[Be Kind Rewind] L’ETRANGLEUR DE BOSTON de Richard Fleischer (1968)
He's a Maniac...


Grand classique de Richard Fleischer sorti en 1968, L’Etrangleur de Boston reste à ce jour un des sommets du thriller américain et l’un des mètres étalons du film de tueur en série. Depuis sa sortie, toutes les qualités du film ont été décortiquées, et restent évidentes aux yeux des spectateurs de 2013. Première raison à cela : une modernité visuelle, une mise en scène d’une inventivité telle pour l’époque qu’elle en remontre encore aux cinéastes actuels qui disposent pourtant d’outils bien plus conséquents pour donner dans l’emphase visuelle. La grande réussite de Fleischer et de son film, est de légitimer ses choix de réalisation, en termes visuels notamment, par une intrigue forte, dont les méandres resurgissent au sein même de l’image. On a beaucoup parlé des fameux split-screens utilisés par le réalisateur. Le cinéaste a été un des premiers à y avoir recours, quelques années avant Brian De Palma, et son utilisation reste sûrement encore l’une des plus pertinentes à l’heure actuelle. La multiplication des points de vues au sein du même écran de cinéma, par le biais de fenêtres dévoilant ce qui, habituellement, est habilement dissimulé par le hors champs, a fait la réputation de L’Etrangleur de Boston. A juste titre. Mais au-delà de l’aspect purement visuel, cinématographique et spectaculaire, la justification de l’usage des écrans multiples trouve une résonance dans l’intrigue même, apportant au film de Fleischer une temporalité complètement autre lors des scènes de meurtre, décuplant leur tension et le suspense.

Film bicéphale

Le cas d’Albert DeSalvo, personnage souffrant d’un dédoublement de la personnalité, apparaît ici dans toute sa complexité. La mise en scène de Fleischer, dans un premier temps au service du suspense, permet au spectateur de ressentir toute la détresse du personnage de l’étrangleur dans la deuxième moitié du film. Le long-métrage est à cet égard lui aussi double : littéralement scindé en deux parties bien distinctes. Une heure consacrée à l’exposition, les meurtres, la paranoïa et l’enquête en cours. Puis une seconde partie dans laquelle le réalisateur s’immisce littéralement dans le crâne et la perception faussée de la réalité de son personnage principal, Albert DeSalvo, qui n’apparaît à l’écran qu’au bout d’une heure de film. Par le biais de scènes dialoguées entre un Tony Curtis qui trouvera là le rôle de sa vie, et un Henry Fonda lui aussi immense dans la peau de l’adjoint du procureur en charge de l’enquête, Fleischer change la physionomie de son film, donnant à voir un assassin également victime d’une maladie qui le conduira à la folie. L’apparente tranquillité de Curtis, le jeu habile des reflets dans les miroir, dans des cellules immaculées, renforcent l’aspect « hors du temps » et casse les codes mis en place lors du premier acte, apportant une personnalité propre à cette seconde partie. L’équilibre entre aspect documentaire (le film adapte un livre tiré d’une histoire vraie) et fiction est également pour beaucoup dans la réussite de l’œuvre. Enraciné dans une Amérique de la fin des années soixante traumatisée par l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, L’Etrangleur de Boston fascine par sa propension à explorer toutes les (fausses) pistes de l’enquête (le medium), à dévoiler les maux d’une société en proie à ses démons (l’autoflagellation, l’homosexualité…). Plus riche qu’il n’y paraît au premier abord, mais également diaboliquement abordable dans sa mécanique narrative et sa représentation à l’écran, L’Etrangleur de Boston est un chef d’œuvre, un film culte qui laisse encore aujourd’hui des traces dans le cinéma actuel, notamment chez David Fincher et dans tous les meilleurs films ici.
L’ETRANGLEUR DE BOSTON (The Boston Strangler). De Richard Fleischer (USA – 1968)
Genre : Thriller. Scénario : Edward Anhalt, d’après le roman de Gerold Frank. Interprétation : Tony Curtis, Henry Fonda, George Kennedy, Mike Kellin, Murray Hamilton… Musique : Lionel Newman. Durée : 116 minutes. Disponible en Blu-ray et DVD chez Carlotta.
Critique réalisée en partenariat avec http://www.cinetrafic.fr/
Grand film… Je mets le BR sur ma liste d’anniv’ 😉
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pour avoir vu le DVD, l’image n’est pas irréprochable… Mais fait le job. Rien qui n’empêche d’apprécier le film à sa juste valeur.
Le Blu-ray est peut-être mieux loti…
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Arhhhh Vais me renseigner d’abord… Ras le bol de ces Blurays arnaques !! (The Awakening est le dernier exemple en date… le film est massacré !)
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Bonjour, j’ai vu ce film une fois, il y a presque 30 ans, j’en ai été traumatisée. Je n’ai jamais eu autant peur en voyant un film. L’usage du « split screen » est vraiment remarquable.
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Le Split Screen, remarquable en effet, n’est que la partie immergée de l’iceberg constitué par une mise en scène somptueuse et maîtrisée de bout en bout…
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Ce titre est exactement le genre d’opus que l’on n’oublie jamais. Le scénario est vraiment intrigant et a réussi à me tenir en haleine pendant toute la durée de ce long-métrage.
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