[Série TV] FEAR THE WALKING DEAD (Saison 1) de Dave Erickson
L'éternel retour des morts-vivants...
Pas rassasiés par un comics à la parution régulière et une série télévisée qui explose l’audimat, les créateurs de The Walking Dead ont décidé d’ajouter un arc supplémentaire à leur mythologie en contant les origines de l’apocalypse zombie au sein du spin-off Fear the Walking Dead. Cerise sur le gâteau ou overdose de viscères ?
Suite à l’immense succès populaire de la série The Walking Dead, l’éclosion de nombreux dérivés, tant télévisuels que cinématographiques ou littéraires, a tôt fait de saturer un sous-genre qui a pourtant déjà eu son heure de gloire (et sa déchéance) à l’époque des chefs-d’oeuvre de Georges A. Romero et consorts. Pourtant, aujourd’hui encore, on continue de nous gaver jusqu’à l’écoeurement d’invasions de morts-vivants à l’écran. Les créateurs de The Walking Dead y vont eux-mêmes de leur nouvelle pierre à l’édifice avec Fear the Walking Dead… Les six épisodes qui composent la première saison de ce spin-off ont été initialement conçus pour nous exposer l’origine du mal qui a conduit à la multiplication des zombies et à l’extermination de la population. Un préquel qui se voudrait donc matriciel et porteur de réponses aux nombreuses questions posées dans la série d’origine. Parce que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Robert Kirkman, grand manitou de la mythologie Walking Dead, est à nouveau à l’écriture, aidé d’une flopée de scénaristes qui nous présentent un nouvel environnement (Los Angeles) et de nouveaux personnages (une famille recomposée à la stabilité fragile, qui servira d’identification et de témoins principaux des événements). Une cellule familiale dont les auteurs vont s’appliquer à souligner la vibrante humanité, comme pour la différencier du côté bestial et violent qui caractérise les personnages de “l’autre” série.
Humans Vs Zombies
La différence affirmée pour légitimer cette première saison, vole pourtant vite en éclat au fur et à mesure que les épisodes avancent. Sur des bases similaires à TWD, qui voit les personnages prendre le temps de vivre, d’afficher leurs faiblesses, leurs conflits moraux et de se développer sous nos yeux, FTWD ne progresse pas à un rythme infernal, tout au moins en terme d’action. Ceux qui reprochent aux six saisons de TWD de se perdre en palabres risquent d’être servis ! Regards perdus dans le vide, échanges existentiels, instantanés sur la difficile vie d’ado, détresse d’une mère face à l’adiction aux drogues de son fils… Les auteurs ne s’épargnent rien pour humaniser leurs personnages et en faire des spectateurs lambda de l’horreur qui va surgir. L’accumulation est à la limite de l’indigeste et beaucoup trop stéréotypé pour surprendre.
Si la série prend son temps pour humaniser ses personnages (quand bien même on ne s’y attache à aucun moment), il n’en est pas de même pour la progression de l’intrigue qui, pour le coup, avance à toutes berzingues. En six épisodes, la série passe d’une situation (quasi) normale de la vie quotidienne, à une situation déjà alarmiste de fin du monde. Premier constat d’échec, les curieux désirant s’enquérir du pourquoi du comment de l’épidémie vont en être pour leurs frais. Peut-être que les saisons suivantes seront plus éclairantes, mais en l’état, cette première livraison ne donne aucune explication. Le spectateur accompagne les protagonistes face à l’arrivée progressive des zombies, sans en apprendre davantage, et avec cette désagréable sensation d’en savoir beaucoup plus qu’eux, qui finit par desservir l’intérêt de la série. D’autant que cette première saison use de ressorts scénaristiques similaires aux ficelles de TWD : une menace, le regroupement des personnages en vase clos, le simulacre d’une vie presque équilibrée, la cohabitation difficile, la découverte d’un complot, la fuite, la perte d’un ou deux personnages principaux… Rien de neuf au pays des zombies ! Si l’on ajoute à cela des personnages assez grossièrement dépeints (le père de famille non agressif, qui subit les événements, en opposition au rôle de leader évident de Rick Grimes dans TWD), interprétés par un casting dont le charisme des uns et des autres est encore à prouver (même s’il faudra évidemment attendre les autres saisons pour les voir se développer), on obtient un show à la pertinence assez douteuse, qui n’exploite (pour le moment) pas réellement le potentiel qui était le sien à l’origine.
A deux vitesses…
Après trois premiers épisodes à l’immobilisme inquiétant, l’action s’emballe enfin pour la deuxième moitié de la saison. Problème : on a de nouveau l’impression d’être devant TWD, avec ce groupe de survivants cherchant à échapper aux zombies, car jamais Kirkman et ses coscénaristes ne parviennent à élever le show au-delà de la simple photocopie. A ce titre, l’utilisation de l’immensité de la ville et de son urbanisme potentiellement riche en possibilités, entité assez peu exploitée au demeurant dans une série originelle plutôt campagnarde, est proche du néant puisque les personnages sont continuellement enfermés, cloîtrés… Les échos avec TWD deviennent tellement évidents, que l’on se demande ce que va bien pouvoir raconter d’original la saison suivante, alors que l’on rattrape dangereusement un contexte et une situation proches de ceux vécus par Rick Grimes et sa bande.
Alors que l’on ne peut toujours pas, aujourd’hui, s’empêcher de pointer du doigt le caractère assez inégal de The Walking Dead, qui alterne depuis maintenant six saisons, moments d’anthologie et longs tunnels scénaristiques, ce qui pose encore la question de savoir s’il s’agit d’une “grande” série, on ne peut négliger l’impression forte qu’elle parvient à insinuer dans l’esprit du téléspectateur. En l’état, Fear the Walking Dead – Saison 1 est très loin de ce constat. Ce n’est pas une mauvaise série en soi, elle comporte même quelques bons moments, les amateurs pourraient bien y trouver leur compte, mais elle a le lourd désavantage de sortir bien après sa grande sœur et surtout dans la continuité de toutes les œuvres dédiées au sous-genre qui nous inondent depuis tant d’années. Et cette saison 1 ne tire de toute évidence, pas son épingle du jeu… Un non-événement.
FEAR THE WALKING DEAD (Saison 1)
Dave Erickson (USA – 2015)
Genre Horreur – Réalisateurs Adam Davidson, Kari Skogland, Stefan Shwartz – Interprétation Kim Dickens, Cliff Curtis, Frank Dillane, Alycia Debnam-Carey… – Musique Paul Haslinger – Durée 10 épisodes – 270 minutes – Distribué par Universal.
L’histoire : Une mystérieuse épidémie se déclare soudainement à Los Angeles, menaçant le semblant de stabilité que Madison Clark, conseillère d’orientation dans un lycée et son compagnon le professeur d’Anglais Travis Manawa, étaient parvenus à restaurer au sein de leur foyer. Face au danger, les habitants sont alors retranchés dans un quartier verrouillé de la ville, où la famille de Madison doit accueillir des inconnus.
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