[Chronique] Apocalypse, fin du monde ou commencement ?

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LA NUIT A DÉVORÉ LE MONDE de Dominique Rocher

Il y a d’abord les zombies, les rôdeurs, les infectés, bref ils vont te manger ! Ici l’apocalypse se passe en une nuit. En se réveillant dans un appartement où une fête battait son plein, Sam découvre un Paris dévasté et déserté. Seul face aux morts-vivants, Sam va se retrancher dans l’immeuble parisien. La Nuit a dévoré le monde est tiré du roman éponyme de Pit Agarmen, pseudonyme de l’écrivain Martin Page. Cette adaptation est un très bon film de zombie parfaitement mixé avec un huit clos qui laisse le spectateur à bout de souffle. Quasiment dépourvue de musique et sachant laisser traîner ses plans, le film distille une ambiance particulièrement calme et joue beaucoup sur la psychologie du personnage principal qui doit survivre seul.

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Mode Survie à Paris

Même si il est chamboulé, Sam s’active très vite tel un Robinson Crusoé. Il trouve des armes, s’organise, rationne sa nourriture et fait même du footing dans les étages ! En proie à la solitude extrême, Sam doute tout du long, cauchemarde et sombre peu à peu dans une sorte de folie. Il est isolé comme un survivant sur une île déserte.
L’aspect psychologique du film est beaucoup appuyé par une réalisation léchée en début de film mais elle devient plus impersonnelle au fur et à mesure de sa progression. En revanche, les symétries et les jeux de lumières qu’offre les appartements haussmanniens transpercent le film de bout en bout. Mention spéciale pour le solo de batterie face à une foule de zombie, un pur kiff !

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AVANT QUE NOUS DISPARAISSIONS de Kiyoshi Kurosawa

0474253Ensuite, il y a les aliens, les extraterrestres, les voyageurs interstellaires qui viennent nous envahir ! Mais pas à la Independance Day ou Edge of Tomorrow, en dézinguant tout sur leur passage, ici on prend des pincettes. Avant que nous disparaissions se concentre sur les prémisses d’une invasion extraterrestre. Trois d’entre eux sont envoyés sur terre pour une sorte de mission de reconnaissance en prenant le contrôle de corps humains. C’est comme cela que Shinji, mari de Narumi semble soudainement étrange après avoir disparu quelques jours. Il change complètement, devenant plus tendre, attentionné et à l’écoute. Au même moment, un autre alien assassine brutalement une famille tandis que le dernier envahisseur trouve en le journaliste Sakurai son guide.
Ces trois extraterrestres ont besoin de guide humain car ils ont une mission bien particulière : voler les concepts de l’humanité aux humains pour mieux les comprendre et les envahir plus facilement.

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Vols de concepts

À partir de là, je trouve l’idée du film géniale et originale puisqu’au delà d’en faire une invasion (plus ou moins) pacifique, le film nous questionne puissance mille, nous, les Hommes ! Que sont les concepts de famille, de possession, de travail, de bonheur et comment est-ce qu’on les définit ? Tels des Candides de l’espace, les aliens cherchent les définitions exactes, l’essence même des concepts et leur raison d’être, cherchant toujours la petite bête. Effets secondaires de la découverte d’un concept, l’extraterrestre le vole à celui qui lui a expliqué, faisant des victimes des personnes dépourvues des idées, des codes qu’on leurs a inculqués. C’est comme cela que le patron de Narumi se met d’un coup à sauter sur les tables en rigolant ou que sa sœur, dépossédée du concept de famille, quitte sans raison son domicile.

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Durant le film, le propos va se cristalliser autour du concept de l’amour. Comment le définir ? Même pour les humains, c’est une tâche ardue. C’est pourtant ce concept qui posera des soucis aux extraterrestres, ce concept qui fait la singularité de la race humaine, mais aussi sa faiblesse. Avant que nous disparaissions a beau être l’histoire d’une fin du monde, je suis sortis de la salle le sourire aux lèvres ! La réflexion, la proposition que nous fait Kurosawa est pleine de sens. Pourquoi faisons ce que nous faisons ? D’où vient tout cela ? À quoi cela sert ? Le film n’y répond pas réellement et préfère montrer des humains qui l’enseignent aux aliens, mais est-ce que ce sont des vérités universelles ? 

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Mélange des genres et réflexions

Au-delà de son propos, le film est beau et angoissant en même temps. La musique mixe le classique avec des sonorités SF formant un mélange qui marche à la perfection. On parle de fin du monde mais le spectateur n’est pas bousculé, l’incompréhension est beaucoup plus présente que la panique. À la réalisation, c’est un peu tout mais absolument pas n’importe quoi ! Inculquant du drame avec des scènes intimistes et tendre, de l’horreur, de l’action pure et brute avec des explosions et même du comique par instant, Kurosawa ne se refuse rien et son mélange, bien que surprenant, fonctionne à merveille.

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Bilan des courses…

En voyant ces deux films, peu de choses les rapprochent au delà du fait que ce sont des films de genre qui racontent chacun une fin de l’humanité à leur manière. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de rapprocher leur propos, comme si l’un était l’extension de l’autre. En survivant seul, Sam garde-t-il en tête tous les concepts qu’on lui a appris ? Et si oui pourquoi ? Il vit seul désormais, il devrait pouvoir en être libéré. Et pourtant, comme le montre La Nuit a dévoré le monde, il ne semble tiraillé par sa solitude que comme si les concepts de la vie étaient immuables. A travers ces deux œuvres, l’Homme ne peut se séparer seul de sa façon de vivre et il faut l’intervention d’un tiers (au hasard un alien) pour le libérer de sa condition et des contraintes qu’il s’impose (ou qu’on lui impose).
L’émancipation. Est-ce la fin du monde ou le contraire ?

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Par François Hamelin

Rédacteur sur Obsession B. « S’il ne devait y avoir qu’une règle pour me séduire ?… Surprenez moi ! » Voilà comment caractériser ma passion pour le cinéma ! Des films indépendants aux thrillers sombres en passant par les films de science fiction purs et durs et les polars sous acides. C’est simple, tout ce qui a de l’intérêt m’intéresse ! Sur Obsession B, je viendrais parler des pépites comme des blockbusters. Si j’avais un film de chevet ça serait THE THING de John Carpenter, pour m’évader je lance SWISS ARMY MAN sans tarder, j’ai failli arrêter l’école après avoir vu BATTLE ROYALE et oui, j’ai pleuré devant JODOROWSKY’S DUNE !
Contact : fohamelin@gmail.com

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