est assurément. Généreux également, bien qu’un chouïa naïf dans sa description méticuleuse des rouages d’un plan sans accroc. On le sait, la réussite d’un “caper movie” repose essentiellement sur la crédibilité et la clarté de son dispositif, aussi spectaculaire soit-il, pour que le spectateur adhère. Ici, on se perd assez vite dans l’exposition des éléments composant le casse. Après une longue présentation des personnages de rigueur, à grand renfort d’intrigues parallèles et de flashbacks plombant quelque peu le rythme général du film, qui se voudrait sûrement plus sérieux et profond qu’il ne l’est finalement, la concrétisation du braquage apporte enfin le degré d’adrénaline attendu par le spectateur.
Time and Tide
C’est dans cette dernière partie, vers laquelle tout converge, que Choi Dong-hoon lâche les chevaux. S’ensuit une série de twists venant rabattre les cartes des motivations des personnages. Car rien ne se déroulera comme prévu, évidemment, et si aucune révélation ne vient réellement surprendre le spectateur, celui-ci pourra néanmoins se laisser porter par ce vaste de jeu de faux-semblants. Le rythme pépère du film s’élève alors d’un coup, offrant quelques scènes surprenantes (la mort violente de personnages de premier plan), et en point d’orgue, une séquence de poursuite et de canardage le long d’un bâtiment où les personnages sont retenus par des filins. Une scène brillamment chorégraphiée à la manière du Time and Tide de Tsui Hark, qui vaut à elle seule le déplacement.
Un peu long, avec cette insupportable impression de ne jamais vouloir se terminer, Les Braqueurs est un honnête divertissement, plutôt généreux, et mis en scène de manière très efficace et clinquante. Pourtant, à aucun moment il ne donne la sensation de pouvoir surpasser ses modèles, se contentant de recycler mécaniquement les idées des autres, sans aucun génie. Du bon travail d’artisan…
LES BRAQUEURS
Choi Dong-hoon (Corée du Sud – 2012)
Genre Caper Movie – Interprétation Yun-seok Kim, Hye-soo Kim, Jung-jae Lee, Gianna Jun, Simon Yam… – Musique Yeong-gyu Jang et Dalpalan – Durée 136 minutes. Distribué par Metropolitan.
L’histoire : Quatre voleurs professionnels ont fait de l’escroquerie un art de vivre. Fraîchement sorti de prison, la spécialiste des coffres forts rejoint la fine équipe lorsque le cerveau de la bande convoque ses anciens partenaires pour participer au casse du siècle. Pour mener à bien l’opération, quatre autres voleurs sont recrutés. Leur cible : un diamant de 20$ millions.
Votre commentaire