[Critique] I, FRANKENSTEIN de Stuart Beattie
Frankenstein reloaded


Remettre au goût du jour un mythe du fantastique est une chose. Le moderniser de manière outrancière jusqu’à en trahir l’essence même en est une autre. I, Frankenstein s’inscrit dans cette deuxième catégorie. Pour le pire évidemment… Tiré d’un roman du comédien Kevin Grevioux, I, Frankenstein n’est pas à proprement parler une nouvelle adaptation de l’histoire imaginée initialement par Mary Shelley. S’il expose en accéléré les grandes lignes du récit original en tout début de film, c’est bel et bien pour évacuer les composantes essentielles au mythe et s’en affranchir pour explorer de nouveaux horizons. Dans la droite lignée de la saga Underworld (qui partage les mêmes producteurs, ceci expliquant cela) qui remettait au goût du jour de manière assez brutale le mythe du loup-garou en l’intégrant dans un univers “gotico-matrixien”, I, Frankenstein ne reprend finalement que le personnage de la créature pour le transposer dans une temporalité assez floue, et au beau milieu d’une lutte sanglante entre les gargouilles et les démons. Que les choses soient bien claires : Adam n’a plus rien à voir avec le monstre torturé que Shelley, mais également James Whale ou encore récemment Kenneth Branagh, nous donnaient à voir. D’ailleurs, le personnage en question dans cette nouvelle version aurait pu bénéficier d’une identité totalement différente que ça n’aurait choqué personne. Bien au contraire, le film aurait peut-être gagné en sympathie et en tolérance. Ce qui n’est, en l’état, pas le cas du tout.

Série B…as de gamme
Mis en scène par l’Australien Stuart Beattie, éminent scénariste (Collateral) et réalisateur du moyen Demain, quand la guerre a commencé, I, Frankenstein multiplie les mauvais choix esthétiques, une direction artistique aberrante et des circonvolutions scénaristiques d’une bêtise absolue. Bourré jusqu’à la gueule d’effets numériques, I, Frankenstein est visuellement hideux. Sans aucune innovation de mise en scène, le film de Beattie ne fait que recycler des pelletées de scènes d’action déjà vues. Le tout agrémenté de SFX envahissants, et malgré l’utilisation de maquillages traditionnels, eux aussi peu convaincants, faisant passer le tout pour un écœurant gloubiboulga particulièrement désagréable pour les yeux. Evidemment, en terme de scénario, adaptation signée de Kevin Grevioux lui-même, il ne faut pas attendre plus que l’ambition d’une série B bas de gamme, bourrée aux amphétamines. Là encore, ça ne vole pas plus haut qu’un vulgaire Underworld. l’intérêt de l’entreprise résidant dans l’offre de scènes d’actions pétaradantes, au demeurant plutôt bien ficelées, mais sans âme, et au service d’une histoire sans aucune ambition. Le tout interprété à la truelle par une bande de comédiens en roue libre et qui en font des caisses dans l’exagération. Quant à Aaron Eckhart, malgré une implication certaine dans le projet (le rôle d’une vie, putain !) il confirme son absence de charisme en se contentant de serrer les mâchoires et d’adopter un regard bovin. En dehors de toute attache à l’oeuvre de Mary Shelley, I, Frankenstein n’est qu’un film fantastique mâtiné d’action assez vulgaire, dont la médiocrité n’a d’égale que l’insignifiance. D’un intérêt proche du néant et à l’image de son héros : constitué d’une multitudes de morceaux emprunté aux autres, mais sans cœur ni âme…
I, FRANKENSTEIN. De Stuart Beattie (USA/Australie – 2013).
Genre : Fantastique. Scénario : Stuart Beattie, d’après le comics I, Frankenstein de Kevin Grevioux. Interprétation : Aaron Eckhart, Bill Nighy, Yvonne Strahovski, Miranda Otto, Jai Courtney… Musique : Johnny Klimek et Reinhold Heil. Durée 93 minutes. Distribué par Metropolitan.
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