TOP/FLOP de l’année 2015 (1ère partie)

par Nicolas Mouchel

Comme partout, c’est l’heure du bilan sur Obsession B. Bilan d’une année 2015 riche du point de vue cinématographique, qui aura offert des films aussi réussis que variés, entre hommages respectueux, et renaissance d’une saga culte, comme tente de l’illustrer (modestement) le Top/Flop suivant… Enjoy and Happy New Year 2016 !

Par ordre croissant d’amour fou :

– CRIMSON PEAK de Guillermo del Toro

Crimson Peak

Cinéaste au talent et à la générosité indéniables, Guillermo del Toro bénéficie d’un capital sympathie évident et mérité, qui prend souvent le pas sur la qualité de ses œuvres. Que les choses soient claires : Del Toro n’a jamais raté un seul film (même Mimic est diablement intéressant), pour autant, il serait exagéré de les considérer comme inattaquables. Après un Pacific Rim dont le cœur et la générosité débordante ne gommaient pas les trous béants du scénario et des personnages assez vides de substance, le cinéaste mexicain troquait les robots géants pour le manoir et l’intrigue gothiques de son Crimson Peak. Et de toute évidence, on préfère la patte horrifique de Guillermo Del Toro que ses combats bruyants de méchas. Doté d’une direction artistique somptueuse, avec des décors impressionnants et une photo renversante, Crimson Peak décrit avec bonheur et respect une relation amoureuse impossible, dans un contexte hanté par les fantômes du passé. Le film est la plus belle et la plus touchante des relectures des chefs-d’œuvre de Mario Bava et de la Hammer. En dépit de quelques réserves liées aux effets numériques pas toujours très convaincants et un scénario peut-être trop respectueux de ses influences, Crimson Peak est un éblouissement gothique pour les yeux.

– GOODNIGHT MOMMY de Severin Fiala et Veronika Franz

Goodnight Mommy

Petite sensation de festivals, l’Autrichien Goodnight Mommy a fait son effet sur les spectateurs rompus aux frissons opportunistes des productions horrifiques de ces dernières années. Les réalisateurs Severin Fiala et Veronika Franz renouent avec une veine angoissante et paranoïaque d’un certain cinéma de l’étrange des années 60/70, évoquant des œuvres comme Le Locataire ou Rosemary’s Baby de Roman Polanski, tout autant que la froideur clinique et perverse d’un Michael Haneke. Film sur l’enfance, dans lequel des jumeaux s’interrogent sur l’identité réelle de leur mère de retour d’un accident le visage bandé, Goodnight Mommy explore également une notion aussi forte que le deuil, avant de s’achever dans une violence dérangeante qui marque l’esprit… Et ce malgré un twist final un peu trop évident et prévisible.

– MAD MAX : FURY ROAD de George Miller

Mad Max : Fury Road

Attendu depuis des lustres, mis au placard, puis ressorti au gré de la valse des projets avortés de son créateur George Miller, Mad Max : Fury Road est enfin devenu réalité en l’an de grâce 2015. Et c’est avec une fureur logique et tributaire d’une attente considérable que le quatrième volet de la franchise ayant propulsé Mel Gibson au sommet a déboulé sur les écrans, laissant l’essentiel des spectateurs la langue pendante, les yeux écarquillés et la bave aux lèvres… C’est bien simple : Fury Road est encore meilleur que ce que les fans attendaient depuis des lustres. Réussissant le pari de renouer avec les ingrédients connus de la saga, tout en lui adjugeant l’emballage cinématographique permis par la technique d’aujourd’hui, ce quatrième opus est un gigantesque ballet rock visuel et sonore, une longue course-poursuite de plus de deux heures aussi éreintante pour le personnage dorénavant interprété par Tom Hardy que pour les spectateurs, mais tellement grisante que l’évidence s’impose là : George Miller a réussit à implanter à nouveau sa saga post-apocalyptique au premier plan dans l’inconscient collectif, là où tant d’autres créateurs d’univers ont échoué… Respect !

