[Critique] PRÉDATEUR de Dick Mass


Cela faisait un petit moment que l’on n’avait plus de nouvelles du néerlandais foudingue Dick Maas. L’excellent artisan responsable des fort sympathiques L’Ascenceur (1983) et Amsterdamned (1988) qui ont marqué la mémoire cinéphile bis des années 80, a connu une petite traversée du désert cinématographique avec des œuvres moins marquantes (L’Ascenseur niveau 2, Issue de secours… Bof), jusqu’à un regain d’inspiration avec le sympathique Saint, en 2010, puis Quiz en 2012. Le voilà de retour, plutôt en forme, avec Prédateur, une transposition des Dents de la mer en version féline et urbaine…
Les pitchs les plus simples sont souvent les plus efficaces. C’est une évidence dont Dick Maas s’est fait une spécialité. Grand amateur de films d’horreur, le cinéaste néerlandais a toujours fait en sorte de prendre le genre à bras le corps et de livrer d’authentiques séries B marquées par une efficacité assez redoutable. Le tout avec une pincée de dérision et de distance qui font tout le sel de ses films. Avec Prédateur, il remet le couvert, toujours dans les rues d’Amsterdam, qu’il n’a jamais magnifié avec autant d’aisance sur le plan visuel. Y lâcher en plein cœur un animal sauvage est évidemment une aubaine dont il n’aurait su se priver… Son lion mangeur d’homme, arrivé sans que l’on sache trop pourquoi (et on s’en tape pas mal) dans un élément qui n’est pas le sien, va pourtant faire un carnage parmi la populace. Un garde-manger géant composé en grande partie de personnages antipathiques et condamnés d’avance (les golfeurs, le livreur, le chasseur de fauves), mais aussi de plus surprenantes victimes (le gamin au parc). Chez Dick Maas : tout le monde en prend pour son grade. Pas de quartier !

L’ombre et la proie
Dans ce Prédateur, le réalisateur démontre un savoir-faire intacte et manifeste pour les scènes horrifiques, un respect formel indéniable et bienvenu. Le film a une excellente tenue visuelle, et certaines scènes sont portées par une tension indéniable. Un bel effort qui s’accompagne pourtant chez le cinéaste néerlandais d’un invariable goût pour la provocation, le détournement, la rigolade. Une bonne dose d’humour noire. Il faut voir pour s’en convaincre ses héros globalement assez détestables (le reporter arriviste et coureur de jupons), ou grotesques (le second chasseur de fauves handicapé et blagueur). Face à la cruauté de son monstre, le cinéaste oppose donc une galerie de figures toutes plus marquées les unes que les autres et quelques dialogues qui font mouche. C’est cet équilibre qui fait tout le sel de Prédateur, et qui pourra éventuellement laisser certains spectateurs de côté. Car le scénario accumule quant à lui des lieux communs à foison, progressant suivant un schéma proche de celui de Jaws : la découvert des première victimes, les autorités qui s’affolent, l’appel aux chasseurs, puis la traque de la créature. C’est dans le détail que Maas fait la différence. Et également dans ses débordements gores assez généreux. La créature en elle-même convainc par intermittence, plutôt correcte dans ses effets mécaniques, le rendu en images numériques est bien moins probant. Tout ne fonctionne pas dans le film, mais force est de reconnaître que le divertissement est bien présent, que Dick Maas y met un certain nombre d’ingrédients assez enthousiasmants et que l’ensemble est emballé avec suffisamment d’efficacité pour décrocher un sourire de satisfaction chez le spectateur.
PRÉDATEUR
Dick Mass (Pays-Bas – 2016)

Genre Horreur – Interprétation Sophie Van Winden, Mark Frost, Britte Lagcher, Abbey Hoes… – Musique Dick Maas – Durée 103 minutes. Distribué par Rimini Editions (27 octobre 2018).
L’histoire : Vétérinaire au zoo d’Amsterdam, Lizzy est appelée par la police : on vient de découvrir les cadavres atrocement mutilés d’une famille. La jeune femme comprend rapidement que ces morts ont été causées par un fauve d’une taille et d’une férocité exceptionnelles. Alors que d’autres victimes sont découvertes, Lizzie fait appel à l’un de ses vieux amis, un ancien chasseur de lions.
Ah… tiens, après avoir vu la BA, je n’aurais pas parié un kopeck sur ce film… bon, je vais peut-être me laisser tenter, dès qu’il sera soldé 😉
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On n’est pas dans du grand cinoche de genre, mais dans de la série B bien faite et qui ne se prend pas pour autre chose. Et avec le ton inimitable et décalé de Maas. Je te confirme, ça peut largement attendre les soldes 😉
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Vu en séance de minuit en festival, un contexte parfait pour ce film
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Exact ! Un film qui a toutes les qualités pour fonctionner en festival !
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