TOP/FLOP de l’année 2016 (1/5)
C’est parti pour une première salve de bilan de l’année 2016 sur Obsession B. Ici, pas de cadre précis, chaque rédacteur est libre de proposer ses choix suivant la forme et le fond qu’il souhaite. L’objectif étant évidemment de mettre en avant des œuvres ayant marqué chacun d’entre nous durant les douze derniers mois. Autre précision évidente mais qui a son importance, tout ceci reste subjectif et il ne s’agit à aucun moment de dresser un constat des meilleurs œuvres de l’année, vu qu’il nous est logiquement impossible de tout voir. Mais plutôt de mettre l’accent sur ce que nous avons découvert et qui nous paraît digne d’être mis en avant. Voilà, c’est dit !
Mes TOP 2016 par Nicolas Mouchel
- THE WITCH de Robert Eggers
Sorti d’un peu nulle part, The Witch de Robert Eggers est un premier film inattendu et d’une force sidérante. Véritable objet filmique visuel et sensoriel, ce récit se situant dans la nouvelle Angleterre du XVIIe siècle est en premier lieu une splendeur visuelle aux frontières du pictural. Compositions des plans d’une précision extrême, exigence sur la lumière, reconstitution d’un village perdu au milieu de la forêt et utilisation minutieuse des décors (naturels ou non) font du film de Robert Eggers une partition symphonique de l’horreur. Car il est évidemment question de sorcières, du diable, et d’une peur tangible, d’un mal insidieux qui ne montre jamais réellement son visage, mais dont la représentation (le bouc notamment) décuple la puissance d’évocation du film à un niveau phénoménal. The Witch ne fait pas dans le spectaculaire, mais dans l’attente, les pauses, les silences, il ensorcelle et hante encore les esprits après sa vision car il donne cette impression d’être traversé de bout en bout par la présence du malin. Les ultimes plans du films, qui succèdent à un déluge soudain de gore, représentent ce que nous avons vu de plus beau sur un écran de cinéma depuis fort longtemps. Un chef d’oeuvre.
- GREEN ROOM de Jeremy Saulnier
Le réalisateur américain Jeremy Saulnier avait marqué les esprits avec son deuxième film Blue Ruin en 2013 qui avait rallié un paquet de suffrages en sa faveur. Son troisième long-métrage devait confirmer certaines attentes placées en lui. Avec Green Room, il fait mieux que confirmer, il se place très clairement sur l’échiquier des cinéastes à suivre de près pour les fans de genre (et les autres). Nettement plus ancré dans le genre justement puisqu’il s’agit ici d’un véritable survival, Green Room apparaît comme plus classique que son précédent effort, mais en respectant scrupuleusement les codes, il signe l’un des tous meilleurs représentants du genre. Brutal, violent, doté d’une tension extrême durant plus de 90 minutes, le film de Saulnier oppose un groupe musical de jeunes punks et des extrémistes néo nazis qui veulent leur faire la peau pour avoir été les témoins involontaires d’un meurtre. Survival, mais également film de siège, puisque l’essentiel du métrage se déroule entre les quatre murs de la fameuse « green room », ce troisième film de Jeremy Saulnier est un concentré d’horreur sans concession, marqué par des personnages extrêmement crédibles, dominés par un terrifiant chef de groupe incarné toute en froideur apparente par Patrick Stewart et un Anton Yelchin totalement convaincant (malheureusement décédé depuis). La maîtrise totale de la gestion du temps et de l’espace du réalisateur font de ce Green Room un sommet de suspense qui marque durablement la rétine, même bien après la projection. Le signe d’un grand film qui restera dans les mémoires.
- ELLE de Paul Verhoeven
2016 a été marquée par la rencontre entre le cinéaste Paul Verhoeven et le cinéma français. Avec Elle, le réalisateur de Black Book fait sauter les verrous qui sclérosent la tradition du drame bourgeois hexagonal, le pervertissant de l’intérieur en poussant le curseur de la morale à des extrémités osées. Isabelle Huppert y compose un rôle absolument savoureux dont elle a le secret. C’est une véritable aubaine de découvrir l’association Djian/Verhoeven/Huppert à un tel niveau d’alchimie au service d’un film qui, bien que faisant penser à d’autres en surface, ne ressemble finalement à rien. Si ce n’est à une oeuvre osée et sexuée de l’agitateur Verhoeven qui livre un scud filmique enthousiasmant et qui respire l’aspect « sale gosse » du cinéaste.
