[Série TV] NIGHT GALLERY (Saison 1) de Rod Serling

On ne présente plus Rod Serling. Scénariste de génie ayant œuvré sur deux films aussi puissants et mythiques que Sept jours en mai de John Frankenheimer (1964) ou La Planète des Singes de Franklin J. Schaffner (1968), Serling est avant tout et à jamais le créateur et la tête pensante de la célébrissime série télévisée La Quatrième dimension. Après la fin de la diffusion du show en 1964, Rod Serling ne s’est pas tourné les pouces puisqu’il a entamé la création d’une nouvelle série, moins connue, intitulée Night Gallery. Si La Quatrième dimension baignait dans un univers de science-fiction, Night Gallery se veut davantage tournée vers le fantastique et l’épouvante. Auteur de la plupart des scénarios de cette nouvelle série, Rod Serling a également adapté plusieurs récits d’écrivains célèbres dans le genre, comme Lovecraft ou Van Vogt. Il joue également à nouveau le rôle du narrateur en introduisant chaque épisode comme il le faisait déjà dans La Quatrième dimension. Une marque de fabrique, une signature, qu’il situe cette fois, au sein d’une énigmatique galerie d’art, présentant des peintures, toutes aussi étranges les unes que les autres, et qui se réfèrent chacune à une histoire.
Cette première saison s’ouvre sur trois épisodes composant un pilote diffusé en 1969. The Cemetery, Eyes et The Escape route font office de superbe entrée en matière puisque les trois segments sont réalisés par des réalisateurs de talent. Si Boris Sagal (Le Survivant, avec Charlton Heston, 1971) et Barry Shear sont des habitués du petit écran, le jeune Steven Spielberg y fait alors ses armes avec l’excellent Eyes. L’épisode suit une Joan Crawford aveugle, tenter une opération de la dernière chance afin de pouvoir recouvrer la vue pour un temps limité. D’une ambition formelle et d’une maîtrise époustouflantes, déjà annonciatrices du talent et des grandes œuvres futures du réalisateur des Dents de la mer, Eyes s’impose, au côté des deux autres segments de ce premier jet, comme un petit bijou de récit condensé.
98 épisodes et trois saisons
La suite de cette première saison est, comme souvent, assez inégale, mais pourtant d’une bonne qualité globale. Les épisodes, d’une durée variable, ne disposent pas d’une mise en image aussi aboutie que les trois premiers segments, même si l’on retrouve à la manœuvre des réalisateurs doués comme Jeannot Szwarc (Les dents de la mer – 2e partie) ou Don Taylor (L’île du Docteur Moreau). Néanmoins, chacun bénéficie d’un scénario portant la patte de Rod Serling, cette adroite façon d’explorer des concepts aussi étranges et divers que la poupée maléfique (The Doll), l’ombre d’une défunte qui refuse de s’effacer (Certain shadows on the wall), la maison hantée (The house), les récits spatio-temporels (The little black bag), ou encore la malédiction d’un naufragé perpétuel (Lone Survivor)… Leur point commun : à l’image de La Quatrième dimension, et en parallèle d’une coloration fantastique plus ou moins importante, Rod Serling injecte un regard acerbe et pertinent sur la société qui l’entoure, et ancre ses récits dans leur époque (le début des années 70). C’est ce qui fait une fois encore, la richesse et la réussite de l’entreprise. Le casting y est également de premier choix puisqu’on y découvre des stars sur le déclin (Joan Crawford), mais également de jeunes acteurs prometteurs (Larry Hagman, Diane Keaton, Martine Beswick, Roddy McDowall…)
La série s’arrêtera malheureusement en 1973 après seulement trois saisons et 98 épisodes. Bien que bénéficiant d’une renommée incontournable dans l’univers du petit écran, Rod Serling n’a semble-t-il pas bénéficié des coudées franches dans la conception de cette nouvelle série. Beaucoup moins connue que sa grande sœur La Quatrième dimension, Night Gallery reste néanmoins un show de grande qualité et une oeuvre très attachante car toujours pertinente dans son propos et honnête envers le genre qu’elle illustre.
NIGHT GALLERY (Saison 1). De Rod Serling (USA – 1969).
Genre : Fantastique. Scénario : Interprétation : Rod Serling, Roddy McDowall, Martine Beswick, Joan Crawford, John Astin, Agnes Moorehead, Diane Keaton, Larry Hagman… Musique : Billy Goldenberg et Robert Prince. Durée : 400 minutes. Disponible en DVD et Blu-Ray le 15 octobre 2015 chez Elephant Films (Page Facebook).
L’histoire : Soyez les bienvenus pour cette exposition privée de tableaux, présentés ici pour la toute première fois ! Chacune de ces œuvres est unique en son genre, non pas en raison de sa qualité artistique, mais parce que chaque peinture capture un instant précis dans sa toile, un moment prisonnier à la fois du temps et de l’espace, une situation de pur cauchemar…
Chronique en partenariat avec Ciné Trafic, qui propose les meilleures séries et les meilleurs films fantastiques.
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