– SICARIO de Denis Villeneuve

SICARIO de Denis Villeneuve

Avec Sicario, le cinéaste canadien Denis Villeneuve (Prisoners, Enemy) poursuit son bonhomme de chemin cinématographique, sans jamais se répéter dans le propos ni dans le genre. Il s’attache cette fois à suivre un groupe d’enquêteurs spécialisés dans le trafic de drogue à grande échelle, traquant sans relâche les têtes pensantes des cartels d’Amérique Centrale et du Sud. Sicario est âpre, tendu et brutal, brut de décoffrage dans son approche d’un sujet qui peut pourtant vite sombrer dans le cliché, et pourtant pensé dans ses moindres détails pour offrir au spectateur une expérience de cinéma dont ce dernier risque de se souvenir très longtemps.

Lire la critique

– IT FOLLOWS de David Robert Mitchell

It Follows

Sorte d’aboutissement génial du slasher et dans le même temps œuvre séminal du genre, It Follows embrasse tant dans son fond que dans sa forme les codes tant de fois utilisés et rabâchés dans le cinéma d’horreur, mais en les magnifiant d’une maîtrise implacable. Beau film sur l’adolescence, It Follows reste également un grand film d’horreur, un de ceux qui ne prennent pas le genre par-dessus la jambe mais le font grandir. Il suscite l’angoisse puis la terreur sans avoir recours à des artifices superflus. Une réussite presque insolente…

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Mais encore…

Sans oublier les folles ressorties sur grand écran du sauvage Sorcerer de William Friedkin et de l’esthétisant A Touch of Zen de King Hu. Deux (re-)découvertes majeures. Des petites pépites inattendues également dans le genre du film d’animation avec le gothique et macabre Extraordinary Tales de Raul Garcia, qui revisite superbement les écrits d’Edgar Allan Poe, et Le Petit Prince de Mark Osborne, relecture aussi audacieuse qu’ambitieuse des écrits de Saint-Exupéry, qui met à l’amende la plupart des productions animées sorties durant l’année. Niveau séries, mention également à la sublime (mais déprimante) première saison de The Leftovers

Extraordinary Tales de Raul Garcia

Extraordinary Tales de Raul Garcia

Plich, plaf… Flops

Au rayon des Flops, on ne sera pas étonné de retrouver des productions de Jason Blum comme Ouija, The Lazarus Effect ou encore le troisième chapitre d’Insidious, une série qui avait si bien débuté, mais qui n’a, semble-t-il, plus grand chose d’intéressant à raconter. On retiendra également l’ultime volet d’Hunger Games, trop long, trop bavard, trop tout… Et dans un registre diamétralement différent, les deux derniers Pixar, Vice Versa et Le voyage d’Arlo, qui, chacun à leur façon, sont, à mon sens, des déceptions (l’un trop ambitieux, l’autre pas assez…)

Insidious 3

Insidious – Chapitre 3

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

3 Comments on TOP/FLOP de l’année 2015 (1ère partie)

  1. Aucune désaccord sur les top !
    En revanche, mettre le plus beau film de l’année dans les flops et pour excès d’ambition, en prime, ça, c’est criminel…

    Aimé par 1 personne

  2. Je n’ai pas vu Goodnight Mommy ni Sicario mais j’en ai entendu beaucoup de bien, je vais y jeter un coup d’oeil.

    D’accord pour les autres de ton top. Je n’avais plus pensé à Crimson Peak en écrivant le mien, mais ce que tu dis résumes bien mon avis (enfin je pense!) par rapport à l’oeuvre de Guillermo del Toro. Je suis fan, mais pour moi il est (devenu?) un faiseur d’ambiance extraordinaire, au détriment de ses intrigues. Celle de Pacific Rim était pour moi d’une faiblesse ahurissante, et celle de Crimson Peak est vraiment très/ trop convenue (« respectueuse de ses ancêtres »).

    Par contre, je vois ce que tu veux dire par « trop ambitieux », mais comme Thomas Foxart, je te jette la pierre pour Vice-versa. J’ai trouvé que ça manquait un peu de tension, mais ça reste quand même l’un des pixars les plus intéressants.

    Aimé par 1 personne

  3. J’admets volontiers que placer Vice Versa dans les Flops est peut-être un poil exagéré, car le film est de qualité, mais… j’estime que tous les paris, toutes les ambitions esquissées dans le film ne sont pas complètement tenus et exploitées. Sans parler d’un problème de rythme, et du niveau d’exigence hautement placé auquel Pixar nous a habitué (moins ces dernières années). Pour moi, Vice Versa reste donc une semi-déception. Mais ce n’est que mon ressenti personnel 😉

    Aimé par 1 personne

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