[Critique] CRIMINAL SQUAD de Christian Gudegast


Gerard Butler n’est pas content. Dans Criminal Squad, il interprète un flic borderline, aux méthodes musclées et sans concession, dont la vie privée part en sucette. Un bien bel archétype de personnage vu un bon millier de fois sur grand écran. Face à lui, sa Némésis incarnée par Pablo Schreiber (13 Hours, American Gods), un braqueur hors-norme à peine sorti de prison et tellement en appétit qu’il monte illico presto une opération de braquage d’une somme rondelette de 120 millions de dollars. On le pressent : Criminal Squad ne va pas faire dans la dentelle et va sentir la testostérone. Et on a sacrément raison ! Avec ce Criminal Squad qu’il coproduit, la star morte née de 300, Gerard Butler, nous joue donc son Heat. Un polar urbain noir, avec des loustics patibulaires à la mâchoire serrée, placés de chaque côté des frontières de la loi, et affichant un code d’honneur porté en étendard. Sauf que le réalisateur Christian Gudegast n’est quand même pas Michael Mann. Scénariste d’œuvres aussi bourrines que lourdingues et peu subtiles que sont Un Homme à part (2003) avec la courge Vin Diesel et La Chute de Londres (2016) déjà avec Butler, Gudegast n’est pas un poète. Et encore moins un auteur. Du coup, son affrontement flics/gangsters tourne rapidement à l’épreuve de force bas de plafond. Les personnages sont des caricatures et l’ensemble des scènes proposées sont du domaine de la redite (Heat, Sicario, Usual Suspects…). Rien de bien nouveau sous le soleil californien…

Ça braque et ça pompe
Gerard Butler, plus bovin que jamais, grimace et surjoue à fond son personnage de brute épaisse, esquissant les contours d’un écorché vif et s’appropriant la figure d’un Vic Mackey (The Shield) bien à lui. Pourtant, si l’on n’est pas trop regardant sur le braquage organisé du film en matière d’inspiration et de pompage éhonté, on pourra reconnaître à Criminal Squad des scènes d’action plutôt bien emballées et à son réalisateur Christian Gudegast un certain sens de l’efficacité dans la mise en scène. Le film est assez séduisant sur un plan formel et se suit avec une certaine curiosité dans un premier temps. Mais l’intrigue ne cache pas longtemps son mode pilotage automatique et la longueur du métrage (presque 2h30 dans sa version director’s cut) finit par lasser, d’autant que les auteurs de la chose semblent un peu trop conscients de vouloir à tout pris livrer une nouvelle référence du polar hard-boiled. Et si on est plutôt content d’assister à ces fusillades dans tous les coins, on est quand même bien loin du compte en termes d’ampleur scénaristique. Le film brille par son efficacité, mais pêche par son scénario et surjoue continuellement à gros traits dans tout ce qu’il aborde avec la légèreté d’un éléphant dans un magasin de porcelaine (les séquences émotions autour de la famille du personnage de Butler…) Quant à l’ultime retournement de situation final, il vient achever de faire de Criminal Squad un film de petit malin un peu cynique sur les bords et un poil trop sûr de lui…
CRIMINAL sQUAD Christian Gudegast (USA – 2018) |
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Genre Thriller – Avec Gerard Butler, Curtis “50 cents” Jackson, Pablo Schreiber, O’Shea Jackson, Evan Jones… – Musique Cliff Martinez – Durée 140/148 minutes (Director’s cut). Distribué par Metropolitan (21 juin 2018). Synopsis : Il se passe des choses bien étranges à Santa Mira, petite ville d’apparence tranquille. Suite à l’assassinat de l’un de ses patients, le Dr Daniel Challis vient y enquêter, accompagné d’Ellie Grimbridge, la fille du défunt, déterminée à retrouver les coupables. La présence d’un masque de Halloween près de l’homme assassiné conduit le duo jusqu’à l’usine de jouets dirigée par l’inquiétant Conal Cochran, protégé par une garde rapprochée d’androïdes… |
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