[Critique] DEMAIN QUAND LA GUERRE A COMMENCE de Stuart Beattie
Adapté du livre pour adolescents éponyme de John Marsden, Demain quand la guerre a commencé montre comment une bande de jeunes ados australiens, biens sous tous rapports, vont être confrontés à la pire des situation, contraints de se dépasser et de se faire violence dans tous les sens du terme, pour survivre dans un contexte de guerre. Le pitch de ce premier film en tant que réalisateur du scénariste Stuart Beattie (Pirates des Caraïbes, Gi Joe, ouh là… mais aussi de 30 Jours de nuit et Collateral, ah ouais…) rappelle ouvertement la trame du classique de 1984, L’Aube Rouge de John Milius, avec Patrick Swayze, Charlie Sheen ou encore Jennifer Grey. Coïncidence troublante, un remake du film de Milius doit arriver sur les écrans dans les mois qui viennent…
Cette parenté mise à part, Demain… a le net avantage de débarquer en avance, même si c’est chez nous directement en vidéo. Etonnant vu le potentiel commercial indéniable de ce survival guerrier pour les nuls, destiné à poser les bases d’une fructueuse franchise.
Évacuons d’emblée ce qui fâche avec ce Demain… Le film souffre, et c’est absolument subjectif, d’un manque de crédibilité dans tous les compartiments. Outre la trame de base trèèèèès casse-gueule, le scénario développé par Stuart Beattie se prend gamelle sur gamelle, se vautrant à intervalles réguliers dans les ornières d’un manque criant de réalisme, réclamant de la part du spectateur une bonne dose de crédulité, voire de naïveté pour parvenir à accrocher à l’action. Passons rapidement sur le postulat qui voit des jeunes tous plus caricaturaux les uns que les autres (la fille forte, la catho coincée, la blonde bimbo écervelée, le beau gosse pleutre, le rigolo de service, l’asiatique sous estimé…) se sortir subitement les doigts du fondement, pour prendre en main pas tant leur propre survie, que la défense et la libération du pays, rien que ça. Dur à gober, mais à la limite, pourquoi pas…
Mais l’adhésion à un tel concept est rendu d’autant plus improbable, que les actions et actes de bravoure qui se succèdent à l’écran sont tous plus invraisemblables les uns que les autres. De la réaction ultra lucide de l’héroïne de faire exploser la tondeuse pour zigouiller une poignée de soldats ennemis, au plan ultra mongolo-foireux consistant à faire sauter un pont à l’aide d’un camion-citerne, le tout en lâchant un troupeau de vaches sur ledit pont, on est clairement confronté à du grand n’importe quoi en roue libre.
La petite vadrouille
Jamais, si ce n’est dans ses premières séquences bucoliques, le film ne dispose d’une once de crédibilité. Et le public vers lequel se tourne Beattie avec cette première réalisation est clairement constitué des mêmes ados que l’on voit à l’écran, et que l’on souhaite autant débrouillards en cas de conflit (c’est vrai, à quoi bon envoyer des troufions surentraînés quand on peut balancer la jeunesse nationale au front !) Et que dire des pseudos envahisseurs ennemis, présentés comme de dangereuses silhouettes surarmées, qui se font finalement avoir comme des bleus… Le problème, c’est que le public, jeune ou moins jeune, est clairement pris pour une buse pendant les 1h40 que dure le film… Certains accrocheront sûrement à cet improbabilité scénaristique, tant mieux pour eux.
Le sentiment de gâchis qui ressort de l’entreprise est encore renforcé par l’implication de Stuart Beattie dans son film. Outre quelques scripts sacrément bons signés de sa main (voir plus haut), le cinéaste laisse entrapercevoir avec cette première mise en scène un sacré don pour la réalisation. Sur un plan strictement visuel, le film est superbement tenu. Les cadrages sont stupéfiants, les scènes d’action plutôt bien pensées et rythmées, Beattie n’hésitant jamais à iconiser à mort ses personnages (dans des incrustations pas toujours heureuses, mais bon…). Toute la première partie du film est un régal pour les yeux, avec ces longues scènes dans la nature australienne.
Clairement, Beattie propose un grand film de cinéma sur le seul plan de la forme, qu’il est d’ailleurs bien dommage de ne pas découvrir sur un grand écran. Sur la question du fond, en revanche, c’est une autre histoire… On verra dans le probable deuxième opus si Beattie (s’il est encore aux commandes) a de la suite dans les idées…
DEMAIN QUAND LA GUERRE A COMMENCE
Stuart Beattie (Australie – 2010)
Genre Guerre pour neuneus – Interprétation Caitlin Stasey, Rachel Hurd-Wood, Lincoln Lewis… – Musique Johnny Klimek et Reinhold Heil – Durée 103 minutes. Distribué par Metropolitan.
L’histoire : Un groupe d’adolescents partis en camping découvrent à leur retour que leur pays a été envahi par une armée étrangère. Face à cet ennemi de l’ombre ils décident de prendre les armes. Pour eux, leur guerre vient de commencer…
Je trouve le film moyen mais j’ai marché…
Et bizarrement je n’avais jamais vu le Milius, du coup, je me suis fait ça et j’ai trouvé ça super nul…
Je préfère celui là…
Mais je ne vois pas de quoi tu parles quand tu évoques d’énormes invraisemblance…
ça ne m’a pas frappé…lol
J’aimeJ’aime
Je parle de crédibilité globale, et d’actions invraisemblables avant tout… Le film pose un sérieux soucis de crédibilité. Après, en effet, c’est quelque chose de purement subjectif, mais voir des jeunes réagir comme il le font face à une telle situation me fait penser qu’on prend le spectateur pour un c… Les voir agir comme d’anciens militaires sur le retour brise complètement tout le réalisme du film… En fait, ce que j’aurais aimé voir, c’est cette transformation de jeunes ados obligés de se prendre en main et de faire fasse à l’horreur d’un conflit. J’aurais aimé davantage de questions, de réflexion, de craintes et de peur de leur part. De l’émotion quoi ! Mais jamais Stuart Beattie ne donne ça à voir. Son projet c’est de faire de la gueguerre popcorn pour un public adolescent. Et c’est bien dommage ! Surtout quand la réalisation est ici clairement maîtrisée ! 😉
J’aimeJ’aime