[Critique] THE BOAT de Winston Azzopardi


Quand le scénariste et cinéaste maltais Winston Azzopardi décide d’allonger la sauce suite à la belle réception de son court-métrage The Head (2016), cela donne The Boat, survival en milieu maritime interprété par son fils Joe Azzopardi, coauteur du scripte.
Un jeune pêcheur parti au large dans la Méditerranée découvre un voilier inconnu et déserté. Il s’y retrouve progressivement prisonnier… Voilà en quelques lignes le pitch très « conceptuel » de The Boat, un huis-clos sur les eaux dont on devine aisément le potentiel pour alimenter un très bon court-métrage, l’étirement au long pouvant paraître risqué. Mais dans le sous-genre du survival, qui plus est maritime, il suffit de peu pour happer le spectateur. On pourrait citer les excellents Triangle de Christopher Smith (2009) et All Is Lost de J.C. Chandor (2013). The Boat pourrait d’ailleurs être un bon mélange des deux, entre le pitch de base du second et l’aspect fantastique du premier, même s’il serait dommageable d’en révéler davantage sur l’aspect surnaturel supposé du film de Winston Azzopardi. C’est en effet tout l’intérêt de The Boat, de laisser planer le doute tout le long du film sur l’origine des mésaventures de l’infortuné pêcheur, coincé sur un voilier qui semble ne pas vouloir le laisser partir. Se situant quelque part entre Christine de John Carpenter et Duel de Steven Spielberg, toutes proportions gardées, The Boat multiplie les pistes : Paranoïa du héros ? Navire hanté ? Boucle temporelle faisant coexister deux temporalités différentes ? La force du film est de justement ne jamais répondre clairement à ces questions, laissant le soin au spectateur de se faire sa propre opinion. Une démarche qui pourra agacer les amateurs d’explications limpides, mais qui constitue pourtant l’intérêt central du film.

Calme blanc
A la caméra, Winston Azzopardi ne démérite pas. Dans un style sans esbroufe, il filme (quelques) très beaux paysages maritimes et iconise son voilier fendant l’eau, lui conférant une « personnalité », telle une entité qui se mue progressivement en menace. Il fait également bonne figure dans sa gestion de l’espace, au sein de son décor unique, qu’il exploite remarquablement bien, multipliant les angles de prise de vue dans des espaces de plus en plus étriqués dans lesquels se retrouve enfermé Joe Azzopardi (les toilettes, les différentes trappes). On trouvera néanmoins à redire sur les différentes péripéties de l’intrigue, un peu trop mécaniques, voire tirées par les cheveux dans leur enchaînement. La mise en scène de Azzopardi trouve par ailleurs ses limites dans une séquence de tempête prévisible, mais rendue décevante à l’écran, la faute à un surdécoupage et à un manque de visibilité (la scène se passe de nuit) censés probablement masquer un manque de moyens évident. En comparaison, J.C. Chandor s’en sort sort nettement mieux dans ce qui constitue l’une des scènes fortes de All Is Lost, avec, cependant, un budget légèrement supérieur.
Dégraissé de toute forme de psychologie et d’informations superflues liées à son personnage, The Boat est un survival minimaliste qui marque l’esprit par son efficacité et le respect de son cahier des charges. Rien de plus. On n’en attendait pas forcément davantage…

THE BOAT Winston Azzopardi (Malte/Royaume Uni – 2018) |
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Genre Thriller/Survival – Avec Joe Azzopardi – Musique Lachlan Anderson – Durée 88 minutes. Distribué en Blu-Ray/VOD par Metropolitan Filmexport (25 janvier 2020). Synopsis : Un marin est prisonnier d’un vaisseau fantôme perdu au milieu de la Méditerranée. |
Rien à ajouter, tu as tout dit et fort bien dit !
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