[Critique] THE BUTTERFLY ROOM de Jonathan Zarantonello

THE BUTTERFLY ROOM

THE BUTTERFLY ROOM

Au sein de la programmation de cette deuxième édition du PIFFF, et plus particulièrement dans la section compétition, de nombreux films présentaient la particularité d’être ultra référentiels. Parmi ceux-ci, le plus assumé était certainement ce Butterfly Room. Ce dont ne se cache d’ailleurs pas le réalisateur Jonathan Zarantonello, qui affiche ouvertement l’orientation sous influence de son premier long-métrage. Le cinéma fantastique italien de Dario Argento et Mario Bava notamment, mais également les films d’horreur hollywoodien des années 80, sont ainsi convoqués dans un même élan pour un mélange des genres étonnant, qui accouche d’une œuvre résolument bâtarde… et boiteuse. Premier (et principal) élément référentiel, la présence de Barbara Steele évidemment, dans le rôle central d’une vieille femme étrange, Ann, qui accueille et s’occupe de jeunes filles, tout en pratiquant son hobby favori : conserver et collectionner les papillons. Tout le passif cinématographique de la Diva du gothique fait irruption dans ce Butterfly Room. Face à elle, Zarantonello soigne son casting en réunissant des « Gueules » du cinéma américain fantastique et d’horreur des années 80/90 : Ray Wise (Twin Peaks), Heather Langenkamp (Les Griffes de la Nuit), Adrienne King (Vendredi 13), et même ce bon vieux Joe Dante, venu interpréter un rôle furtif de chauffeur de taxi. Que ce soit dans son casting, mais également son traitement général, ses choix visuels et de narration, The Butterfly Room emprunte un peu partout comme un vaste hommage rendu par le cinéaste aux auteurs et films qui l’ont marqué. Un choix louable, que Zarantonello, malgré toutes ses bonnes intentions, ne parvient jamais à transcender.

THE BUTTERFLY ROOM

Des références écrasantes

Dans Butterfly Room, le cinéphile aura l’occasion de relever de nombreuses références qui lui sont principalement adressées, puisque de nombreux clichés et clin d’oeils parsèment le film. Pourtant, à aucun moment Jonathan Zarantonello ne s’affranchit de cette accumulation de lieux communs pour apporter quelque chose de plus, une vision personnelle, qui laisserait entendre qu’il a bien digéré ses influences pour en nourrir son cinéma. Non, on a clairement à faire ici à une opération de recyclage sans grand génie. Un sentiment de superficialité qui plus est handicapé par la narration de l’histoire. Si Zarantonello a recourt aux flash-backs pour mener son intrigue, revenant sur le passé trouble d’Ann, ses rapports étranges avec sa fille et avec la jeune Alice, la déstructuration du récit ne se fait pas sans heurts. Elle est même assez maladroite. Utilisant une photo aux teintes jaunâtres pour évoquer les années 70, et une bonne dose de fond de teint pour rajeunir artificiellement Barbara Steele, le cinéaste emboîte ses allers-retours dans le temps sans s’embarrasser d’effets de transitions. Au risque de perdre le spectateur et que ce-dernier décroche de l’histoire et de ses enjeux, au sein de ce va et vient temporel incessant. Le film n’est par ailleurs pas aidé par une direction d’acteur et donc une interprétation très aléatoires. Barbara Steele, très attendue dans un rôle central depuis des lustres, fait elle-même pâle figure au milieu de partenaires guère plus convaincants. Enfin, le climax du film, dans lequel les révélations attendues (et déjà perçues bien en amont par le spectateur attentif) sont révélées, ne parvient pas non plus à conclure ce Butterfly Room sur une bonne note, tant il est se vautre dans une certaine forme de gaudriole a priori pas volontaire. Un coup d’essai plutôt raté pour le pourtant fort sympathique Jonathan Zarantonello…


THE BUTTERFLY ROOM
Jonathan Zarantonello (USA – 2012)

Note : 1.5Genre Fantastique – Interprétation Ray Wise, Barbara Steele, Heather Langenkamp… – Musique Aldo De Scalzi et Pivio – Durée 84 minutes.

L’histoire : Vieille dame élégante et acariâtre, Ann cultive un fétichisme étrange pour les papillons, qu’elle collectionne dans une pièce aménagée abritant certains spécimens plus… humains.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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