- DON’T BREATHE de Fede Alvarez
On le disait dans un Top/Flop il y a quelques années déjà, plus on nous bombarde de films sans aucune ambition ni intérêt, plus les quelques réalisateurs désirant s’affranchir d’une industrialisation par le bas du cinéma de genre parviennent à tirer leur épingle du jeu en transcendant les codes les plus éculés. Avec Don’t Breathe, on est en plein dedans. Fede Alvarez, le réalisateur qui s’était déjà distingué avec l’excellent remake d’Evil Dead, nous rejoue le genre du home-invasion mais à l’envers. Ses trois jeunes cambrioleurs s’attaquant aux biens d’un ancien Marine, au sein d’une vieille demeure isolée, vont rapidement faire les frais d’une chasse à l’homme dans un espace hermétique. L’ex militaire (interprété avec puissance par Stephen Lang) étant aveugle, le cinéaste uruguayen déploie des trésors d’inventivité pour concrétiser l’affrontement à première vue déloyal entre l’homme diminué (?) et les intrus. Jeu sur le son, les silences apparaissant comme indispensable à la survie, exploitation de l’espace et des moindres recoins de la maison, utilisation de la vision infrarouge pour signifier l’obscurité totale, rapports de force qui s’inversent constamment… Don’t Breathe utilise tous les codes et les atouts du genre et les subliment afin d’offrir un suspense et une tension de tous les instants. Le scénario n’est pas en reste avec des révélations qui font mouche à la moitié du métrage qui relancent la machine tel un ride effréné. Et un méchant d’anthologie, un boogey man à la fois terrifiant et pathétique, qui s’impose en machine à tuer et une menace qui persiste jusqu’au tout dernier plan…
- MIDNIGHT SPECIAL de Jeff Nichols
On a beaucoup dit qu’avec Midnight Special, Jeff Nichols s’imposait comme le nouveau Spielberg. Super. Mais réducteur. Après Mud et Take Shelter, cette proposition de film aux limites du drame et de la science-fiction dispose en effet d’un capital spielbergien indéniable. Son jeune héros aux mystérieux pouvoirs, enlevé et protégé par son père, pourchassés par le FBI, la CIA et une étrange secte, place l’innocence et la crainte de sa corruption en bonne place des thématiques développées dans le film. Sorte de road-movie mené par le best of the best Michael Shannon, Midnight Special parle surtout de croyance et de la relation père-fils au sein d’une narration resserrée mais puissante, mais qui, paradoxalement, fait passer beaucoup de choses par le biais de sa mise en scène. Cette dernière renvoie le film une fois encore vers les productions Amblin du grand Spielby dans les années 80, avec un petit détour par l’univers de John Carpenter. Sauf qu’il avance avec des thématiques très actuelles. Et s’impose comme un des grands films de l’année.
Mes FLOP 2016 par Nicolas Mouchel
En vrac et puisque je n’ai pas grands titres à distinguer : X-Men Apocalypse de Brian Singer, la grosse désillusion de cette année. Toujours au rayon des films pas mauvais mais réellement décevants, Premier contact de Denis Villeneuve, Le Bon Gros Géant de Spielberg. Enfin, le bas du bas du caniveau : Jeruzalem des frangins Paz en direct-to-video (et pourtant primé au 23e Festival du film fantastique de Gérardmer) et La prophétie de l’anneau de Roland Joffé, direct-to-video également.
Tout pareil. Sauf le Midnight spécial un poil surestimé et le x-men en pas vu… mais aurais tu échappé aux deux méga bombes coréennes de l’année: Dernier train pour Busan & The strangers ?
Personnellement avec The Witch, Les films les plus étonnants de cette année.
Et je partage ton amour pour Green room dont la mise en scène m’a scotché
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Ah Foxart ! Comme ça fait plaisir de te retrouver ici !!! 😉
J’ai vu Dernier train pour Busan et je suis d’accord, c’est très bon. C’est pas loin derrière… mais raté The Strangers malheureusement… Quant à Green Room, c’est un monstre de mise en scène ! Je serais curieux de connaître tes tops-flops de l’année d’ailleurs… 😉
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Coming soon…
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