[Critique] BRAQUEURS de Julien Leclercq
Après trois longs-métrages qui n’avaient pas fait l’unanimité (Chrysalis, L’assaut et Gibraltar), le réalisateur Julien Leclercq persiste dans le cinéma de genre avec Braqueurs, un film policier sec, direct et brutal, qui ne embarrasse pas d’éléments superflus.
Dans la plus pure veine du maître-étalon du genre, Heat de Michael Mann, auquel le film se réfère sans le cacher, Braqueurs suit la descente aux enfers d’une bande de malfrats extrêmement organisés, qui attaquent les fourgons blindés, et qui vont devoir gérer un go-fast pour le compte de dealers. Evidemment, la situation va dégénérer…
Ce quatrième film de Julien Leclercq est une série B qui ménage action et suspense, le tout enrobé d’un emballage dramatique, autour de la personnalité et des proches des braqueurs. Le réalisateur français a de toute évidence voulu proposer un shoot d’adrénaline, en concevant minutieusement ses scènes d’action. Ces moments-clés que sont le braquage du fourgon, l’interception de la voiture chargée d’héroïne ou encore la poursuite finale constituent l’intérêt principal de ce Braqueurs. Désirant coller à une certaine forme de réalité et d’urgence, le réalisateur suit ses comédiens au plus près, à hauteur d’homme, sans les sacraliser, et propose des scènes rythmées, tendues et plutôt maîtrisées. Dans un style direct et proche des personnages, Braqueurs marque des points. Sami Bouajila, fidèle à son habitude, est ultra charismatique en chef de bande et de famille protecteur. Guillaume Gouix est lui aussi très crédible dans la peau du spécialiste des explosifs, qui cherche à mettre sa famille à l’abri du besoin. Les deux hommes traînent derrière eux une détresse évidente qui en font des personnages au fort potentiel dramatique.
Un ride pétaradant
Pourtant, Julien Leclercq et ses co-scénaristes n’exploitent jamais réellement la part sombre de leurs personnages. L’intrigue, ses rebondissements et ses protagonistes, restent globalement des caricatures et du déjà-vue, voire des éléments sans aucune envergure (les personnages féminins notamment). C’est ce qui plombe le film et le différencie du travail beaucoup plus fouillé d’un Michael Mann dans un genre similaire, même si l’on ne peut prêter au cinéaste français une ambition autre que celle d’offrir un ride pétaradant et mouvementé. Braqueurs s’inscrit donc dans la catégorie des bons films d’action, sans plus. Son aspect radical est sa force, c’est aussi sa grande faiblesse, puisque sa sécheresse narrative ne parvient jamais à l’élever au-delà des promesses de son son pitch initial. Ce qui, d’un certain point de vue, peut être considéré comme un gage de qualité, car il ne trahit personne, mais peut également mettre en lumière la banalité d’une telle entreprise. En ces temps de films de genre français ratés ou trop prétentieux, voir une oeuvre brute de décoffrage, réalisée avec envie et foi dans le genre fait néanmoins plaisir à voir.
BRAQUEURS
Julien Leclercq (France – 2016)
Genre Policier – Interprétation Sami Bouajila, Guillaume Gouix, Youssef Hajdi, Kaaris… – Musique Jean-Jacques Hertz et François Roy – Durée 78 minutes. Distribué par M6 vidéo.
L’histoire : Yanis, Eric, Nasser et Frank forment l’équipe de braqueurs la plus efficace de toute la région Parisienne. Entre chaque coup, chacun gère comme il peut sa vie familiale, entre paranoïa, isolement et inquiétude des proches. Par appât du gain, Amine, le petit frère de Yanis, va commettre une erreur… Une erreur qui va les obliger à travailler pour des caïds de cité. Cette fois, il ne s’agit plus de braquer un fourgon blindé, mais un go-fast transportant plusieurs kilos d’héroïne. Mais la situation s’envenime, opposant rapidement braqueurs et dealers…
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