[Be Kind rewind] LA POUPEE DE SATAN de Ferruccio Casapinta (1969)

De toutes les propositions éditoriales faites jusqu’à aujourd’hui par l’indispensable éditeur Le Chat qui fume, La Poupée de Satan (La bambola di Satana en VO) n’est pas l’oeuvre la plus connue, ni la plus remarquable artistiquement parlant et encore moins la plus aboutie en termes de qualité. Pour autant, si le matou crapoteur a bossé dessus, c’est de toute évidence que le film mérite qu’on y jette un œil plus que distrait.
En premier lieu, il est à signaler que de poupée de Satan, il n’y en a guère dans ce long-métrage réalisé par Ferruccio Casapinta à la fin des années 60. Le seul du réalisateur d’ailleurs. Titraille accrocheuse pour attirer le chaland ? Sans aucun doute. Il n’empêche que l’on est moins en présence d’un film de possession que d’un giallo aux accents gothiques dans lequel on se trouve plongé dans une machination sur fonds d’héritage, une intrigue à tiroirs avec une poignée de personnages secondaires, tous des suspects potentiels, et une résolution abracadabrantesque et spectaculaire… Rien n’est épargné au spectateur dans cette Poupée de Satan qui ne brille guère par son scénario. En revanche, même si le côté technique du film présente de nombreuses approximations en tous genres (faux-raccords, montage très inégal, choix de filtres douteux…), on ne peut lui enlever une certaine patine visuelle, une utilisation remarquable des couleurs et même une certaine élégance dans ses éclairages et ses décors. Des éléments que l’on doit essentiellement au directeur de la photographie, Francesco Attenni, qui aurait apparemment assez nettement participé à la réalisation du film, en lieu et place d’un Ferruccio Casapinta aux abonnés absents. Car en dépit de ses nombreux défauts, on ne peux pas nier ressentir un petit plaisir coupable à la vision de La Poupée de Satan.

Complots de famille

Le film baigne dans une ambiance à la fois gothique, par ses décors, et érotique en grande partie grâce à la présence d’Erna Schurer, actrice croisée dans Le Monstre du château de José Luis Merino (1970) et dans Nue pour l’assassin d’Andrea Bianchi (1975), filmée ici aussi souvent que possible en nuisette, et déambulant dans les couloirs du château en prenant son air le plus inquiet au sein de rêves vaporeux et coquins. Il ne faudra pas se montrer trop regardant sur une intrigue laissant la part belle aux mécaniques de machination, car l’ensemble est bien trop naïf et trop peu huilé pour emporter l’adhésion, ou tout simplement maintenir l’intérêt. Un constat qui prend encore davantage de poids quand on se rend compte que le générique ouvrant le film, présentant un patchwork d’images de l’intrigue, en dévoile déjà beaucoup trop. Ou comment se tirer une balle dans le pied… Au demeurant, comme indiqué précédemment, on peut néanmoins s’amuser devant cette Poupée de Satan, qui constitue une petite série B italienne besogneuse et qui n’hésite pas à multiplier les directions et bifurcations scénaristiques/artistiques dans un grand mélange entre giallo, film gothique, de monstre… assez peu harmonieux mais jubilatoire, associant une salle des tortures secrète, un assassin au maquillage horrifique ou encore un coup de théâtre final digne de Fantomas. Le film gagne en efficacité et en générosité mal dosée ce qu’il perd en cohérence. Une oeuvre mineure qui sonnait d’ailleurs le glas du giallo à l’ancienne, puisqu’un an après, allait sortir L’Oiseau au plumage de cristal de Dario Argento, qui allait rabattre les cartes et moderniser le genre…


LA POUPÉE DE SATAN
Ferruccio Casapinta (Italie – 1969)

Genre Giallo/Horreur – Interprétation Erna Schurer, Roland Carey, Aurora Batista, Ettore Ribotta, Lucie Bomez… – Musique Franco Potenza – Durée 90 minutes. Distribué par Le Chat qui fume (10 mars 2019).

L’histoire : A la mort de son oncle, Elizabeth Balljanon, accompagnée de Jack, son fiancé, journaliste, et d’un couple d’amis, se rend dans le sud de la France pour la lecture du testament. Unique héritière, Elizabeth se retrouve propriétaire du château des Balljanon et des terres environnantes. Mais une malédiction ancestrale semble planer sur la famille et, chaque nuit, la jeune femme est en proie à de terribles cauchemars dans lesquels un homme masqué la torture dans les catacombes…


L’édition du Chat qui fume

Technique : ★★★★☆
Interactivité : ★★★☆☆

Technique
Pour un film mineur comme La Poupée de Satan, Le Chat qui fume applique la politique maison : à savoir proposer une édition digne des plus grands chef d’oeuvres. Et l’on se retrouve dès lors avec une copie absolument splendide d’un titre qui n’en demandait pas tant (quoique…). On devine un travail de restauration de l’image phénoménal tant la copie présentée est tout simplement limpide, dotée de contrastes fermes et de couleurs fracassantes. Les défauts sont quasi absents.
L’unique piste originale italienne a semble-t-il elle aussi subi un beau lifting puisque le résultat proposé en DTS Master Audio 2.0 est ultra précis, ce qui permet de profiter de dialogues clairs et nets, et de laisser la part belle à la musique. A noter que cette-dernière est disponible dans son intégralité à l’écoute, tout comme les effets sonores du film, au sein d’une piste musicale isolée.

Interactivité
Intervenant régulier des titres du Chat qui fume, Francis Barbier, du site Devildead.com, revient en une trentaine de minutes sur les à côtés du film dans un module joliment intitulé “Satan l’Habite” (évidemment !). Même si ce spécialiste du cinéma de genre italien reconnaît de nombreuses faiblesses au film, il trouve néanmoins matière à en relever les points positifs et argumente sur l’intérêt de le (re)découvrir. Surtout dans une édition aussi prestigieuse. C’est une fois encore très érudit, passionnant et donc indispensable.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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