[Critique] KENSHIN LE VAGABOND de Keishi Otomo

Il était une fois au Japon...

KENSHIN LE VAGABOND de Keishi Otomo
KENSHIN LE VAGABOND de Keishi Otomo

Véritable phénomène chez les amateurs de manga, tant au Japon qu’en France, Kenshin le vagabond a très vite franchi les barrières du petit écran dans les années 90 avec plusieurs séries télévisées et films d’animation. C’est donc fort logiquement que l’oeuvre de Nobuhiro Watsuki a fini par être adapté sur grand écran avec trois films sortis depuis 2012 au Japon. Aujourd’hui, le premier volet de cette transposition en live débarque en France en vidéo. Et c’est une bonne surprise.
A la fin du XIXe siècle, sous l’ère Meiji au Japon, Kenshin est un samouraï redoutable et redouté, connu sous le nom de “Battosai” (l’assassin), qui a cessé de tuer à l’issue de la guerre où il combattait au côté de l’empereur. Désormais, sous couvert d’anonymat, il parcourt les routes pour tenter de faire le bien autour de lui, doté de son sabre à la lame inversée. La trame assez classique de Kenshin le vagabond perpétue la tradition du film de samouraï et de combats au sabre, le Chambara, plus trop en odeur de sainteté sur les écrans ces dernières années. Et c’est bien dommage, tant le genre s’avère souvent spectaculaire et jouissif, donnant lieu à des œuvres au fort potentiel populaire. En adaptant le manga de Nobuhiro Watsuki, le réalisateur Keishi Otomo tente de renouer avec cette tradition du film de sabre dans ce qu’elle a de plus spectaculaire, respectant les codes et l’héritage du genre.

Double némésis

Kenshin le vagabond reste relativement fidèle à son matériau d’origine, puisque cinq des 28 volumes du manga sont convoqués pour nourrir cette adaptation au cinéma. Le samouraï à la cicatrice en croix sur la joue va avoir fort à faire puisque deux adversaires de taille se dressent face à lui : le vil Kanryuu Takeda, homme d’affaires sans scrupule qui contrôle la pègre locale d’un côté, et un mystérieux assassin semant la terreur en usurpant l’identité de Battosai de l’autre. Au sein d’un Japon de l’ère Meiji reconstitué avec force de détail et de brio à l’écran, le film d’Otomo flatte tout d’abord la rétine avec de splendides images magnifiquement photographiées, et offrant une porte d’entrée idéale au spectateur (connaisseur du manga ou non). Certes, il s’agit d’une grosse production, mais l’abondance de moyens ne joue ici jamais en défaveur de la mise en scène, particulièrement inspirée. Tant dans sa direction artistique que dans son approche des combats, le film évoque ainsi fréquemment des chefs d’oeuvre de Tsui Hark comme, toutes proportions gardées, la saga Il était une fois en Chine, ce qui n’est pas rien.

Des combats à couper le souffle

Évidemment, les scènes de combat sont au centre des attentions, et elles ne déçoivent pas. Bien moins virevoltantes que leurs cousines du Wu Xia Pan, et donc quelque part, plus réalistes, elles sont chorégraphiées avec le plus grand soin, et restent toujours d’une lisibilité à toute épreuve. Filmées en alternance de plans larges et rapprochés, découpées de manière très efficace, bénéficiant d’une belle ampleur et ne lésinant pas sur les poses iconiques, les séquences d’action valent clairement le détour et font honneur au genre, avec en bouquet final, un long combat éreintant et spectaculaire. Dans le rôle titre, Takeru Satoh (Real de Kiyoshi Kurosawa) fait valoir de belles capacités physiques et martiales, même s’il se montre un peu plus limité dans son jeu de comédien.
Au rayon des faiblesses, le film peine à maintenir un rythme tendu sur sa durée de plus de deux heures, et quelques tunnels de dialogue font retomber l’enthousiasme généré par le reste du métrage. Une tare qui n’entache cependant pas la bonne tenue générale de cette adaptation de Kenshin le vagabond qui a littéralement cartonné au box office japonais, engendrant deux suites qu’il nous tarde désormais de découvrir en France…

Note : 3.5 sur 5.
KENSHIN LE VAGABOND
Keishi Otomo (Japon – 2012)
Genre Action/Chambara – Avec Takeru Satoh, Emi Takei, Koji Kikkawa, Yu Aoi, Munetaka Aoki… – Musique Naoki Sato – Durée 134 minutes – Distribué par Metropolitan.
Synopsis : Dans un monde plongé dans le chaos, un vagabond doté d’une incroyable dextérité tente de protéger un idéal. Armé d’un sabre à lame inversée qui ne peut plus tuer, ce combattant hors pairs qui se fait appelé Kenshin porte à la joue les cicatrices de son obscur passé…

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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