[Be Kind Rewind] LA MARIEE SANGLANTE de Vicente Aranda (1972)
Les noces funèbres
Dans le cadre de sa collection “Ciné de Terror”, Artus films permet aux cinéphiles de (re-)découvrir ce film espagnol de 1972 signé Vicente Aranda. La Mariée sanglante est une belle réminiscence de ce qu’était le cinéma fantastique hispanique des années 70. Atmosphérique, langoureux, doté d’éclairs soudains de violence gore et de séquences aux limites du surréalisme, le film de Vicente Aranda dispense un charme vénéneux délectable, auquel il faudra pourtant faire l’effort d’adhérer.
Le cinéaste espagnol livre là une nouvelle version du roman Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu, qui avait déjà servi d’inspiration à de nombreuses œuvres, parmi lesquels le Dracula de Bram Stocker. Les vampires y sont donc présents, sans jamais afficher les signes attendus (canines pointues, crucifix, ail et compagnie…) Car davantage que des vampires, ce sont plutôt les spectres et autres fantômes qui hantent La Mariée sanglante. Les non-morts rodent dans les environs du manoir familial accueillant la jeune et jolie Susan (magnifique Maribel Martin) et son mari (énigmatique Simon Andreu). Alors que la jeune femme présente d’évidents signes d’anxiété liés au passage à l’acte sexuel avec son mari, des visions étranges viennent bouleverser sa perception de la réalité, et par la même occasion, celle du spectateur.
Des cauchemars violents dans lesquels elle se voit assassiner son mari, ainsi que les apparitions d’une étrange femme voilée, ajoutées à la découverte d’une sombre et ancienne histoire d’assassinat brouillent progressivement les repères de la jeune femme. La frontière entre imaginaire et réel devient alors de plus en plus difficile à discerner alors que l’histoire avance. Suzan est-elle folle ? Vicente Aranda joue avec le spectateur, brouillant sa perception de la réalité au même titre que celle de son personnage principal, dans une approche qui peut faire songer à Hitchcock (Vertigo, Rebecca). Gothique à souhait, La Mariée sanglante renvoit également aux films de la Hammer, mais aussi au Français Jean Rollin pour ces corps de femmes dénudés, fantomatiques et énigmatiques dans la nature…
La captive
La Mariée sanglante est une belle variation sur le thème du vampirisme, auquel le cinéaste espagnol ajoute une touche d’érotisme prononcé, mais jamais gratuit car découlant d’un des arguments principaux de son intrigue (voir à ce sujet un raccord osé sur la pilosité d’une des actrices/doublures).
Bien que très atmosphérique et vaporeux, le film dispose néanmoins de séquences fortes et perturbantes, toutes liées à la condition féminine. La description du portrait de Susan, est celle d’une femme soumise, craintive face à la domination masculine. Trouvant réconfort auprès des autres personnages féminins du film, notamment l’étrange Carmilla ou la jeune Carol, elle s’émancipe peu à peu, à mesure qu’elle sombre dans la folie (?)… Un meurtre cauchemardesque particulièrement sanglant, une femme retrouvée ensablée vivante sur la plage… sont autant d’images étonnantes au service de ce film qui se permet beaucoup de choses. Jusqu’à un final qui s’achèvera dans un déluge de sang, les créatures de la nuit piégées succombant, même si le mal ne meurt jamais réellement…
LA MARIEE SANGLANTE
Vicente Aranda (Espagne – 1972)
Genre Epouvante – Interprétation Maribel Martin, Simon Andreu, Alexandra Bastedo… – Musique Antonio Pérez Olea – Durée 98 mn. Distribué par Artus Films.
L’histoire : Venant d’épouser un jeune aristocrate, Susan vient vivre dans le manoir familial. De nature très prude, elle est peu à peu la proie d’horribles cauchemars, mêlant violence et volupté. Ses peurs sont décuplées quand elle apprend l’histoire tragique de Carmilla, une ancêtre de la famille, ayant trucidé son mari à coups de poignard. Un jour, son mari découvre une jeune femme enterrée sur la plage. Cette dernière, qui se dit s’appeler Carmilla, étend son pouvoir et son emprise sur Susan…
Formellement c’est vraiment très étonnant, je trouve.
Artus continue de nous offrir de la très très belle came !!!
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Longue vie à Artus ! 😉
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