[Be Kind Rewind] THE BLOB d’Irvin S. Yeaworth Jr (1958)

Dans la série des menaces venues d’ailleurs, les 50’s ont livré quelques bobines ayant marqué (ou pas) l’histoire du cinéma. Le Jour où la Terre s’arrêta (1951), L’Invasion des profanateurs de sépultures (1956), Planète interdite (1956)… Révélatrice d’une époque, cette vague d’œuvres n’a pas donné lieu qu’à des chefs-d’œuvre.
Réalisé en 1958 par le débutant Irvin S. Yeaworth Jr, The Blob (plus tard rebaptisé Danger planétaire pour une sortie opportuniste en France en 1977) était à l’origine un petit film d’horreur destiné au marché des Drive-in. Une contextualisation qui vient souligner les caractéristiques d’une œuvre marquée par un petit budget, de jeunes comédiens et une ambition artistique assez faiblarde. Bref, un petit film d’horreur parmi tant d’autres qui pourrait passer inaperçu près de 60 ans après sa sortie, si ce n’est un détail d’importance : la présence au casting de Steve McQueen, inestimable acteur des 60/70’s, vedette de premier plan au talent indéniable, qui effectuait là l’une de ses premières apparitions dans un premier rôle à l’écran. La star de Bulitt joue ici un jeune homme confronté, avec sa petite amie, à une présence extraterrestre, écrasée sur Terre dans un météorite, et constituée d’une masse gélatineuse qui s’insinue sournoisement au sein d’une petite bourgade américaine et digère ses habitants les uns après les autres. En dehors de ses qualités assez médiocres, The Blob est pourtant marquant dans ce qu’il restitue de son époque. Les conflits générationnels qui opposent alors jeunes Américains à l’autorité parentale, de jeunes gens n’ayant pas froid aux yeux et dont James Dean était la plus évidente incarnation à l’écran. Ici, le personnage de Steve McQueen, qu’on croit au départ opposé à une bande rivale, se heurte progressivement et de manière plus évidente à la barrière de compréhension des adultes, qui ne le prennent pas au sérieux alors qu’il tente d’alerter sur la présence du monstre… Alors que la mode à l’époque est de proposer des confrontations de bandes rivales, elles sont ici contraintes de s’allier pour venir à bout de la créature.

Le charme de l’ancien…

Autre phénomène, plus évident celui-ci, la représentation signifiée de la peur communiste, avec cette masse gélatineuse rouge, évoquant directement (et d’une manière évidente que l’on n’oserait plus aujourd’hui) les tensions entre les Etats-Unis et l’URSS en pleine Guerre froide. La menace soviétique trouve ici une illustration contextuelle que l’on pourra juger un peu triviale soixante ans après. Il s’agit pourtant d’une des particularités du film d’Irvin S. Yeaworth Jr, qui ne brille pas par sa mise en scène, d’un classicisme flirtant avec la platitude. Le cinéaste ne parvient pas à rehausser l’intérêt d’un film constitué essentiellement de longues succession de scènes dialoguées, que viennent rythmer de temps à autre les attaques du monstre. Chez un médecin, dans un supermarché, puis dans un cinéma et enfin un restaurant, plus la bestiole ingurgite de victimes, plus elle grossit (venant illustrer le principe de l’idéologie qui se répand…) Les effets spéciaux ont inévitablement pris un petit coup de vieux, mais les astuces de l’époque pour rendre crédible la créature (l’usage des miniatures et des scènes lues à l’envers) conservent malgré tout un certain charme.
A noter que le film donnera lieu à une séquelle Attention au Blob, réalisée en 1972 par Larry Hagman (JR de Dallas himself !), puis à un très bon remake de Chuck Russel, avec Kevin Dillon en 1988. Une nouvelle version est par ailleurs annoncée depuis quelques années et pourrait voir le jour prochainement.


THE BLOB – DANGER PLANÉTAIRE
Irvin S. Yeaworth Jr (USA – 1958)

Genre Horreur/Science-fiction – Interprétation Steve McQueen, Anne Corsaut, Earl Rowe, Stephen Chase, John Benson… – Musique Ralph Carmichael, Burt Bachara – Durée 90 minutes. Distribué par ESC Distribution(23 octobre 2018).

L’histoire : Une météorite s’écrase à quelques kilomètres de la ville de Downingtown. Curieux de voir à quoi elle ressemble, Steve Andrews et Jane Martin accourent. S’ils trouvent un cratère encore fumant, ils se rendent vite à l’évidence que le rocher venu de l’espace contenait un monstre, une entité visqueuse et affamée dont la croissance rapide constitue bientôt une menace pour tous les habitants de la région.


Le Blu-ray d’ESC Distribution

Technique : ★★★☆☆
Bonus : ★★☆☆☆

La copie proposée pour le Blu-ray est d’excellente qualité, assez propre, exempte de défauts, elle est marquante par la profusion des couleurs typiquement 60’s qui retrouvent ici un bel éclat. Un grain sympathique agrémente l’image, lui donnant une patine à l’ancienne particulière et bienvenue. On notera malgré tout à certains instants quelques plans flous, notamment sur des personnages au premier plan, ce qui est un peu préjudiciable.

La version anglaise ne fera pas décoller les enceintes de votre installation, mais ce n’est évidemment pas ce qu’on demande à  la réédition d’une oeuvre de cette époque, malgré une piste en DTS HD 5.1 relativement dynamique. La version française, en stéréo, ne bénéficie pas de la même ampleur, mais possède un doublage à l’ancienne qui peut avoir son charme.

Du côté de l’interactivité, un entretien d’une quinzaine de minutes avec l’historien du cinéma Gilles Diment recontextualise le film dans son époque, évoque les échos de la Guerre froide, avant de s’appesantir sur la carrière de Steve McQueen. Rien de follement passionnant, mais le module a le mérite d’exister. A noter la présence d’un livret de 16 pages rédigé par Marc Toullec (Mad Movies), que nous n’avons pas eu le loisir de consulter.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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