[Critique] LA PROPHÉTIE DE L’ANNEAU de Roland Joffé
Tourné en 2013, sorti dans un circuit limité aux Etats-Unis en 2015, puis tombé dans les limbes d’une distribution sans cesse repoussée, La prophétie de l’anneau, avant-dernier film en date de Roland Joffé, se dévoile enfin par le biais d’une édition vidéo chez Seven Sept.
Les aléas de sa distribution chaotique dissimulent tant bien que mal la véritable difficulté de vendre un film dont le titre original (The Lovers) et sa traduction française, renvoient à deux propositions différentes. Oui on aura beaucoup d’amour dans cette histoire de voyage dans le temps, de réincarnation, et on aura également le droit à notre part d’aventures exotiques au sein des Indes Orientales du XVIIIe siècle qui servent de cadre à l’un des axes de l’intrigue. Car le réalisateur et scénariste Roland Joffé (au côté d’Ajey Jankhar) a de l’ambition pour son douzième long-métrage : filmer des allers-retours temporels entre un avenir proche et le XVIIIe siècle, par le prisme d’un double anneau magique. On ne pourra pas blâmer Joffé de manquer d’ambition, quand bien même les moyens de concrétisation à l’écran ne sont pas proportionnels pour autant. La prophétie de l’anneau n’est malheureusement qu’une caricature de ce qu’il aurait souhaité être : une fresque d’aventure épique et poignante zigzaguant entre les époques. Mais patatras ! Le film de Roland Joffé fait peine à voir. Le cinéaste franco-britannique s’enlise inexplicablement dans des considérations pseudo scientifique et mystiques au sein d’un récit qui sacrifie son potentiel sur l’autel d’une romance nunuche au possible et de scènes d’aventure et de combat sans aucun souffle.
Ratage incompréhensible
Comment le réalisateur des acclamés La Déchirure et Mission a-t-il pu tomber aussi bas dans l’insignifiance ? La question se pose. D’autant plus que Joffé réussit malgré tout à réaliser des images assez belles, jouant de l’indéniable beauté de ses décors naturels, de couleurs chatoyantes et de compositions travaillées. Le problème, c’est que le film donne l’impression d’être saucissonné et monté à la hachette, tant les scènes se succèdent platement, bannissant toute notion de rythme. A tel point que l’on pourrait penser que le réalisateur n’a pas eu le final cut… Dès lors, l’intrigue devient vite inintéressante et quasi incompréhensible, tant les enjeux s’évaporent au gré des péripéties dignes d’une romance Harlequin. L’ensemble n’est pas aidée non plus par une interprétation générale extrêmement faiblarde, Josh Hartnett en tête.
En résumé, cette Prophétie de l’anneau nous laisse face à un film malade, mal fagoté et tellement disproportionné entre ses grandes ambitions, sa bonne tenue formelle d’un côté et ses immenses carences narratives, rythmiques, ses scènes naïves et embarrassantes de l’autre. On n’est pas loin de l’accident industriel. Tsui Hark peut dormir sur ses deux oreilles, il n’y a qu’un seul The Lovers, magnifique et bouleversant, et c’est bel et bien le sien.
LA PROPHÉTIE DE L’ANNEAU
Roland Joffé (Belgique/Inde/Australie – 2013)
Genre Aventure – Interprétation Josh Hartnett, Tamsin Egerton, Alice Englert… Musique Dirk Brossé – Durée 109 minutes – Distributeur Seven Sept.
L’histoire : 2020. Tentant de secourir sa femme au cours d’une plongée, Jay Fennel, tombe dans un profond coma qui le renvoie vers le passé, en 1778. Réincarné en capitaine de l’armée de l’Inde britannique, le jeune officier va devoir déjouer multiples trahisons et assassinats dans un pays secoué par les luttes de pouvoir. Sa rencontre avec Tulaja, une guerrière indienne, va changer le cours de son destin…
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