[Critique] LA LEGENDE D’HERCULE de Renny Harlin
Débacle herculéenne !
2014 : Année herculéenne. Deux nouvelles versions du mythe ont déboulé avec fracas sur les écrans. La première, réalisée par Renny Harlin en début d’année, la seconde, torchée par Brett Ratner avec Dwayne Johnson il y a quelques semaines. La Légende d’Hercule a essuyé les plâtres. Cornaquée par Renny (Cliffangher, Au revoir à Jamais) Harlin, cette nouvelle version du mythe avait l’avantage de la primeur, et, ne nous le cachons pas, celui de retrouver le plus célèbre des metteurs en scène finlandais à l’œuvre. Qu’on aime ou pas les films du bonhomme, on ne peut lui enlever une honnêteté et un savoir-faire indéniable dans les scènes d’action, éléments qu’on est à peu près certain de ne pas retrouver chez l’ignoble Ratner. D’où une certaine forme de curiosité face à cette nouvelle réalisation d’Harlin, après tout de même quelques gros ratés ces dernières années (Le pacte du sang, Profession Profiler…)
God of war
Disons le d’emblée, La Légende d’Hercule n’est pas loin du ratage complet. Pourtant, d’entrée de jeu, Harlin met le paquet en terme d’esbroufe visuelle au sein d’une scène d’introduction jubilatoire. Un long plan séquence en CGI qui s’achève sur un combat bien violent. Plutôt prometteur. Lorgnant très largement du côté de ce qui se fait dans le genre depuis quelques années en terme de mise en scène et d’effets spéciaux, à savoir 300, Gladiator, la série Spartacus…, La légende d’Hercule revisite la mythologie de son héros en revenant à la source. Comment Hercule est-il devenu ce gros bourrin auteur des 12 travaux ? C’est ce que ce propose de nous conter Renny Harlin avec ses gros sabots d’artisan certifié maître en “actioners testostéronés”.
On ne sera pas surpris de constater qu’en terme d’histoire, les ambitions du film sont aux abonnés absents. D’une indigence rare, le scénario massacre la légende pour faire d’Hercule un homme honnête et bon, “romantico-pouet-pouet” et compagnie, qui roucoule gentillement avant d’être contraint de prendre les armes. Plus que revisiter la mythologie d’Hercule, Harlin et sa palanquée de scénaristes (trois quand même !) l’édulcorent à grand coup de bons sentiments et d’héroïsme de pacotille. Il faut voir notre bon gros héros terrasser un Lion de Némée, aux CGI médiocres, en deux temps trois mouvements, découvrir sa force en faisant voler deux blocs de pierre en carton et faire parler la foudre à l’aide d’une épée tout droit sortie du jeu vidéo God of war.
Harlin vs Ratner
Des morceaux de bravoure qui auraient dû sonner comme des passages incontournables du film, et qui se révèlent pourtant ratés dans les grandes largeurs par le réalisateur de 58 minutes pour vivre. Bon, n’enterrons pas non plus complètement Harlin. Il reste un artisan solide et emballe quelques séquences de combat plutôt bien chorégraphiées, en dépit de ralentis et autres afféteries de mise en scène un peu too much. Il n’empêche, ça reste agréable à suivre. Pour le reste, l’indigence de la distribution tire incontestablement le film vers le bas. Confier le rôle principal à Kellan Lutz (Beverly Hills, Twilight), au charisme aussi éblouissant qu’un mollusque, relève de la véritable erreur de casting. Face à lui, Liam McIntyre, rescapé de la série Spartacus, fait ce qu’il peut. Quand, de son côté, l’enthousiasmant Scott Adkins (Universal Soldier – Le jour du jugement, Zero Dark Thirty) compose un savoureux Roi Amphitryion, un bad guy grimaçant comme on les aime. Le véritable héros du film, c’est bel et bien lui !
En résumé, La légende d’Hercule est un péplum nouvelle génération décérébré, mais porté par quelques scènes d’action bien troussées, marque que son viking de réalisateur en a encore sous la pédale. Mais c’est bien insuffisant face à un scénario si peu ambitieux et un Hercule si peu convaincant. Finalement, l’option Dwayne Johnson n’aura aucun mal à convaincre chez Brett Ratner. A l’aune de la confrontation des deux mastodontes décérébrés, pas sûr que le spectateur sorte vainqueur…
LA LEGENDE D’HERCULE
Renny Harlin (USA – 2014)
Genre Péplum bourrin – Interprétation Kellan Lutz, Gaia Weiss, Scott Adkins, Liam McIntyre, Roxanne McKee – Musique Tuomas Kantelinen, Valère Kaletka, Jacques Saly, Mathieu Lavarenne et Pat Jabbar – Durée 91 minutes. Distribué par Metropolitan.
L’histoire : Espérant libérer le peuple de son mari, le redoutable roi Amphitryon, la reine Alcmène implore l’Olympe. Zeus, dieu de la guerre, lui accorde un fils, Hercule, mais l’origine secrète de l’enfant lui vaut d’être rejeté par le roi qui lui préfère son aîné, Iphiclès. Devenu jeune homme, Hercule tombe amoureux de la belle Hébé, mais Amphitryon a décidé de donner la princesse en mariage à Iphiclès…
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