[Critique] GREAT WHITE de Martin Wilson

Crocs blancs...

Un nouveau film de requin nous arrive directement d’Australie, patrie du croquage de surfeurs par excellence. Le bien nommé Great White est le premier long-métrage de Martin Wilson, jeune cinéaste que l’on devine bien conscient de l’appétit insatiable du public pour les squales affamés sur grand écran…
Great White s’avance dans le sillage des survivals à machoires du type The Reef, Instinct de survie, voire 47 Meters Down, qui misent beaucoup sur le « réalisme » des situations pour faire frissonner le spectateur. Et histoire de ne prendre aucun risque, le scénariste Michael Boughen (producteur de l’excellent The Loved Ones et du terriblement bof Demain, quand la Guerre a commencé) s’applique à régurgiter à peu près tous les poncifs et lieux communs du genre. Un groupe de personnages mêlant des caractères bien trempés et fort différents sont contraints de s’entraider (et de se supporter) face à un grand blanc qui n’a cure de leurs discordes pour privilégier son déjeuner. A travers ce court résumé, on tient là en condensé tout ce qui ne fonctionne pas dans Great White. Vouloir donner une psychologie aux personnages n’a jamais été un gain inaltérable de qualité, surtout s’ils sont dégrossis à la truelle. Ce qui est le cas ici. Entre le jeune couple bien sous tous rapports, elle est enceinte et lui encore marqué par l’attaque d’un squale, un second couple invité pour une sortie en mer, elle mutique à souhaite et lui tête de con comme c’est pas permis, et pour tenir la chandelle, l’aventurier à qui on la fait pas… Une belle brochette de têtes à claques aux interactions épouvantables et prévisibles à cent mètres à la ronde, qui plus est incarnés par les belles gueules de ciné : Katrina Bowden (Tucker & Dale fightent le mal, Piranha 2 3D) et Aaron Jakubenko. Impossible de s’attacher à ces pantins filmiques dont on peine à comprendre comment une telle écriture et une caractérisation si peut ambitieuse peut encore voir une concrétisation à l’écran… A l’image d’un Open Water 3 : Les Abîmes de la terreur de sinistre mémoire, Great White met un bon tiers de film à poser un contexte et des personnages imbuvables avant enfin, de faire sonner la cloche de la cantine à requins…

Champions d’apnée mon frère !

C’est clairement dans sa deuxième partie que le film de Martin Wilson gagne quelque peu en intérêt. Alors qu’un cadavre tout croqué est découvert dans une crique (avec son téléphone portable en état de marche, et vas-y que j’utilise le doigt du macchabé pour le déverrouiller en toute légèreté !) et que nos sympathiques héros se retrouvent coincés sur un radeau gonflable après le masticage d’un flotteur de leur hydravion, enfin, on peut commencer à s’inquiéter pour leur survie. Evidemment, les traits de caractère tracés au marteau piqueur et interactions entre les personnages continuent de gangréner la patience du spectateur, mais enfin, le requin pointe le bout de son aileron. Alors que les victimes se succèdent à un rythmé métronomique, sans qu’aucune surprise ne vienne gâcher le body count, on peut dès lors estimer que l’amateur saura y trouver son compte s’il met de côté toute notion d’exigence, et même si les apparitions du requin, tout de même la star de tout shark movie qui se respecte un tant soit peu, tantôt suggérées, tantôts démonstratives laissent apercevoir des effets numériques quelques peu baveux sur les bords. Mais rien n’est jamais perdu dans les films de requin, et il faut attendre le dernier quart d’heure pour que Great White gagne enfin ses galons d’œuvre WTF, que l’affriolante affiche nous avait promis : une baigneuse badass balance avec autorité une fusée de détresse dans la glotte du bestiau. Si près d’une issue favorable qui leur tend les bras (la découverte par les personnages ébahis de la plage toute proche est réalisée de manière involontairement risible par un très maladroit contre-champ…) les voilà pourtant à barboter dans l’eau, contraints d’affronter non pas un, mais deux requins vénères. S’affranchissant dès lors de toute notion de réalisme avec ces véritables champions toutes catégories d’apnée, le final totalement invraisemblable offre la confrontation tant attendue dans toute sa démesure irréaliste mais ô combien jouissive. Ouf, Great White nous procure un frisson, il était temps, on a failli attendre… Mais en amateur inconditionnel du genre, et à bien regarder le résultat, on ne peut s’empêcher de se poser la question : qu’est-on encore en droit d’attendre d’un film de requin aujourd’hui… ? Vous avez deux heures…

Note : 2 sur 5.

GREAT WHITE
Martin Wilson (Australie – 2021)

Genre Thriller – SCENARIO Michael Boughen – Avec Katrina Bowden, Aaron Jakubenko, Kimie Tsukakoshi, Tim Kano, Te Kohe Tuhaka… – Musique Tim Count – Durée 88 minutes. Distribué par Wild Side (9 juin 2021).

Synopsis : Un voyage touristique bucolique se transforme rapidement en cauchemar lorsque cinq passagers d’un hydravion se retrouvent coincés sur un canot de sauvetage après avoir été attaqués par un grand requin blanc. Dans une tentative désespérée de survie, le groupe essaie de rejoindre la terre avant de manquer de provisions ou de se faire dévorer par les requins affamés qui se cachent juste sous leurs pieds…

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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