[Critique] ACTION OU VÉRITÉ de Jeff Wadlow


Trop souvent réduite à une boîte de production opportuniste, la société Blumhouse Productions a pourtant su à de multiples reprises tirer son épingle du jeu en accompagnant des films aussi pertinents que réussis comme Sinister de Scott Derrickson, The Lords of Salem de Rob Zombie, Get Out de Jordan Peele, ou Split (et bientôt sa suite Glass) de M. Night Shyamalan. Des films aux budgets modestes mais aux qualités cinématographiques indéniables. Malheureusement, la boîte de Jason Blum nous arrose également de brouettes entières de titres mal fichus et ouvertement mercantiles. Et le film qui nous intéresse aujourd’hui, Action ou vérité, intègre vaillamment cette seconde catégorie !
Basé sur le célèbre jeu du même nom, qui consiste à choisir de répondre à une question le plus souvent gênante ou à réaliser un gage pas moins ridicule, le pitch rédigé à huit mains (!!!) par les cerveaux en surchauffe de Blumhouse Productions s’arrête pourtant rapidement à l’énoncé de son concept. Une bande d’ados propres sur eux, un voyage au Mexique, une mauvaise fréquentation, et les voilà prisonniers d’une malédiction les obligeant à poursuivre inlassablement le (stupide) jeu auxquels ils s’étaient innocemment adonnés. Les péripéties alternent entre morts brutales et secrets inavouables entre les couples… C’est dire le niveau du concept marketing, dévoilé devant nos yeux ébahis dans l’unique but de contenter un public adolescent pas trop regardant. Il y a beaucoup du procédé de la saga Destination finale ici, on trouve un chouïa de Ring pour l’aspect viral du Mal, et même du It Follows pour le côté transmission/transgression.

Nullité cynique
Mais le réalisateur Jeff Wadlow n’est pas un ténor de la caméra et encore moins de l’inspiration. Après le sympathique slasher Cry Wolf en 2005, son pathétique Kick Ass 2 avait déjà été un sacré coup de semonce. Ici, le réalisateur ne parvient jamais à élever son sujet, à prendre le moindre recul sur les aspects potentiellement intéressants de son script… La porosité entre le réel et le surnaturel est juste effleurée, le regard de Wadlow sur la jeunesse américaine et les questionnements adolescents est aussi fin et délicat qu’une explosion chez Michael Bay. Rester dans une logique de classicisme pour explorer un concept fort, pourquoi pas. Mais le délaver au point de n’en faire qu’un produit débile, non ! La galerie de personnages, aussi antipathiques et stéréotypés les uns que les autres (le gay, le con, le courageux, la geek…), plonge par ailleurs le film dans un mélange de vulgarité et d’inintérêt quasi total. Et les scènes (et mises à mort) s’enchaînent mécaniquement, sans une once de suspense et de surprise. Dommage pour les quelques bons passages (la fille sur le toit, le final grand guignol) qui se retrouvent noyés dans un amas de nullité cynique.
Énième Série B vite faite mal faite destinée à être consommée sans laisser de trace, Action ou vérité n’élève pas le niveau du genre, tant il se complaît dans sa représentation vaseuse du genre. Pire, il lui fait un tort regrettable…
ACTION OU VÉRITÉ
Jeff Wadlow (USA – 2018)

Genre Horreur – Interprétation Lucy Hale, Tyler Posey, Violett Beane, Hayden Szeto, Landon Liboiron… – Musique Matthew Margeson –
Durée 100 minutes. Distribué par Universal (11 septembre 2018).
L’histoire : Un simple jeu entre amis d’Action ou Vérité se transforme en cauchemar sanglant quand quelqu’un – ou quelque chose – commence à punir ceux qui mentent ou refusent de jouer.
Pas vu Cry Wolf et adoré Kick Ass 2 contrairement à toi… mais cet Action/vérité est en effet d’une totale banalité, ni totalement à chier, ni sympathique – jamais… Le ciné pour ados qui prend les ados pour des truites…
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J’avais beaucoup aimé le premier Kick Ass. Je trouve sa suite est tellement beauf et d’une vulgarité… Sur Action ou vérité, c’est tellement insignifiant, un robinet d’eau tiède cinématographique 😉
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Beauf vulgaire toi même hé MALOTRU !!! 😉
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Ah ah ah. Je n’ai pas dit que les amateurs du film étaient beaufs et vulgaires. C’est le film qui l’est. Nuance 😜
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