[Be Kind Rewind] LE CIRQUE DE LA PEUR de John Llewellyn Moxey (1966)


Sorti sur les écrans en 1966, Le Cirque de la peur réalisé par John Llewellyn Moxey est une oeuvre qui se situe au carrefour des genres et des influences. Le film est adapté d’Edgar Wallace, scénariste du King Kong de 1933 et auteur de romans policiers et de récits d’aventures ayant servi d’inspiration à de nombreux films. Sous la houlette du producteur Harry Alan Towers, auquel on doit notamment les adaptations de Fu Manchu par Don Sharp, ce Cirque de la peur se présente au premier abord comme un film policier, s’inscrivant plus précisément dans la vague du Krimi, polar allemand extrêmement populaire durant les années 60 et basé sur une intrigue ludique dans laquelle le spectateur et les personnages doivent démasquer un assassin sur fond d’ambiance fantastique et/ou horrifique. De l’Allemagne à l’Angleterre, il n’y a qu’un pas car c’est à Londres que l’action du film débute avec le braquage d’un fourgon blindé sur le Tower Bridge. Le butin est ensuite dissimulé au sein du cirque Barberini, censé constituer une planque infaillible. Sauf que sur place, les meurtres se succèdent et les suspects se bousculent au portillon… Sur un canevas proche du Whodunit, Le Cirque de la peur déploie ensuite une longue enquête pleine de rebondissements, qui navigue entre la tonalité du polar et celle du film d’horreur. Qui est l’innommable assassin derrière toute cette histoire ?

La piste aux étoiles
Le Cirque de la peur brille déjà par un impressionnant casting international, réunissant des vedettes du cinéma allemand : Klaus Kinski (Nosferatu, fantôme de la nuit), Eddi Arent (Le Trésor des montagnes bleues), Heinz Drache (Les Treize fiancées de Fu Manchu), autour de l’inévitable Christopher Lee, de Leo Genn (Le Venin de la peur), Margaret Lee (Les insatisfaites poupées du docteur Hitchcock) et Suzy Kendall (L’Oiseau au plumage de cristal). N’en jetez plus ! Le plus étonnant étant d’y croiser des stars apparaîssant au compte-gouttes (Kinski), comme des seconds rôles en puissance, ou mieux, cagoulé les trois quarts du film (Lee). Klaus Kinski et Christopher Lee, malgré leur présence limitée, y brillent par leur charisme inégalable, le premier dans le rôle d’un personnage énigmatique, très effacé (il n’apparaît que dans une poignée de séquences) et pourtant terriblement inquiétant. Quant à l’interprète de Dracula, sa prestation le visage dissimulé (mais dont la voix est reconnaissable entre mille) magnétise et apporte une touche de mystère supplémentaire. C’est l’une des curiosités de ce petit film de genre, assez habilement ficelé par John Llewellyn Moxey (La Cité des morts), mais quelque peu mécanique et qui se traîne un peu en longueur. Le film marque surtout par son ouverture, scène de braquage quasi surréaliste et en même temps filmée de manière très naturaliste, une séquence quasi muette et ultra efficace par son dynamisme, tranchant formellement de manière assez radicale avec la seconde partie du film, qui lorgne quant à elle davantage vers le cinéma de la Hammer, en exploitant de manière redoutable et efficace l’univers toujours troublant du cirque… Tricotant un film de machination/manipulation, où les personnages se dévoilent petit à petit, où les meurtres se succèdent avant la grande résolution finale, Le Cirque de la peur s’avère bien emballé, mais un peu trop classique. Une curiosité à découvrir néanmoins…

LE CIRQUE DE LA PEUR
John Llewellyn Moxey (Royaume-Uni/Allemagne – 1966)

Genre Krimi – Interprétation Christopher Lee, Leo Genn, Anthony Newlands, Heinz Drach, Eddi Arent, Klaus Kinski, Margaret Lee… – Musique Johnny Douglas – Durée 91 minutes. Distribué par Le Chat qui fume (10 mars 2019).
L’histoire : Un fourgon blindé transportant des sacs remplis de billets de banque est braqué par un gang près du Tower Bridge. Le butin est ensuite dissimulé dans le Cirque Barberini par l’un des membres. Coïncidence ? Le cirque est bientôt la proie d’étranges meurtres au couteau visant son personnel. Un inspecteur de police chevronné mène alors l’enquête, laquelle s’annonce difficile, tant les suspects au sein de la troupe sont nombreux.
L’édition du Chat qui fume

Technique : ★★★★☆
Interactivité : ★★★☆☆
Cette fournée du Chat qui fume s’impose à nouveau comme un morceau de choix techniquement parlant. Le master utilisé est de toute beauté et l’image qui en découle fait plus que se défendre, avec une définition une fois encore bluffante et impeccable. Ce qui frappe surtout, outre la netteté de l’image, c’est l’explosion de couleurs vives (surtout dans la deuxième partie du film) et le grain offrant une expérience proche du rendu pellicule. C’est dire à quel point la restauration du film a été poussée.
Au niveau sonore, la version originale (pas de VF) DTS HD Master Audio 2.0 a un rendu franchement top. Rien à redire, c’est carré.
Niveau interactivité, cette édition propose un livret modeste (4 pages seulement) rédigé par l’inévitable Christophe Lemaire, bissophile historique et amoureux transi de Christopher Lee s’il en est. Le document est complété par un module d’une vingtaine de minutes qui donne la parole à Eric Peretti. Ce-dernier revient en détails sur le film, retrace la carrière des acteurs, du réalisateur, du producteur, d’Edgar Wallace, auteur du roman d’origine, et s’appesanti également sur la vague du Krimi, le tout à grand renfort d’anecdotes. Un bonus très instructif, même si la captation en plan fixe manque de pêche… (Mais c’est vraiment pour chipoter…)
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