TOP/FLOP de l’année 2016 (4/5)
Quatrième partie de nos TOP/FLOP de l’année 2016 avec les coups de cœur et les coups de griffes de notre rédacteur Olivier Prada. Véritable défricheur de petites perles horrifiques oubliées ou quasi-confidentielles, amateur de cinéma déviant et grand spécialiste de la pelloche transalpine, Olivier livre un bilan qui sort des sentiers battus et logiquement placé sous le signe de la découverte et la curiosité. Merci à lui !
Mes TOP 2016 par Olivier Prada
- ATROZ de Lex Ortega
Déjà remarqué lors de sa participation au film à sketchs Mexico Barbaro (2014) le réalisateur Lex Ortega frappe fort, avec son premier film. Non content de réinventer un genre en fin de vie, le found-footage, par l’exploration de différents formats vidéo, Atroz (soit le prolongement longue durée d’un court-métrage de 2012 du même nom du réalisateur) s’impose de plus comme le métrage le plus jusqu’au-boutiste en terme de violence tourné cette année. L’ensemble est saupoudré d’un zeste de critique sociale, achevant de conférer à Atroz une réelle consistance.
- THE WITCH de Robert Eggers
Dans la tourmente des shaky cams et des jum-scares putassiers, il est rassurant de constater que certains films de genre arrivent toujours à créer une atmosphère propre et à raconter une histoire qui se tienne. The Witch, premier film de Robert Eggers, est de ceux là. Aussi adulé que décrié, et desservie par une promo désastreuse l’ayant fait passer pour ce qu’il n’est pas (un film d’horreur), The Witch constitue un conte noir captivant. Doté d’une ambiance atmosphérique et naturaliste saisissante, il explore autant de thèmes fascinants que notre rapport au mal ou encore le mariage de la déraison et de la foie. Disposant en outre d’un excellent casting (mention spécial à Anya Taylor-Joy et Harvey Scrimshaw), The Witch constitue une vraie surprise dans le domaine du fantastique.
- FRANCESCA de Luciano et Nicolas Onetti
A l’inverse des expérimentations du couple Cattet-Forzani (Amer, L’étrange couleur des larmes de ton corps), le duo argentin Luciano et Nicolas Onetti, signent avec Francesca, un second giallo, par le biais de l’old-school et de l’orthodoxie, avec un souci du détail qui force le respect en plus de ravir l’oeil. Tous les ingrédients du psycho-giallo sont réunis, du trauma d’enfance aux meurtres stylisés, en passant par les décors baroques et la bande-son « Goblinesque ». Ici, il n’est pas question de post-modernisme ou de parodie mal placée mais simplement d’un hommage sincère et passionné à l’un des genres incontournables du cinéma bis, inédit en France grâce à l’excellent éditeur The Ecstasy of Films.
- TENEMOS LA CARNE d’Emiliano Rocha Minter
Emiliano Rocha Minter nous entraîne avec son premier long-métrage dans un voyage barbare et sensoriel. Avec son scénario mettant en scène deux âmes perdues entraînées dans une spirale d’extrémités par un mystérieux vagabond, Tenemos la carne (ou We are the flesh) constitue une oeuvre limite, battant constamment le chaud et le froid, entre son esthétique de toute beauté évoquant aussi bien le Subconscious Cruelty de Karim Hussain (2000), fleuron du cinéma transgressif, que le travail d’Alejandro Jodorowsky, et les perversions qu’il met en scène.
- WE ARE STILL HERRE de Ted Geoghegan
We are still here est certes sorti en 2015, mais sa découverte cette année seulement fut pour moi un énorme coup de cœur. Ted Geoghegan, à travers son histoire de maison hantée et de spectres vengeurs, ne prétend absolument pas bouleverser le genre, mais il offre un long-métrage de terreur pure particulièrement soigné à l’atmosphère mélancolique, grâce à une superbe photographique et un premier degré salutaire, évoquant sans peine les grandes œuvres horrifiques de Lucio Fulci, La maison près du cimetière en tête.
Mon FLOP 2016 par Olivier Prada
- THE DOOR de Johannes Roberts
Malgré un cadre atypique, peu abordé dans le cinéma de genre (l’Inde), The Door ne cesse d’enfoncer des portes ouvertes à grand renfort de jump-scares éculés et de clichés malhabiles au sujet des films de maisons hantées. La réalisation, inhabitée au possible, ne parvient pas à sauver le métrage de la catastrophe malgré quelques belles scènes et achève de condamner un film qui aurait pu être touchant de part son sujet (la gestion du deuil).
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