[BD] WHITE SPIRIT de Dédo et Weldohnson


Dans le cadre de sa collection “Une case en moins !”, Delcourt ouvre ses pages à des scénaristes situés hors du microcosme de la BD, associés à des dessinateurs, afin de réunir des sensibilités autres. Une chouette idée qui, après Petites cartes secrètes, Janski Beeeats et Soutenable légèreté de l’être permet aujourd’hui de voir débarquer White Spirit, quatrième opus de la collection, fruit de l’association du duo Dédo/Weldohnson.
Comédien/humoriste/métalleux… Dédo (de son doux nom Sebastien De Dominicis) est un artiste multicartes qui affectionne particulièrement les comics, le cinéma de genre, John Carpenter… (Et accessoirement parrain de FreneticArts, c’est dire l’ADN premium du gars !). Sa présence au scénario et aux dialogues de ce White Spirit apparaît presque comme une évidence. Il est associé à l’illustrateur Weldohnson (Felipe Jimenez) qui apporte quant à lui sa science du crayonné, pour donner vie à ce cauchemar en noir et blanc. On y suit Pascal, un bobo parisien blasé et délicieusement antipathique, qui se retrouve bien malgré lui intégré à une séance de spiritisme, élément déterminant qui va provoquer certains dérèglements dans son existence… Il se met à voir des taches étranges, des créatures ignobles, et même le fantôme défraîchis de son frangin. Pas de quoi faciliter ses histoires d’amour/cul…
De la punchline en rafale
Un cauchemar, c’est bien le terme adéquat pour évoquer cette chouette BD en one shot qui rend de toute évidence un hommage appuyé aux Contes de la crypte, Creepshow et autres histoires courtes illustrées et gavées à l’horreur pur jus et à l’humour noir dévastateur. White Spirit répond aux attentes de ce style de format, sans en révolutionner les contours. En clair, c’est du classique efficace, mais doté d’un regard au vitriol sur les personnages et sur leur existence, car sous le vernis horrifique, White Spirit aborde évidemment les tracas d’un trentenaire au bord de la dépression. La plume acide de Dédo fait ici des ravages, son sens du dialogue et du rythme est incontestable et son humour vachard fait merveille (et des victimes). Les punchlines balancées toutes les deux cases font mouche. Très clairement : White Spirit est foncièrement drôle et tape juste, n’hésitant jamais très longtemps à envoyer quelques scuds là où ça fait du bien. C’est ce qu’il fallait pour enrober ses protagonistes d’une personnalité suffisamment dense pour faire face aux atrocités qui apparaissent progressivement. Même si on pourra être désarçonné dans un premier temps par le trait pas toujours très sûr et abouti de Weldohnson, on ne pourra que constater que la forme finit par s’associer assez harmonieusement avec le fond de cette horrible histoire. Comme une évidence.
C’est de l’horreur débarquant sans prévenir dans une (morne) réalité, avec un final forcément désespéré, c’est sympathiquement référentiel, relativement gore, gentillement cul et trash, brillamment dialogué et suffisamment généreux en créatures pour convaincre le lecteur que ce White Spirit, abrasif comme il faut, est un chouette descendant des Contes de la crypte dont il se réclame. Pari réussi !
WHITE SPIRIT
Dédo et Weldohnson (France – 2018)

Genre Horreur/humour noir – Pagination 112 pages N&B. Distribué par Delcourt (9 janvier 2019).
L’histoire : Pascal, bobo parisien blasé, a une vie un peu chiante et des amours compliquées. Invité à une séance de spiritisme à laquelle il va à reculons, parce que c’est du flan, il décide de creuser le sujet quand il reçoit la réjouissante visite de son frère… décédé huit ans auparavant. Sans le vouloir, le cynique Pascal est entré en contact avec un « démonfarceur » qui va faire de sa vie, jusque-là ennuyeuse, un enfer.
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