[Critique] WOLFCOP de Lowell Dean

Wolfcop

WolfcopEt si on partait faire un tour au Canada, dans la province anglophone du Saskatchewan. Car le Canada, c’est bien connu, est une immense terre à la fois sauvage et très accueillante où il fait bon vivre, ses habitants sont réputés pour être joviaux et généreux et leur sérénité est garantie par une sécurité policière des plus efficaces…. Le réalisateur Lowell Dean nous le prouve avec son deuxième film (après 13 EERIE) Wolfcop et son flic de choc, un certain Lou… Garou.
Un mot sur l’histoire… Lou a tout du flic raté, plus alcoolique à temps plein que représentant de la loi à vrai dire, son bureau à lui, c’est le comptoir du pub de la pittoresque petite bourgade canadienne, son chef, la barmaid sexy a qui il aimerait bien passer les menottes afin de lui lire ses droits à sa manière et son carnet de note, sa fiole de whisky toujours bien remplie. Mais Lou sent bien que sa déliquescence croissante le desserre aux yeux de ses concitoyens et va tout faire pour se repentir et devenir le protecteur dont la ville a besoin. Tout va donc basculer un soir de routine, alors qu’il est appelé pour un tapage nocturne dans la forêt du coin, il va se retrouver dans un guet apens. Il se réveillera le lendemain avec une gueule de bois pas comme les autres. Quelque chose ne tourne pas rond, d’ailleurs ses sens sont décuplés et son torse est marqué d’une lacération en forme de croix satanique. Il apprendra rapidement qu’il est atteint d’une lycanthropie aiguë. Il est bien décidé à en profiter pour devenir le justicier dont il a toujours rêvé, faire régner la loi et imposer ses règles. Surtout, il va méchamment s’en prendre à ses « créateurs »….

Wolfcop

Rejeton du bis des années 80

Un mot sur la mise en scène… En théorie, vu son pitch, Wolfcop a tous les ingrédients du nanar assumé, fun, grotesque, graphiquement baclé…. Mais il est au final un rejeton fauché du bis hyper référencé des années 80. Techniquement, il n’est pas aussi mal fichu que ce que l’on pourrait penser. Il fonctionne clairement à l’économie, ce qui ne l’empêche pas de nous gratifier de quelques idées assez malines pour passer outre le budget. Pour exemple probant, la transformation de Lou en…garou. Il n’est pas évident de parler de pastiche du Loup-Garou de Londres pour ne citer que lui, il lui emprunte les échelles de plans et des coupes acérées. Graphiquement, ces séquences tiennent la route (car représentatives des années 80 !!), toutes les séquences gores sont par ailleurs intéressantes dans leurs démonstrations Grand Guignol mais néanmoins assez subtiles, sans surenchère d’hémoglobine (elles me font penser à plusieurs titres évocateurs, mais je retiendrai Killer Klowns from outer space, …), même si il est plutôt inutile pour l’histoire de revoir l’intégralité de la transformation dans chacune des scènes… Cela ressemble évidemment à un aveu d’impuissance scénaristique et Lowell Dean gagne clairement du temps pour avancer dans son récit sans avoir à argumenter certains nœuds dramatiques (l’histoire autour du père de Lou et de celui de sa collègue, la secte satanique et les étranges secrets de la ville) et développer les personnages secondaires (sa collègue Jessica, le chef du gang, son ami Willie…), ce qui aurait donné davantage de volume à l’intrigue. De l’irrégularité de sa mise en scène découle une direction d’acteurs ambivalente où se superposent des phases de jeu dont la dramatisation est soutenue voire… pertinente et d’autres très ubuesques. Le manque d’argent n’est donc pas LE prétexte des défauts évitables du film.

