[Be Kind Rewind] HAPPY BIRTHDAY TO ME de Jack Lee Thompson (1981)

Régulièrement cité lorsque l’on évoque l’histoire du slasher, Happy Birthday to me ne figure pourtant pas parmi les représentants du genre les plus célébrés. Des œuvres séminales comme Black Christmas (Bob Clark, 1974), Halloween (John Carpenter, 1978), voire Psychose (Alfred Hitchcock, 1960) le sont (à juste titre) bien davantage, tout comme les séries interminables mais néanmoins iconiques initiées par Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), Les Griffes de la nuit (Wes Craven, 1984), ou plus récemment Détour mortel (Rob Schmidt, 2003), en passant par les fiers représentants que sont Le Bal de l’horreur (Paul Lynch, 1980), Meurtres à La Saint-Valentin (George Mihalka, 1981), la liste est longue comme le bras…
Réalisé par Jack Lee Thompson en 1981, alors que la vague du slasher vit une quintessence orgiaque, Happy Birthday to me n’est donc pas le plus célèbre slasher de l’histoire. C’est pourtant loin d’être le plus inintéressant. Et c’est à ce bon vieux Jack Lee Thompson, solide artisan ayant œuvré dans à peu près tous les genres, avec plus ou moins d’inspiration et de succès, mais avec une passion à chaque fois incontestable, que l’on doit la chose. Le bonhomme aimait le cinoche populaire et à travers une filmographie inégale, comptant Les Canons de Navarone (1961), Les Nerfs à vifs (1962), Allan Quaterman et les Mines du roi Salomon (1985) ou encore l’inénarrable Le Justicier braque les dealers (1987), a marqué de son empreinte nos jeunes rétines d’ados assoiffés d’images déviantes.

Un joyeux jeu de massacre

Tout ça pour rendre à Thompson ce qui lui revient de droit : une franche réussite dans le domaine du slasher. Happy Birthday to me renferme en effet toutes les composantes du genre et les régurgite de manière assez habile. Les connaisseurs seront en terrain conquis puisqu’on y trouve un groupe d’étudiants plutôt aisés, aux caractères et archétypes affirmés (le sportif grande gueule, le scientifique timide, la nympho, l’héroïne bien sous tous rapports…) Un mystérieux assassin leur tourne autour et les zigouille les uns après les autres. Des victimes potentielles qui sont également autant de tueur en puissance. Mains gantées de noir, meurtres successifs avec armes diverses et variées (poignard, combo écharpe + roue de moto, haltères, brochette…), nudité passagère, et bien évidemment un trauma originel révélé au compte-gouttes… Le slasher dans toute sa splendeur. Mais l’intérêt (et l’originalité) de Happy Birthday to me est d’y insuffler une intrigue et une atmosphère parallèle autour de l’héroïne, son amnésie, les histoires avec sa défunte mère… Il y a une pincée de L’Exorciste 2 : L’Hérétique là dedans (avec une éprouvante scène d’hospitalisation), ainsi que des clins d’œils évidents au cinéma d’Alfred Hitchcock et de Brian De Palma, que ce soit dans certaines thématiques (on ne peut rien avancer de plus sans spoiler…) ou sur le plan technique avec son usage de la double focale révélant plusieurs profondeurs de champ nettes au sein de la même image. Un effort qui donne tout son sel au film.
Mettant en scène certains comédiens bien connus de la télévision, Melissa Sue Anderson (La Petite Maison dans la prairie), Tracey Bergman (Les Feux de l’amour), Happy Birthday to me se livre à un joyeux jeu de massacre, bien ficelé et techniquement assez irréprochable, livrant au passage quelques séquences très belles et/ou marquantes comme la scène dans le clocher de l’église (coucou Vertigo), l’accident de voiture ou encore le final, ses multiples retournements de situation et son twist plutôt cruel sur les bords. Bref, un slasher plus que recommandable.

Note : 3.5 sur 5.
HAPPY BIRTHDAY TO ME
Jack Lee Thompson (Canada – 1981)
Genre Horreur – Avec Melissa Sue Anderson, Glenn Ford, Lawrence Dane, Sharon Acker, Frances Hyland, Tracey Bergman… – Musique Bo Harwood et Lance Rubin – Durée 111 minutes. Distribué par Rimini Editions (9 mai 2019).

Synopsis : Virginia est fière d’appartenir à la confrérie des meilleurs élèves de son école privée. Mais une série de meurtres déciment ce groupe, et tout porte à croire qu’elle serait la coupable idéale…

L’édition Blu-ray de RIMINI

Technique

Note : 5 sur 5.

L’éditeur Rimini Editions a voulu célébrer Happy Birthday to me en lui donnant les honneurs d’un Blu-ray de superbe qualité. L’image se voit octroyer une seconde jeunesse, avec une définition de très haute qualité, des couleurs et des contrastes affirmés. Si quelques griffures et menus défauts subsistent, ils ne gâchent en rien la vision d’un film qu’on jurerait tourné il y a moins de dix ans.
Le volet sonore n’est pas en reste, avec trois pistes proposées. Deux versions originales, la première en DTS-HD 2.0 déjà extrêmement riche et précise, et la deuxième remixée en DTS-HD 5.1, plus puissante, tout comme la version française qui, bizarrement, nous a quant à elle paru un peu en retrait à tous points de vue.

Interactivité

Note : 3 sur 5.

Pour les amateurs de suppléments, l’édition est plutôt chiche en quantité mais se révèle infiniment pertinente. Aucun supplément à proprement parler sur le film, mais Rimini propose un livret de 28 pages sur le film rédigé par Marc Toullec (Mad Movies) et bourré d’anecdotes.
Et, cerise sur le gâteau, les amoureux du slasher seront ravis de constater la présence en bonus de Slice and Dice, un documentaire britannique d’1h15 réalisé par Calum Waddell, qui revient sur l’histoire du slasher, ses grandes thématiques, ses figures imposées, le tout en faisant intervenir des réalisateurs de films d’horreur (Christopher Smith, Mick Garris, Scott Spiegel, John Carl Buechler ou même Tobe Hooper) et même des Scream Queens (Emily Booth, Marysia Kay). Si l’ensemble est ludique et a le mérite de présenter d’innombrables extraits de films, le tout reste assez superficiel (niveau analyse, on repassera…), et les connaisseurs n’y apprendront, a priori, rien de bien nouveau.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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