[Critique] COUNTDOWN de Justin Dec
Compte à rebours infernal

Countdown de Justin Dec est le nouveau rejeton de la vague de films jouant la carte de l’horreur ludique pour adolescents, à base de high-concepts un peu foireux plus ou moins bien exploités. Pour le meilleur (tout est relatif…) avec Destination Finale de James Wong et sa Mort en croquemitaine ultime ou pour le pire avec Action ou Vérité de Jeff Wadlow et son jeu crétin pas moins mortel. Countdown peut sensiblement s’intercaler entre les deux, que ce soit dans la proximité du concept, comme dans la qualité du produit final. Basé sur le postulat qu’une application pour téléphones portables maléfique est en mesure d’affirmer le moment exact de la mort des malheureux s’abandonnant à la télécharger, sous la forme d’un stressant compte à rebours infernal, le film de Justin Dec tente d’exploiter son concept quelque peu racoleur et improbable tant bien que mal. Et il le fait, il faut le reconnaître, avec une bonne dose d’inspiration dès lors qu’il s’applique à proposer des scènes d’angoisse. Ce qui, ne nous le cachons pas, est plutôt une bonne nouvelle pour un film horrifique… S’il ne révolutionne strictement rien, le jeune réalisateur, dont c’est le premier long-métrage, a bien appris ses leçons de cinéaste d’épouvante et les régurgite sans réelle fausse note. Un peu de James Wan par ci, une pincée de John Carpenter par là, on a vu pires sources d’inspiration. Countdown tire essentiellement son efficacité de son utilisation des décors et de son jeu sur le hors champ pour faire naître le suspense. Ce qui aboutit à quelques scènes plutôt bien emballées : les séquences de mort violente font gentiment monter la tension (mention à la scène de la veilleuse), ce qui, mine de rien, n’est pas anecdotique dans un genre surpeuplé de photocopies paresseuses et sans inspiration. Sans aller jusqu’à parler d’une véritable identité cinématographique, ce Countdown remplit avec les honneurs son contrat horrifique.

Syndrome #MeeToo
Pourtant, pas de quoi non plus sauter au plafond, faut pas exagérer. Car c’est bien connu, il ne suffit pas d’empiler des scénettes angoissantes, aussi efficaces soient-elles, pour constituer un film qui marquera les esprits. Tel n’est sûrement pas l’objectif de cette série B destinée à remplir les multiplexes, mais tout de même…. Countdown souffre de tares bien réelles qui le plombent sérieusement. A commencer par un scénario d’une paresse et d’une médiocrité totales, dont les enjeux et justifications ne volent pas plus haut que la moyenne industrielle et mettant en avant des personnages aussi caricaturaux qu’insignifiants. La palme revenant à certains seconds rôles, comme le médecin en chef, boss de l’héroïne et gros dégueulasse qui apprécierait qu’elle accepte ses avances. Un bon gros mâle dominant décrit sans pincettes. Et là, on touche du doigt l’un des autres problèmes du film : sa volonté de s’inscrire, de manière particulièrement opportuniste, dans la mouvance #MeeToo. Une tendance qui contamine la plupart des productions à Hollywood actuellement (cf. Invisible Man de Leigh Whannell), et qui devient tout de même un peu lourdingue à la longue. Dans un film de genre de commande assez bas de plafond comme Countdown, les scénaristes se croient obligés d’aborder le sujet, mais ils le font avec un trait tellement grossier, que la démarche est contreproductive et risible, allant jusqu’à se saborder lorsque le personnage en question devient l’un des éléments de résolution de l’intrigue. A vouloir absolument refléter les travers de son époque, Countdown se crashe par excès d’une ambition assez mal placée. Et achève de se vautrer dans un final grotesque et totalement incohérent. C’est d’autant plus dommageable que le film était jusqu’alors suffisamment solide sur ses appuis de pur série B d’horreur et loin d’être déshonorant.
COUNTDOWN. De Justin Dec (USA – 2019).
Genre : Horreur. Scénario : Justin Dec. Interprétation : Elizabeth Lail, Peter Facinelli, Anne Winters, Talitha Bateman… Musique : Danny Bensi et Saunder Jurriaans. Durée : 90 minutes. Disponible en Blu-ray chez Metropolitan Vidéo (19 mars 2020).
L’édition Blu-Ray de METROPOLITAN

TECHNIQUE. Dans la lignée des films du genre, Metropolitan soigne sa copie avec une image très bien contrastée, à la définition précise, qui ne flanche jamais, y compris lors des scènes nocturnes. Deux pistes en DTS HD 5.1 qui proposent une expérience sonore extrêmement confortable. Les jump-scares font leur effet, et réveillent les enceintes au sein d’une identité sonore plutôt sage au demeurant mais à la restitution fluide et équilibrée.
INTERACTIVITE. Néant.
Votre commentaire