[Critique] WAR GAMES de Cosimo Alema

C'est pas ma guerre...

Difficile de ne pas avoir quelques sérieuses réserves face à la jaquette proprement hideuse de ce War Games distribué par Universal dans nos contrées. Affublé d’un visuel moisi et d’un titre pour le moins passe-partout, rabâché et trompeur, ce film italien tourné en langue anglaise par Cosimo Alema vaut pourtant bien mieux que cette première approche…
Contre toutes attentes, c’est bien à un survival que nous avons à faire. Des jeunes venant s’adonner à leur passion pour l’“Airsoft” (sorte de paintball à billes) paumés dans une forêt, un soleil de plomb et des anciens soldats dégénérés qui les coursent avec des intentions malveillantes. Pas de doute, on nage en plein schéma de survival. Ca n’est pas dans son scénario archi-rabâché que Cosimo Alema va impressionner. Là où le film prend de la hauteur, c’est dans sa facture visuelle. Ancien clippeur, le cinéaste italien offre un rendu visuel brillant et assez inédit dans ce type de productions.

La guerre est déclarée

Dès la première séquence, présentant deux hommes encapuchonnés sous la pluie camouflant des mines anti-personnelles, le réalisateur pose ses jalons. Les cadres sont travaillés, la photo est magnifique… Oscillant entre l’ocre et le brun, les teintes automnales de l’image apportent une ambiance crépusculaire et suffocante au film. Cosimo Alema fait fructifier cette ambiance visuelle avec une mise en scène elle aussi très maîtrisée. Peu de plans larges et de champs/contre-champs basiques, le cinéaste opte pour la caméra portée, toujours en mouvement, tentant même quelques prises de vues audacieuses avec ses contre-plongées radicales, faisant par ailleurs intervenir de nombreux inserts sur les éléments entourant nos jeunes victimes : insectes, plantes, animaux… jouant au maximum la carte de l’immersion, au risque de passer pour un Terrence Malick du pauvre. Force est de constater en tout cas que l’ensemble fonctionne très bien. A plusieurs coudées au-dessus des survivals habituels, Alema ne se contente pas d’illustrer son scénario, mais semble désireux d’apporter une vraie proposition de cinéma dans le cadre souvent bon marché des films de genre à petit budget, qui plus est en DTV.

War Games

Mises à mort

L’interprétation des comédiens est au diapason de la réussite technique incontestable. Bien que les stéréotypes ne soient jamais loin (la sœur “fofolle” de l’héroïne, le guerrier et sa véritable arme à feu dissimulée, le héros effacé), les jeunes acteurs, très bien dirigés, offrent une certaine justesse dans leur jeu. Mention spéciale à Stephanie Chapman-Baker, dont l’évolution attendue : timide et contre toute forme de violence au début, laissant place à une attitude vengeresse qui se retourne contre ses agresseurs, est appuyée par un timbre de voix étonnamment grave, apportant un caractère masculin à son personnage. Au rayon des débordements gores, les mises à mort sont plutôt brutes, jouant la carte du réalisme. D’ailleurs, les armes à feu ont la part belle lors des exécutions, même si quelques égorgements et coups de machette complètent le tableau de cette chasse à l’homme à ciel ouvert.
Au final, on pourra reprocher au film une longueur un peu excessive rapport à son propos qui s’étiole et patine dans la seconde moitié. De même, les chasseurs bourreaux manquent un peu de charisme en dépit de sacrées trognes de tueurs. Mais l’ensemble emporte assez nettement l’adhésion, ce War Games constituant une série B de grande qualité, que l’on pourra placer dans le haut du panier des productions du genre, ne serait-ce que pour sa facture visuelle très aboutie. Le meilleur moyen d’entrer dans le film est peut-être de ne rien en attendre, et en cela, les distributeurs ont tout compris en le dissimulant derrière sa jaquette hors-sujet… CQFD !

Note : 3.5 sur 5.
WAR GAMES – AT THE END OF THE DAY
Cossimo Alema (Italie – 2011)
Genre Survival – Avec Stephanie Chapman-Baker, Sam Cohan, Valena Kane… – Musique Anja Plaschg et Nico Vascellari – Durée 93 minutes.

Synopsis : Une bande de jeunes part en forêt faire une partie de airsoft, un jeu de rôle guerrier qui tourne au cauchemar sanglant… L’équipe découvre un campement caché au plus profond de la forêt et se retrouve pourchassée par un groupe d’anciens soldats lourdement armés.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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