Wolfcop

Des influences évidentes

Compte tenu, sur l’ensemble du métrage (75 min), de la multiplication des plans très courts et saccadés s’enchaînant dès les premières minutes à un rythme percutant, limite épileptique, Dean, à la faveur d’un budget pas tant anémique que cela (on parle d’un million de dollars gagné à un concours …), se permet de piquer à raison quelques éléments de mise en scène, voire des scènes de ses films préférés (car il faut bien balancer ses influences) comme Robocop, L’inspecteur Harry (pour son gros flingue) et une autre référence plus contemporaine et européenne… Hot Fuzz ? Non ?…Hummm… il y a de l’idée… Bref, tout ça pour admettre qu’il fallait bien meubler un script décousu, manquant de viscères, on passera volontiers sur les scènes de combats mano-à-mano méprisables qui dénotent honteusement avec les scènes gores bien rythmées, correctement cadrées et très fun… Il est en revanche bien dommage de réduire cette société secrète composée de sorciers/métamorphes lézardeux et leur funeste chasse au loup-garou lors d’une éclipse totale à un vulgaire prétexte pour créer un personnage sympathique et attachant. Dommage de ne pas avoir plus matière, l’histoire de cette vieille tradition de deux cent ans, dans cette mystérieuse bourgade du fin fond du Canada et cette relation entre la bête et le groupe sectaire auraient mérité un meilleur sort. Globalement, Lowell Dean fait le boulot et sa direction d’acteur (qui n’inclue pas la performance d’acteur) est plutôt palpable. Il a su proposer un montage cohérent de l’ensemble en y glissant intelligemment quelques idées généreuses.
Un mot sur la musique… Et bien Wolfcop, en plus d’être cool à voir, nous délivre quelques jolies mélodies. Composée et interprétée par le Groupe de Heavy Metal, Shooting Guns, l’univers se situe entre John Carpenter et Black Sabbath. Dean sait très bien où il va et avec qui. Ses influences ne sont pas là pour nous déplaire…

Wolfcop

Saga « oldschool/nouvelle génération »

Un dernier mot et puis je m’en vais… On dit souvent (trop) que, contrairement aux blockbusters, ces pelloches sont des œuvres « pleinement » assumées, pour mieux défendre leurs réalisateurs, que les défauts les plus visibles et criants viennent essentiellement d’une fougue incontrôlée et spontanée. Seulement, les films d’aujourd’hui ne se tournent plus de la même façon qu’il y a 35 ans, les contraintes de temps ne sont plus les mêmes, la technique a grandement évolué, plus pointue et accessible et le spectateur/producteur, financement participatif oblige, est bien plus critique sur les détails de mise en scène et devient intransigeant sur la narration. Néanmoins Lowell Dean ne trompe personne, il rend un hommage vrai à une période clé de l’histoire de la série B, il est révérencieux envers ses pères et fait plaisir au spectateur assidu du genre comme à l’apprenti bisseux… Attendons quelques mois, et si Wolfcop 2 nous délivraient ses petits secrets…?! Oui, Wolfcop est en passe de devenir une saga incontournable de la comédie-horrifique « oldschool/nouvelle génération » et n’est donc pas, au sens historique du terme, un nanar en puissance. Voilà mes chums, j’espère que vous avez pris ben ben du fun à m’lire…J’m’en vais m’pogner dans ma douillette un soir de pleine lune là, je suis à boutte !


WOLFCOP
Lowell Dean (Canada – 2014)

Note : 3Genre Epouvante-Horreur – Interprétation Amy Matysio, Jonathan Cherry, Sarah Lind… – Musique Shooting Guns – Durée 75 minutes – Distribué par Factoris Films (sortie en DVD le 2 juin 2015).

L’histoire : Lou Garou est un flic alcoolique qui a pris pour habitude de se réveiller dans les endroits les plus improbables avec une sérieuse gueule de bois. Rien de très surprenant en fait, jusqu’au jour où les scènes de crimes sur lesquelles il est appelé à enquêter commencent à lui sembler bien familières. Il réalise en outre que sa vue, son ouïe et son flair, ou plus exactement son odorat, sont tout à coup décuplés. Ayant compris qu’il est atteint de lycanthropie galopante, Lou Garou va tenter de devenir un homme meilleur le jour alors qu’il est un animal la nuit…


Critique réalisée en partenariat Cinétrafic, qui propose des listes de films hyper cool à ne pas manquer.

Par Simon Blanchemain

Rédacteur sur Obsession B. Passionné de cinéma de genre (américain avant tout) des années 80 et 90, Simon est nostalgique des œuvres de Lynch, Friedkin qui lui ont apporté le plus d’émotions, Ridley Scott ou James Cameron pour les plus spectaculaires. En remontant le temps, ses chocs en terme de cachet esthétique et narratif, sont NOSFERATU de Murnau et LA NUIT DU CHASSEUR de Laughton. Puis, il y a la découverte de Georges A. Romero qui lui ouvre les yeux sur ce que le cinéma apporte à nos sociétés en matière d’analyse, de comportement humain et sur tout ce qui nous confronte au quotidien. Simon est également ouvert aux propositions des Cuaron, Nolan, Bong Joon-ho et aux indépendants comme Jeff Nichols. Mais il vibre surtout pour un élément vital du septième art, sans quoi la vie d’un homme n’en serait que plus terne d’ailleurs, la « Femme » au cinéma…
Contact : namshou@gmail.com

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