[Critique] AFTERMATH d’Elliott Lester
Roman attend son épouse et sa fille impatiemment pour la fête de Noël… Il apprendra de manière protocolaire qu’elles sont décédées dans l’accident de leur avion, entré en collision avec un autre appareil. Soudainement dévasté, il doit entamer son deuil. Jacob est contrôleur aérien, il est serein lorsque lorsqu’il prend son poste dans la tour… Quelques minutes passent, son collègue prend une pause, des techniciens de maintenance interviennent et Jacob est missionné sur un second poste… Il n’entend pas la requête d’un pilote par radio et deux avions se percutent. Près de 300 morts. Rongé par la culpabilité, Jacob se replie sur lui-même et tente de s’effacer. Un an plus tard, le premier fomente sa soif de justice en solitaire tandis que le second reprend l’espoir de vivre sereinement sa vie de famille.
Dans cette production signée Darren Aranofsky et du script rédigé par Javier Gullón (Enemy de Denis Villeneuve, pour le plus notable) qui s’inspire du drame d’Uberlingen où deux avions sont entrés en collision suite à une multiplication d’erreurs humaines, le second long métrage d’Elliott Lester (Blitz), se divise en 3 actes. Il s’agit pour le réalisateur d’orienter le spectateur vers un dessein dépressif, surtout dans les deux premiers, dont les interprétations respectives d’un Arnold Schwarzenegger fidèle à ses engagements et de Scoot McNairy (vu entre autres dans le très cool Monsters de Gareth Edwards) qui livre une performance honorable pour une modeste production, seront la grande satisfaction de cette fiction.
Last Shwarzy Hero
A dire vrai, ces deux comédiens portent le film sur leurs épaules sans vraiment faillir si ce n’est que, malgré la lourdeur du sujet, leur jeu se limite à une description permanente de leurs émotions qui ne dépasseront jamais les 10 de tension. Arnold Schwarzenegger revient…. Pour se ranger derrière son dogme de l’apaisement, de l’économie d’énergie, de la vérité et de la diplomatie. Monsieur muscle retrouve les plateaux ciné pour se poser en acteur réfléchi, en interprète conscient du temps qui passe et lourd d’une expérience pendant laquelle il a érigé presque à lui tout seul les codes des films d’actions US des années 80 et 90. Depuis 2015 et après quelques retours en mode badass (Sabotage et les Expendables), Schwarzy le bien nommé reprend au sérieux ses rôles dramatiques dès le Maggie d’Henry Hebson, prenant soins d’interpréter un paternel au chevet de sa fille agonisant d’un virus qui la transformera en zombie.
Mais c’est bien dans le dernier Lester, Aftermath, qu’il creuse au maximum sa colère intérieure. Rien à dire donc de l’acteur d’origine autrichienne qui livre ici un combat intime et intense. Si les seuls muscles affichés sont ceux de son fessier de septuagénaire, il propose toujours un travail propre et efficace et ce ne sont pas ses prestations dans Conan, Terminator, True Lies, Total Recall et Predator qui trahiront sa capacité à tout jouer avec un charisme inégalé. Même s’il s’est naturellement assagi, contrairement à son pote Stallone, cette aptitude à dégager des émotions simples de manière convaincante l’a toujours suivi dans ses productions les moins clinquantes comme The Running man, The Last Action Hero, Commando… Une vraie machine à tourner qui se dirige tout seul dans Aftermath, dont il est le malheureux métronome… Car Scoot McNairy, qui fait jeu égal avec lui dans ce métrage lancinant et bien qu’il soit habitué depuis 15 ans aux rôles de second couteaux, s’en sort très bien dans la peau de ce personnage acculé par les événements et par son incapacité à refouler sa culpabilité pourtant relative.
Filmer la tristesse
Elliott Lester a pris quelques libertés d’adaptation de ce fait divers tragique pour se concentrer sur le drame humain qu’est la vengeance, plutôt que d’en faire un thriller psychologique bâti autour d’un récit d’enquête policière classique mais à rebondissements. Si l’idée est ambitieuse, elle donne du fil à retordre aux acteurs qui vont tout donner dans la bataille sans pour autant sombrer dans un pathos évident. La technique est à la hauteur du script et de la mise en scène classique, elle est sans fioriture, l’image est stable, grise, mêlant prises de vue aériennes, travellings et plans fixes strictement conventionnels, le tout dans un montage sans effets. L’ensemble créé une oeuvre trop stricte et, si le parti pris est assumé et pragmatique, le film tient la route émotionnellement, mais la sensibilité qui s’y dégage est trop monotone. Le réalisateur aurait pu (dû) emprunter quelques ingrédients à certaines références dont la froide folie d’un Fargo (Joel et Ethan Coen) et la brutalité de Crossing guard (Sean Penn), duquel on peut tirer une comparaison évidente.
Filmer la tristesse, mêlée à la colère et à la culpabilité est un exercice de style ardu et Elliott Lester n’a pas assez joué avec sa partition pour varier le rythme, livrant un film trop terne pour être complètement captivant.
AFTERMATH
Elliott Lester (USA – 2017)
Genre Drame/thriller – Interprétation Arnold Schwarzenegger, Maggie Grace, Scoot McNairy, Kevin Zegers… – Musique Mark D. Todd – Durée 93 minutes. Distribué en Blu-ray et DVD le 18 juillet 2017 par Metropolitan Filmexport.
L’histoire : A la suite d’un crash aérien qui a coûté la vie à sa famille, un homme refuse la thèse officielle de l’accident et décide de rétablir la justice. Son attention se porte sur le contrôleur aérien en poste lors de la catastrophe…
Critique en partenariat avec Cinetrafic, qui propose de découvrir des fiches sur les meilleurs films du moment, ainsi que tous les films disponibles en VOD.
Qu’est ce que j’aime cet acteur !!
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Moi aussi…toujours investi, on a souvent sous-estimé sa capacité à jouer dans des registres plus… auteuristes si j’ose dire !
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C’est vrai! 😉
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