[Critique] DREAMKATCHER de Kerry Harris


A une lettre près, Dreamkatcher de Kerry Harris pourrait passer pour une nouvelle adaptation de l’oeuvre homonyme de Stephen King, déjà transposée au grand écran par Lawrence Kasdan en 2003 pour un résultat très mitigé. Sauf que non, on est en présence d’un film original… Quoique…
Des photocopies… Des démarcations timides… Des relectures paresseuses… Le cinéma fantastico/horrifique actuel brille par son conformisme et ses recettes éprouvées, épongées jusqu’à la dernière goutte. On ne cesses de le répéter, de le regretter, mais force est de constater qu’au sein de l’afflux conséquent des sorties vidéo et l’abondance de la VOD, les séries B du genre se suivent et se ressemblent quasiment toutes afin de faire face à la demande toujours plus grande (et pas forcément plus exigeante…). C’est comme ça, on y prend ce que l’on veut, on jette le reste, bref, on consomme ! Dreamkatcher, premier long-métrage réalisé par Kerry Harris, est une nouvelle illustration de ces petits films sans grande ambition artistique, dotés de budgets riquiqui, destinés avant tout à effrayer (?) ou tout au moins à distraire… Première surprise, on y retrouve au générique Rahda Mitchell, qui vient se rappeler à notre bon souvenir de Pitch Black de David Twohy et Silent Hill de Christophe Gans. La belle a quelque peu perdu la main sur sa carrière depuis quelques années, mais c’est avec plaisir qu’on la retrouve devant la caméra de Kerry Harris, ainsi qu’au poste de productrice exécutive du film, casquette partagée par l’inévitable Lin Shaye, dont la carrière a été sérieusement boostée depuis son rôle de médium dans la série à succès Insidious, mais qui se retrouve depuis cantonnée aux films horrifiques. Deux cautions fortes, au côté de l’inusable Henry Thomas (ET l’extraterrestre, The Haunting of Hill House) dont la participation reste ici relativement anecdotique.

Rêver, c’est ce qu’il y a de plus beau…
Un casting rompu au genre pour apporter du souffle ou de la personnalité à ce Dreamkatcher ? Pas nécessairement, malheureusement… Le film de Kerry Harris charrie une fois encore des monceaux de clichés à la pelle, de situations convenues et archi-rebattues. Seule originalité (toute relative), la volonté de mettre en avant les attrape-rêves, ces bibelots bizarres censés repousser (ou attiser) les mauvais esprits. Une astuce scénaristique qui, malheureusement, ne fait pas longtemps illusion, car, à l’image des nombreux objets hantés servant de prétexte et de porte d’entrée aux puissances maléfiques dans notre monde, l’utilisation et la gestion de l’attrape-rêves, au potentiel évocateur évident, n’est jamais réellement exploité autrement que comme un gadget. Une forme de caution scénaristique pour un récit plombé par une histoire convenue, portée par cette mère de famille (Mitchell), retirée avec son fils dans une maison au milieu des montagnes. Il est ici encore question d’être malveillant, de cas de possession, sur fond de trauma familial pour l’éternel gamin assez insupportable et une Lin Shaye interprétant son éternel rôle de “celle-qui-sait-mais-qui-va-finir-par-y-passer” (désolé pour le spoiler…) Les scènes horrifiques se succèdent, parsemées de quelques jump-scares, au sein d’un rythme général néanmoins assez indolent, le temps d’admirer quelques jolis plans et un joli travail sur la lumière. Des aspects techniques qui ne suffisent pas à relever l’intérêt du film même si, une fois de plus, et compte-tenu de la modestie du projet, il serait malhonnête de considérer que Dreamkatcher est foncièrement mauvais, il prend juste sa place dans la longue file d’attente des énièmes avatars destinées à alimenter les bacs vidéos et les chaînes de VOD. L’absence de fond, d’envergure et d’ambition contraint ce genre de production à ne pas dépasser son statut de série B anecdotique. Le pire, c’est qu’on n’y frissonne mais pas… Next !
DREAMKATCHER Kerry Harris (USA – 2020) |
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Genre Horreur – Avec Rahda Mitchell, Henry Thomas, Finlay Wojtak-Hissong, Lin Shaye, Jules Willcox, Joseph Bishara, Duncan Foster-Allen… – Musique Joseph Bishara – Durée 85 minutes. Distribué par Metropolitan (10 août 2020). Synopsis : Gail est psychothérapeute à Manhattan. Elle part s’installer quelques temps au calme dans les montagnes avec son beau-fils Josh qui souffre de terribles cauchemars. Ils ne tardent pas à rencontrer leur étrange voisine Ruth qui collectionne les attrape-rêves. Quand Josh lui dérobe l’un d’entre eux, ses cauchemars disparaissent mais son comportement en est profondément modifié… |
L’édition Blu-ray de METROPOLITAN

Technique
Bon, si on n’est pas franchement emballé par le film, c’est le moins que l’on puisse dire, on ne peut que saluer le travail toujours assez exemplaire de Metropolitan qui traite ces petites séries B avec beaucoup de sérieux. A ce titre, l’image de cette édition est vraiment magnifique, dotée d’un piquet précis et d’une définition irréprochable, avec des contrastes solides. Franchement, un écrin magnifique qui apporte une touche extrêmement positive au film.
Les deux versions proposées (anglaise et française) profitent de pistes DTS HD Master audio 5.1 et là aussi, le bilan technique est extrêmement convaincant. Sans faire des étincelles, la partie son se révèle suffisamment ample et dynamique pour séduire. Les dialogues ne manquent pas de pêche sur les deux pistes, l’ambiance sonore enregistre de son côté quelques sursauts de puissance à faire bondir de son fauteuil.
Interactivité
Néant.
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