[Critique] ALL IS LOST de J.C. Chandor

ALL IS LOST de J.C. Chandor

ALL IS LOST de J.C. Chandor

Dans le domaine balisé du Survival, tout a déjà été fait. Les propositions nouvelles manquent sérieusement de crédibilité et/ou d’originalité. Sûrement parce que leurs auteurs cherchent tellement à étonner qu’ils en oublient la raison d’être du genre et les règles qui le régissent : Deux univers qui s’opposent, un ou plusieurs protagoniste(s) confronté(s) à un environnement hostile, bien souvent un retour aux instincts primaires pour envisager une porte de sortie… Bref, la survie comme seul objectif. J.C. Chandor applique la formule à la lettre dans All is lost. Robert Redford, septuagénaire embarqué sur son voilier, doit user de toute son imagination et de son instinct de survie pour échapper à une mort promise suite à la collision de son navire avec un improbable container perdu au milieu de l’océan Indien. Le cinéaste, dont c’est le second long-métrage après Margin Call en 2011, joue à merveille la partition de l’être face à la nature. Si l’on excepte un prologue en voix-off qui ne s’imposait pas, All is lost est quasiment irréprochable durant 1h40.  Le spectateur est véritablement en immersion avec le naufragé dont on ne saura d’ailleurs absolument rien, car l’essentiel n’est pas là. La réussite du film tient essentiellement dans cette voix empruntée par J.C. Chandor, également auteur du scénario, celle d’une intrigue simple, sans aucune afféterie ni information superflue, presque conceptuelle. C’est ce qui fait tout son sel, son efficacité, son authenticité. Les événements se suivent, les péripéties s’enchaînent, mais le spectateur n’a jamais d’avance sur le protagoniste, et subit dès lors chaque épreuve, le souffle coupé.

ALL IS LOST de J.C. Chandor

Expérience et fragilité

Si, comme vu plus haut, les mécanismes du film de survie sont brillamment respectés, All is lost dispose également d’un atout indéniable en la présence de sa vedette. Robert Redford, 77 ans, apporte avec beaucoup de générosité, toute la crédibilité nécessaire au rôle. Loin, très loin d’un Tom Hanks bavassant jusqu’à l’overdose dans Seul au monde, Redford n’ouvre pour ainsi dire pas la bouche en 1h40 de métrage. Une performance obligeant l’acteur/cinéaste à s’exprimer uniquement par la gestuelle et l’action. Le résultat est d’une force hallucinante, et surtout, d’une logique implacable pour la cohérence du projet. Personnage mutique, tel un roc, l’homme donne à voir toute sa maturité, son expérience de la vie, en ne cédant jamais à la panique, faisant face aux épreuves, encaissant les coups du destin la mâchoire serrée, même dans les instants les plus désespérants et désespérés. Revers de la médaille, mais plus-value magnifique pour le film, la fragilité physique de ce septuagénaire, tout navigateur qu’il puisse être, est une autre trouvaille remarquable. Si l’homme ne cède pas à la panique, chaque action physique réclame de sa part un effort supplémentaire dû à son âge, renforçant à la fois le suspense et l’émotion dégagée par le personnage. All is lost propose d’impressionnantes scènes de tempêtes, laissant le personnage sur le carreau, tout à sa douleur physique, son désarroi naissant et sa dignité permanente.  Au sein d’un film de survie dépourvu de tout superflu (si ce n’est quelques images sous-marines qui ne s’imposaient pas), radical, primaire et qui va droit au but, Robert Redford rappelle que le cinéma américain peut encore compter sur lui.


ALL IS LOST
J.C. Chandor
(USA – 2013)

Note : 4Genre Survival maritime – Interprétation Robert Redford – Musique Alex Ebert – Durée 106 minutes.

L’histoire : Au cours d’un voyage en solitaire à travers l’océan Indien, un homme découvre à son réveil que la coque de son voilier a été percée par la collision avec un container à la dérive. Le début d’une lutte acharnée pour sa survie commence alors…

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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