[Critique] BABA YAGA de Caradog W. James

BABA YAGA de Caradog W. James

BABA YAGA de Caradog W. JamesCaradog W. James, le réalisateur de The Machine, petite production SF au format économique passée inaperçue (disponible sur Netflix), récidive en signant son troisième film, là aussi un Direct-to-video… Il s ‘agit d’un conte slave urbain sauce thriller fantastique nommé Baba Yaga.
Jess, sculptrice de renom, vient récupérer sa fille Chloé, placée en foyer. Après avoir broyé du noir pendant une période sombre de son existence d’artiste, le personnage interprété par Katee Sackhoff, la Starbuck de Battlestar Galactica (nouvelle génération), refait surface avec les ambitions d’une bonne mère de famille. Sauf que son ado de fille n’entend pas lui simplifier la vie. Cette dernière, pour fêter ces retrouvailles, fait une petite virée nocturne avec son petit ami Danny qui l’emmène pour une séance de frousse au bord de l’autoroute… Non pas pour un ride amoureux mais pour une visite impromptue d’une maison tristement célèbre, celle de Mary Aminov… La légende urbaine veut que la demeure soit habitée par une sorcière vorace qu’il ne faut surtout pas réveiller… Mais Danny n’est pas venu voir briller les étoiles… Il toque une fois à la porte pour réveiller la sorcière. Puis une deuxième fois pour la mettre en chasse. Chloé suit son boy-friend et fait de même. Riant aux éclats de leur farce puérile, les deux protagonistes regagnent leurs pénates respectives sans s’imaginer qu’ils deviennent à présent les proies d’un être maléfique…
Introduction terminée et le « Baba Yaga » fait son entrée. Jusque là, W. James se montre efficace à défaut d’être habile, il vient de nous présenter trois protagonistes et une entité surnaturelle suggérée. Visuellement, le ton oppressant est donné : une vielle bâtisse délabrée au bord d’une route, une famille qui tente d’oublier un passé trouble, une lumière sombre et bleutée de plus en plus présente. Le réalisateur affiche des intentions plutôt positives. Aucun doute sur le fait qu’on n’est pas en présence d’un James Wan (Insidious) ou d’un (et là je sais que mon rédac’chef ne va pas en revenir) Fede Alvarez et son remake d’Evil Dead (note du rédac’chef : « unbelievable !!! ») pour lesquels tout spectateur avisé reconnaît d’indéniables qualités formelles, mais on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise…

BABA YAGA de Caradog W. James

Trop d’intrigues tuent l’intrigue

Car il faut un bref instant revenir au sujet du film, ce Baba Yaga qui sert logiquement l’histoire secondaire (ou l’inverse…), celle d’une mère en proie avec ses démons, essayant de balayer son passé et renouer des liens forts avec sa fille. Le Baba Yaga, donc, est un personnage de conte populaire russe qui, dans les faits, a trois représentations et pour chacune d’elles, l’apparence d’une sorcière… et tout ça doit tenir dans 1h30 de métrage tout pile ! Il est donc difficile de rentrer dans les détails tant le réalisateur prend des raccourcis pour accéder aux différents nœuds dramatiques que vont soulever les personnages. Et ces derniers sont nombreux, en plus des trois cités plus haut : le Baba Yaga qui intervient à toutes les étapes du scénario, s’ajoutent ensuite une mystérieuse femme, modèle pour notre sculptrice de renom et qui lui offrira un pendentif protecteur, un policier sorti de nulle part mais ayant des liens étroits avec le foyer de jeunes dans lequel se trouvait Chloé (troisième intrigue?). Ces interventions se cumulent dans un mélange thriller policier/surnaturel auquel on finit par ne plus adhérer, le script est trop décousu et le montage parfois abrupt, les apparitions de la sorcière sont relativement succinctes (on parle tout de même d’une figure fantastique emblématique et riche de sens que l’on peut d’ailleurs retrouver dans de nombreux médiums) et les quelques jump-scare inefficaces. Les personnages sont quant à eux sous-exploités et leurs relations ne permettent pas de tisser de véritables enjeux dramatiques.

BABA YAGA de Caradog W. James

L’ économie des bonnes idées

Globalement, le film perd sa saveur au fil des minutes qui s’écoulent et même si les effets spéciaux, plutôt sobres et bien travaillés, sont à l’avantage d’une mise en scène simple et cohérente, quelques plans restent indigestes. Inutile de s’attarder sur le jeu des acteurs qui, sans être mauvais, n’arrivent pas à élever le niveau du film (Katee Sackhoff en tête).
A vouloir trop en montrer, Caradog W. James peine à trouver le bon rythme pour conter son histoire qui se veut plus intimiste qu’un The Machine qui verse quant à lui davantage dans la science-fiction plus mordante. Il n’a pas montré le talent nécessaire pour se défaire de son script et sortir des sentiers battus.
Encore un petit film de genre honnête qui n’arrive néanmoins pas à se montrer original et qui fait l’économie des bonnes idées.


BABA YAGA
Caradog W. James (Royaume-Uni – 2016)

2

Genre Horreur – Interprétation Katee Sackhoff, Lucie Boynton, Jordan Bolger, Nick Moran… Musique James Edward Baker – Durée 90 minutes. Disponible en Blu-ray chez Condor Entertainment.

L’histoire : Jess est une artiste de renom. Si en apparence tout semble lui sourire, elle rencontre de sérieuses difficultés avec sa fille de 17 ans, Chloé, avec qui elle ne parvient plus à communiquer. La jeune femme est convaincue d’être hantée par une entité démoniaque qui annonce sa présence en frappant deux fois aux portes : un premier coup avant de vous tourmenter, un second coup avant de vous emporter en enfer…

Par Simon Blanchemain

Rédacteur sur Obsession B. Passionné de cinéma de genre (américain avant tout) des années 80 et 90, Simon est nostalgique des œuvres de Lynch, Friedkin qui lui ont apporté le plus d’émotions, Ridley Scott ou James Cameron pour les plus spectaculaires. En remontant le temps, ses chocs en terme de cachet esthétique et narratif, sont NOSFERATU de Murnau et LA NUIT DU CHASSEUR de Laughton. Puis, il y a la découverte de Georges A. Romero qui lui ouvre les yeux sur ce que le cinéma apporte à nos sociétés en matière d’analyse, de comportement humain et sur tout ce qui nous confronte au quotidien. Simon est également ouvert aux propositions des Cuaron, Nolan, Bong Joon-ho et aux indépendants comme Jeff Nichols. Mais il vibre surtout pour un élément vital du septième art, sans quoi la vie d’un homme n’en serait que plus terne d’ailleurs, la « Femme » au cinéma…
Contact : namshou@gmail.com

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