[Série TV] UNDERCOVER (Saison 1) de Peter Moffat
Les Britanniques sont d’une manière générale, assez balèzes en matière de séries télévisées. Et ça ne date pas d’hier. Doctor Who, Sherlock, The Avengers, Black Mirror… on en passe et des meilleures… Il y a une vraie touche qualitative anglaise dans ces show pour la plupart indiscutables.
Undercover, saison 1 est une création de 2016 diffusée par la BBC, que l’on doit à l’ancien avocat Peter Moffat, également auteur de la série Criminal Justice (2 saisons au compteur). La série prend place dans le milieu de la justice anglaise (et américaine), et traite de sujets et thématiques puissants, adaptés de faits réels : des scandales ayant défrayé la chronique en Angleterre ces dernières années. Où l’on découvre des policiers britanniques amenés à se créer de fausses identités afin de séduire et vivre au côté des cibles qu’ils doivent surveiller d’un côté ; la mort d’un activiste black liée à la négligence des forces de l’ordre de l’autre ; le tout sur fond de condamnation à mort d’un homme noir injustement (?) accusé de meurtre d’un maire blanc. Undercover associe au sein de sa trame générale ces différents faits de société au potentiel hautement polémique, afin de construire les différentes arcs narratifs de cette première saison de six épisodes. On y suit principalement l’avocate Maya Cobbina, qui se débat pour faire éclater une vérité qu’elle juge volontairement occultée pour des raisons évidentes de racisme anti-black. Dans un même élan, cette mère de famille livre un autre combat pas moins ardu afin de garder une unité dans sa vie conjugale et personnelle.
Une grande partie de l’intérêt de Undercover réside dans l’adroite manière dont Peter Moffat entremêle toutes ces sous-intrigues entre elles. Complots, menaces des arcanes du pouvoir, discrimination raciale constituent les grandes lignes de ce thriller « procédural » épousant davantage les contours du drame que du film à suspense. L’écriture de Peter Moffat est volontairement antispectaculaire, prenant le temps en six épisodes d’environ une heure chacun d’exposer ses personnages en sautant d’une temporalité à une autre.
Plaidoyer contre la discrimination raciale
Undercover est à ce titre une série cérébrale et plutôt orientée vers l’humain. L’action et le suspense ne sont clairement pas les composantes recherchées par Peter Moffat. Un choix assumé qui ne tient malheureusement pas toutes ses promesses. Composée de longs échanges entre les différents protagonistes, la série peut donner la désagréable impression de tirer à la ligne, d’élargir artificiellement des enjeux qui auraient pu être bouclés en deux fois moins de temps. Par ailleurs, Undercover ne s’affranchit pas de certains clichés un peu pesants et pas toujours très bien dégrossis (la flic junkie, les supérieurs hiérarchiques corrompus, la journaliste fouineuse), ne prend pas toujours des pincettes pour illustrer les inégalités raciales et souffre d’incohérences vraiment dommageables (le flic infiltré qui passe son temps à subir les événements, courir ou lire). Pour autant, cette première saison mérite tout de même le coup d’œil. En premier lieu parce que les thèmes qui y sont abordés sont plus que jamais d’actualité, et que les comédiens mettent un cœur indéniable à l’ouvrage. Mention à Sophie Okonedo (Hôtel Rwanda), tour à tour autoritaire et bouleversante, qui porte la série sur ses épaules. Plutôt bien shootée, cette salve de six épisodes donne autant à réfléchir (elle s’achève sur une révélation qui rabat les cartes de ce qui a précédé) qu’elle prouve une fois encore l’audace des séries britanniques, prenant ici l’apparence d’un plaidoyer contre la discrimination raciale dans la société, mais également dans l’entertainment en proposant une série au casting majoritairement black.
UNDERCOVER
Peter Moffat (Royaume-Uni – 2016)
Genre Drame/thriller – Interprétation Sophie Okonedo, Adrian Lester, Dennis Haysbert, Derek Riddell… – Musique Vince Pope – Durée 330 minutes – Distribué en DVD par TF1 Studio (sortie le 9 mai 2017).
L’histoire : Maya Cobbina est une brillante avocate et une représentante pro-bono des prisonniers du couloir de la mort aux Etats-Unis. Pendant vingt ans, elle a défendu Rudy Jones, un homme injustement emprisonné pour meurtre. Au moment de son exécution, il a ces derniers mots pour elle : « Défonce-toi ». Secouée, Maya retourne à Londres, auprès de sa famille – son mari Nick, son fils Dan et ses filles Clem et Ella. Les derniers mots de Rudy raisonnant toujours en elle, Maya trouve de nouvelles preuves probables pour un procès historique.
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