[Be Kind Rewind] JOURNEE NOIRE POUR UN BELIER de Luigi Bazzoni (1971)
Luigi Bazzoni n’est pas le réalisateur italien le plus connu et célébré des années 70. L’homme affiche une petite poignée de films à son actif, dont le western L’Homme, l’orgueil et la vengeance (1968). Parmi ses sept films, Journée noire pour un bélier (Giornata nera per l’ariete en VO) est sa seule incursion dans le domaine du giallo, le thriller stylisé italien. Sorti en 1971, soit à l’apogée du genre, Journée noire pour un bélier s’inscrit nommément dans la continuité de ces films policiers d’exploitation aux consonances animales que constituent L’oiseau au plumage de cristal, Quatre mouches de velours gris, La queue du scorpion et autre L’iguane à la langue de feu. Ici, Luigi Bazzoni livre une oeuvre qui embrasse méticuleusement les règles ultra codifiées du giallo et du whodunit. L’amateur ne sera pas désarçonné en découvrant ici un tueur mystérieux aux mains gantées, agissant à l’arme blanche, au sein d’une histoire mêlant faux-semblants, fétichisme, voyeurisme et meurtres aussi soudains que violents.
L’intrigue ne brille pas par son originalité, il s’agit dans la plus pure tradition du giallo de suivre l’enquête menée par un journaliste bien décidé à lever le voile sur une série d’assassinats qui progressivement, le désignent comme principal suspect. Ce n’est de toute évidence pas en terme de scénario que Journée noire pour un bélier se démarque, avec un déroulé globalement classique et des scènes relativement attendues. En revanche, le film de Bazzoni interpelle par le soin méticuleux accordé à sa forme et à sa mise en scène. La réalisation extrêmement classieuse du cinéaste apporte un écrin de premier ordre au film, lui conférant une véritable personnalité. Luigi Bazzoni tente des choses, compose des cadres à la géométrie millimétrée, aux lumières savamment dosées et tranchées, et apporte une touche visuelle incontestable qui fait de ce pur film d’exploitation, un vrai plaisir pour les yeux. Certaines séquences restent en mémoire, comme l’assassinat sous le pont, le meurtre d’une personne handicapée ou encore tout le final où l’assassin s’en prend à un enfant dans une maison isolée.
Distribution « Bis » quatre étoiles
Le plaisir des yeux est renforcé par la présence d’une pléiade de comédiens habitués aux films de genre de l’époque. Le personnage du journaliste est interprété avec une classe absolue par un Franco Nero plus magnétique que jamais, antihéros antipathique et alcoolique, en proie à des problèmes avec son ex. Au-delà de son enquête pour faire éclater la vérité, c’est surtout à une quête personnelle intense que se livre le personnage. A ses côtés, on retrouve Silvia Monti (Le Venin de la peur de Lucio Fulci), Wolfgang Preiss (l’inoubliable Dr Mabuse), ou encore Ira von Fürstenberg (L’île de l’épouvante de Mario Bava). Une distribution « Bis » quatre étoiles.
De toute évidence, Journée noire pour un bélier remplit brillamment son contrat de film d’exploitation, toujours honnête et sincère dans son propos, et se permettant même de se parer d’une mise en scène extrêmement aboutie, à laquelle s’ajoute, et il convient tout de même de le noter, la partition d’Ennio Morricone qui, si elle n’est pas aussi enivrante que celle du Venin de la peur, participe à l’atmosphère étrange de cette très belle réussite sortie chez nous dans une belle édition DVD digipack trois volets par l’incontournable Chat qui fume.
JOURNEE NOIRE POUR UN BELIER
Luigi Bazzoni (Italie – 1971)
Genre Giallo – Interprétation Franco Nero, Sylvia Monti, Wolfgang Preiss, Ira von Fürstenberg, Edmund Purdom… – Musique Ennio Morricone – Durée 89 minutes – Distribué par Le Chat qui fume (DVD).
L’histoire : Témoins d’une violente agression, Walter et son amie Julia en parlent à Andrea Bild, journaliste spécialiste en affaires criminelles. Celui-ci décide de mener son enquête, malgré l’opposition de la police. Bientôt, c’est sur lui que se portent les soupçons d’une série de crimes dont il devra retrouver le meurtrier pour s’innocenter.
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