[Critique] MEMORIES OF WAR de Lee Jae-han
Liam Neeson a annoncé il y a quelques semaines que les films d’action, c’était terminé pour lui. Avant de se rétracter quelques jours après… L’acteur de Taken en a pourtant certainement raz la casquette des “Vigilante Movie” bas de plafond d’EuropaCorp qui le placent en redresseur de torts dont la vengeance est la principale motivation. Il est l’heure pour lui d’explorer d’autres terrains de jeu… Et pourquoi pas le cinéma coréen…
On le sait depuis quelques temps, l’Asie est le nouvel Eldorado du cinéma mondial, et la nouvelle vitrine du cinéma hollywoodien qui s’associe aux productions chinoises and co en plaçant des billes et des comédiens dans les grosses machines d’Asie. Après Matt Damon dans le passable La Grande Muraille de Zhang Yimou, récente illustration de cette greffe cinématographique occidento/orientale, la Corée du Sud se positionne avec Memories of War (Operation Chromite en version originale), dont Liam Neeson, sorti de ses ornières vengeresses, assure la caution occidentale.
Memories of War revient sur l’épisode de l’opération Chromite, en septembre 1950, en pleine guerre de Corée. La Corée du Sud envoie huit soldats afin d’infiltrer les troupes nord-coréennes et ramener des informations de sécurité essentielles en vue d’un débarquement dans la ville d’Incheon. L’opération est mise en place par le Général MacArthur, interprété avec conviction et tout en serrage de mâchoire par un Liam Neeson assez convaincant. Le comédien se sort assez bien de ce rôle où sa prestance naturelle sied à merveille, même si l’on devine que son implication dans le film n’a pas excédé les quelques jours de tournage…
Mission suicide
S’il est mis en avant pour mieux vendre le film, Neeson n’en est pas moins la partie immergée de l’iceberg, un rôle finalement secondaire de tête pensante qui dirige à distance l’opération Chromite dont les principaux protagonistes sont les huit membres de l’escouade coréenne partis en territoire contrôlé par l’ennemi. Un groupe de soldats aux aspirations patriotiques (on est dans une production sud-coréenne, rappelons-le), qui placent leur mission avant toute considération personnelle et familiale, ce qui donne lieu à des scènes plutôt touchantes de retrouvailles clandestines.
Menés par un leader charismatique, Jang Hak-soo, interprété par l’excellent Lee Jung-jae (The Thieves, 2012), cette version des Douze salopards qui prend rapidement des allures de mission suicide, surprend agréablement, par son sens de l’action, son rythme soutenu et sa mise en scène toujours lisible et inspirée. Le réalisateur Lee Jae-han, déjà aux manettes du film de guerre 71 into the fire (2010), est incontestablement un artisan doué qui vient valider la capacité du cinéma sud-coréen à proposer des films à grands spectacle foncièrement honnêtes et maîtrisés, avec des budgets souvent inférieurs à leurs homologues américains.
Malgré quelques effets numériques d’incrustation un peu trop visibles, Memories of War reste très efficace grâce à un suspense rondement mené lorsque les infiltrés tentent de s’emparer d’un plan dévoilant des emplacements piégés, au nez et à la barbe d’un officier nord-coréen sadique et suspicieux, à l’aide d’un montage parallèle efficace. Le film ne fait pas non plus l’impasse sur les scènes d’action avec des fusillades et séquences de guerre bien emballées et généreuses.
Si l’ensemble reste assez naïf dans son déroulement et relativement caricatural dans l’approche des personnages, Memories of War s’avère un très honorable divertissement qui vient prouver à nouveau le savoir-faire des cinéastes coréens en matière de film de genre, qui plus est spectaculaires.
MEMORIES OF WAR
Lee Jae-han (Corée du Sud – 2016)
Genre/Guerre – Interprétation/Liam Neeson, Lee Jung-jae, Lee Bum-soo, Jin Se-yeon… – Musique/Lee Dong-joon – Durée/106 minutes. Distribué par Wild Side (27 septembre 2017).
L’histoire : Septembre 1950. La Guerre de Corée fait rage. Pour contrer l’offensive nord-coréenne, le Général MacArthur organise un débarquement sans précédent sur la plage d’Incheon. Sur place, huit soldats infiltrés dans les rangs nord-coréens ont pour mission de voler les plans de bataille afin de déclencher l’attaque. L’Opération Chromite est lancée… Le cours de l’Histoire est sur le point de changer.
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