[Critique] DARK TIDE de John Stockwell
Blue Crush

Réalisateur spécialisé dans les films aquatiques à tendance bleutée (Blue Crush, Into the Blue) et comédien notamment remarqué il y a fort longtemps dans le Christine de John Carpenter, John Stockwell retourne à ses palmes et son tuba après avoir “mis en images” le remake de Kickboxer en 2016 (Quelle carrière !). Avec Dark Tide (Quel titre !), il se frotte à la Sharksploitation et ses requins mangeurs d’homme, tout en engageant des têtes d’affiche de la trempe de Halle Berry et Olivier Martinez (Quel casting !) Le film, sorti en 2012, amputé d’une demi-heure de métrage, n’a eu droit qu’à une diffusion limitée sur grand écran, pour arriver finalement chez nous en vidéo avec plus de six ans de retard…
Un pedigree qui laisse craindre le pire évidemment. Une amourette entre Berry et Martinez sur fonds de plongées en apnée parmi les requins blancs, on est en droit d’être méfiant sur le produit. Et on aura en partie tort… Car s’il avance avec de sacrés boulets aux nageoires, Dark Tide a la bonne idée de jouer la carte du réalisme. Loin des délires portnawaks que représentent les Sharknado, The Meg et autres bouillies numériques mettant en scène des requins sous psychotrope, Dark Tide s’engage plutôt dans le sillage réaliste des Open Water (le premier essentiellement) et The Reef dans l’optique de proposer un véritable frisson épidermique. Ainsi, Stockwell confronte ses personnages (et comédiens) à de véritables squales, très éloignés des représentations démesurées, et avec un astucieux jeu sur le montage, laisse véritablement croire à la proximité des requins, et donc du danger. Ce parti-pris est véritablement un point fort du film, toujours crédible dans sa représentation des squales. Par ailleurs, John Stockwell, spécialiste du filmage en milieu marin, démontre une fois encore sa propension à fournir de fort belles images, superbement éclairées ici par le directeur photo français Jean-François Hensgens (Go Fast, Antigang). Contrairement à ce que sa jaquette chippos pourrait laisser penser, le film a véritablement de la gueule sur le plan visuel.



Privilégier le réalisme

Pour autant, on n’est pas là à essayer de vous convaincre qu’il s’agit d’un digne successeur des Dents de la Mer, car il pêche également sur plusieurs aspects. En premier lieu, l’ancrage volontairement réaliste, pour ne pas dire naturaliste du film, se vautre un peu trop dans les longs tunnels dialogués. Pour être tout à fait honnête, sorti d’une introduction et de vingt dernières minutes tendues où les personnages sont à la merci des requins, Dark Tide se complaît un peu trop dans les justifications verbales de ses protagonistes et n’échappe pas aux stéréotypes : le traumatisme suite à un drame et le couple qui se déchire avant de se rabibocher, l’ultime contrat pour renflouer les caisses et réparer le bateau, le mec plein aux as et antipathique qui souhaite plonger en dehors de la cage… Alors certes, c’est beau, c’est bien filmé, mais la volonté de justifier les sorties parmi les squales, si elles ont le mérite d’exister et de fonctionner au contraire des innombrables œuvres du genre, ne bénéficient pas d’un équilibre suffisant pour empêcher le film de souffrir d’un rythme bancal. C’est valable pour la version courte, comme pour la version longue proposée ici, une vingtaine de minutes supplémentaires qui n’empêchent évidemment pas le film de s’enliser par instants, sans pour autant apparaître comme une excroissance démesurée.
Au final, et contre toute attente, ce Dark Tide est loin d’être honteux et tient même la route (ou la mer), se révélant plutôt rafraîchissant pour les amateurs de sharksploitation qui privilégient le réalisme à la démesure. Le film redonne par ailleurs du crédit et de la grâce au requin, loin de la bestiole de foire pixellisée. En cela, Dark Tide peut être remercié.
DARK TIDE. De John Stockwell (USA/France/Afrique du Sud/Royaume-Uni/Allemagne – 2012).
Genre : Thriller. Scénario : Ronnie Christensen et Amy Sorlie. Interprétation : Halle Berry, Olivier Martinez, Ralph Brown, Luke Tyler… Musique : Mark Sayfritz. Durée : 89 minutes. Distribué par Metropolitan (15 décembre 2018).
J’avais trouvé ça nullissime… comme quoi.
J’aimeJ’aime
Dès qu’il y a un requin, je perds ma lucidité !!! Mais je préfère une approche réaliste du genre à tous les The Meg et autres Sharknado d’une connerie abyssale…
J’aimeJ’aime