[Série TV] COMMANDO SPATIAL de Rolf Honod et W.G. Larsen (1966)

Coproduction franco-allemande réunissant la Bavaria et l’ORTF, la série Commando Spatial a marqué l’histoire télévisuelle en étant tout simplement la première série de science-fiction européenne. Créée la même année que Star Trek, elle n’a, évidemment, pas eu la même résonance. Diffusée en 1966 avec beaucoup de succès sur la chaîne allemande ARD, elle a ensuite débarqué en 1967 sur la première chaîne de l’ORTF avec une audience beaucoup moins large. La série sera rediffusée bien des années plus tard sur les chaînes Sci-Fi et Ciné Cinéma Classic. Pourtant, Commando spatial a des atouts à faire valoir.
Le projet développé par les Allemands Rolf Honod et W.G. Larsen n’entendait pas aborder la science-fiction à la légère et s’approprier le genre juste comme toile de fond, mais bien en évoquer les grandes thématiques. La participation de René Barjavel à l’adaptation française appuie d’ailleurs cette volonté de mettre en place un univers cohérent (et essayer de caresser le spectateur français, frileux face à la SF, dans le sens du poil). Sur le fond, Commando spatial surprend par le sérieux avec lequel il aborde ses intrigues, et se révèle même presque assez moderne dans son approche. Il est ainsi amusant de noter combien la série explore déjà les grandes orientations des scénarios qui seront développés dans les décennies à suivre pour le petit comme le grand écran. Dès le pilote, une mission de sauvetage évoque furieusement les prémisses d’Alien, puis dans le deuxième épisode, la Terre elle-même est menacée par une immense boule de feu, s’ensuivent une rencontre avec des robots tueurs, une base spatiale fantôme…

Minimaliste mais évocateur
Dans Commando spatial, il ne faut bien évidemment pas s’attendre à des combats galactiques à tout va, le style est minimaliste, la mise en scène statique et les décors assez sommaires dans l’ensemble, bien que pas dénués d’intérêt et très certainement évocateurs à l’époque. Pour le spectateur d’aujourd’hui, ils naviguent entre le kitsch/ringard et le nostalgique/gentiment désuet. Les créateurs font état d’une grande curiosité et empruntent aux romans de SF, ne reculant pas devant le défi que devait représenter l’illustration de certains écrits et autres concepts. On y retrouve notamment les trois lois de la robotique d’Isaac Asimov. Et on peut dire qu’à quelques scaphandres grossiers près, incrustations hasardeuses de poissons censés représenter une base sous-marine et autres danses futuristes un peu ridicules, l’ensemble tient plutôt bien le choc. Le charme désuet y fait pour beaucoup, évidemment. Mais c’est plutôt l’inventivité des décors et des accessoires (on y trouve quand même un fer à repasser reconverti en poignée de poste de pilotage) qui surprennent, car de toute évidence, les créateurs de la séries ont beaucoup cogité pour tenter de rendre l’ensemble crédible. Les effets spéciaux, particulièrement inventifs et audacieux, (incrustations de vaisseaux et miniatures à l’image) sont du plus bel effet. Et malgré le poids des ans, le défi est très nettement relevé.
Complots, manipulation des puissants, émaillent la série qui trouve sa personnalité dans sa défiance de l’autorité. Avec son équipage aux personnalités bien marquées et son commandant bravard mais quelque peu irascible sur les bords, qui n’hésite pas à défier sa hiérarchie (ce qui différencie la série des premières saisons de Star Trek), il y a dans Commando spatial un sentiment d’anarchie plaisant et servant de socle à une série qui ose dans le même temps des dialogues par moment évocateurs (“je vais vous démonter et remonter” adresse un membre de l’équipage à sa supérieure…)
La série s’est arrêtée à l’issue des sept épisodes de sa première saison, faute d’inspiration pour la suite selon les créateurs. C’est bien dommage tant cette unique fournée d’épisodes dispose de belles qualités et d’un réel capital sympathie.
COMMANDO SPATIAL – LA FANTASTIQUE AVENTURE DU VAISSEAU ORION
Rolf Honod et W.G. Larsen (Allemagne/France – 1966)


Genre Science-Fiction – Interprétation Dietmar Schönherr, Eva Pflug, Wolfgang Völz, Claus Holm, Friedrich G. Beckhaus… – Musique Peter Thomas – Durée 7 x 60 minutes – Distribué par Rimini Editions (6 juin 2019).
L’histoire : En l’an 3000, la Terre est composée d’une seule nation, dirigée par un gouvernement mondial installé sous la mer. L’Humanité occupe désormais les diverses planètes du système solaire. Dans l’espace, le vaisseau Orion, appartenant à la patrouille de surveillance spatiale, est chargé de repousser les menaces extra-terrestres.
L’édition de Rimini

Technique : ★★☆☆☆
Interactivité : ★★★☆☆
Technique
Faute de master HD disponible, cette édition se base sur des master SD issus de la restauration effectuée en 2009 par la compagnie allemande Bavaria. De ce fait, l’image manque évidemment de précision, est marquée par des contrastes assez aléatoires, elle est par ailleurs, parcourue de poussières, griffures et autres tâches. Rien que de très normal cependant, vu la source utilisée. Pour autant, cette édition reste très convenable pour un visionnage en connaissance de cause.
La seule version française est proposée, elle est d’époque et surprend par son dynamisme, les dialogues étant particulièrement pêchus, tout comme la musique entraînante (obsédante ?) et rythmée de Peter Thomas. Pour le reste, les sons d’ambiance restent à la portion congrue, même si les Bip et autre onomatopées sonores font bien plaisir.
INTERACTIVITé
Un seul bonus présent dans cette édition, mais il donne la parole à l’inévitable Alain Carrazé. Qui de mieux placé pour évoquer Commando spatial, que ce spécialiste français historique et passionnant des séries télévisées. Il revient sur la présence timide de la SF sur les petits écrans français dans les années 60-70, l’origine du projet, sa conception, ses effets spéciaux inventifs, son thème musical marquant, le statut culte de l’oeuvre en Allemagne, mais aussi son accueil assez tiédasse en France, et la remet en perspective par rapport à sa jumelle : Star Trek, deux projets ayant été développés en même temps par le plus grand des hasards.
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