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FREE STATE OF JONES de Gary RossAvec Free State of Jones, le réalisateur Gary Ross (Pleasantville, Hunger Games) s’attaque à une période fameuse de l’histoire des Etats-Unis : la guerre de Sécession. Un conflit aux thématiques foisonnantes, déjà illustré à plusieurs reprises sur grand écran (Glory, Edward Zwick 1989, Gettysburg, Ron Maxwell 1994, Chevauchée avec le diable, Ang Lee 1999…)
Pour autant, Free State of Jones ne se focalise pas uniquement sur l’opposition armée entre Nordistes et Sudistes. Celle-ci ouvre le film et constitue toute la première partie au sein de séquences impressionnantes et immersives. Le conflit armé pose les bases d’une intrigue avant tout humaniste et inspirée d’une histoire vraie. Celle de Newton Knight, un fermier du Mississipi engagé à contre-coeur dans l’armée sudiste en tant que brancardier. Des événements tragiques le poussent à déserter. Devenu indésirable et recherché par les confédérés, il rejoint un groupe d’esclaves cachés dans les marécages. On ne peut dissocier un récit sur la guerre de Sécession des terribles questions de racisme et de la douloureuse condition des esclaves noirs.
Ici, Gary Ross illustre le destin d’un fermier blanc qui, contraint et forcé, se retrouve dans une position identique à celle des noirs opprimés, un être traqué. La rébellion qu’il met en place sera moins celle d’une minorité raciale que la lutte d’un groupe contre les puissants qui les gouvernent.

FREE STATE OF JONES de Gary Ross

Racisme ordinaire

Alors certes, on pourra trouver dans ce Free State of Jones un trait parfois un peu épais lorsqu’il s’agit de décrire un Newton Knight inébranlable dans ses convictions et un certain penchant pour le manichéisme dans sa représentation des esclaves opprimés et des méchants confédérés. Tout comme on pourra regretter un certain classicisme dans le déroulement de l’intrigue dans sa deuxième partie. Mais Gary Ross souhaite avant tout illustrer l’histoire forte d’un homme empli d’une conviction infaillible, persuadé qu’ensemble, on peut renverser des montagnes et faire valoir le bien-fondé du groupe par rapport à l’individu. Une posture qui l’engage inévitablement vers des choix de narration volontairement marqués.
Dans cette optique, le cinéaste se montre inspiré et ose quelques belles idées, comme ce montage en parallèle du procès d’un descendant de Knight, mis au banc des accusés et venant illustrer le racisme d’une communauté enraciné au plus profond, qu’importe l’époque.
Par ailleurs, le rythme lancinant du film et son montage extrêmement précis, alternent avec un bel équilibre fresque épique et moments d’intimités déchirants. Le tout dominé par une utilisation et une représentation à l’image des décors naturels marécageux magnifiés par la caméra de Gary Ross. De toute évidence, on n’attendait pas autant de beauté visuelle du réalisateur de Hunger Games (même si Pleasantville avait beaucoup de cachet), mais ce Free State of Jones est pourtant une accumulation de plans et de cadres magnifiques et extrêmement travaillés, de scènes sublimes (la chevauchée des cavaliers du KKK en pleine nuit) qui confèrent au film une émotion et une puissance d’évocation indéniables.
Matthew McConaughey y trouve une fois encore un rôle à la mesure de son immense capacité d’incarnation. Omniprésent à l’écran, il affiche une détermination et un charisme qui portent une distribution infaillible. Moins démonstratif qu’un 12 years a slave (Steve McQueen), Free State of Jones n’en est pas moins aussi pertinent dans son propos de dénonciation de l’esclavage et sa description de la naissance d’une nation. Avec, en plus, cette magnifique patte visuelle bien plus agréable à l’œil.

FREE STATE OF JONES de Gary Ross


FREE STATE OF JONES
Garry Ross (USA – 2016)

4

Genre Biopic historique – Interprétation Matthew McConaughey, Gugu Mbatha-Raw, Keri Russell, Mahershala Ali… – Musique Nicholas Britell – Durée 139 minutes – Distribué par Metropolitan Filmexport.

L’histoire : En pleine guerre de Sécession, Newton Knight, courageux fermier du Mississippi, prend la tête d’un groupe de modestes paysans blancs et d’esclaves en fuite pour se battre contre les États confédérés. Formant un régiment de rebelles indomptables, Knight et ses hommes ont l’avantage stratégique de connaître le terrain, même si leurs ennemis sont bien plus nombreux et beaucoup mieux armés…

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