[Critique] DÉTOUR MORTEL : LA FONDATION de Mike P. Nelson

Promenons-nous, dans les bois...

Sympathique saga horrifique née au début des années 2000 et qui a accompagné durant une bonne décennie les amateurs de survival, Détour Mortel (Wrong Turn en VO) a également connu le destin de nombreuses séries du genre, à savoir un lent et inévitable déclin, autant sur le plan artistique que du succès populaire. 
Le film original signé Rob Schmidt avait fait son petit effet en 2003, et tient toujours le coup près de vingt ans plus tard, en capitalisant sur une ambiance malsaine, à quelques encablures de Massacre à la Tronçonneuse, mais avec une ambition artistique moindre. Les scènes de tension inhérentes au survival y étaient particulièrement soignées et efficaces. Chose que ne retrouvera pas réellement la suite signée Joe Lynch, davantage portée sur les débordements gores. A partir du troisième chapitre et jusqu’au sixième opus, l’exploration de la mythologie initiée par Rob Schmidt cède la place à une surenchère respectant le cahier des charges de la franchise. Rien de plus. Pour résumer : des séquelles innombrables aux budgets se réduisant comme peau de chagrin, pour un résultat de plus en plus calamiteux et ne satisfaisant que les plus indécrottables fans, de moins en moins nombreux à s’y attarder. Dès lors, il était temps pour Constantin Films, société de production allemande autrefois associée aux Américains de Summit Entertainment, à l’origine de la franchise, de faire table rase et de reprendre les choses à zéro (ou presque). Détour Mortel : La Fondation n’est pas un remake à proprement parler, mais plutôt un reboot. Les concepteurs de ce nouvel épisode repartent en effet aux origines de la saga, recyclant un certain nombre de règles et d’éléments ayant fait le succès de l’opus original. On y retrouve un groupe de jeunes randonneurs partis s’éclater dans une région forestière et montagneuse, mais qui n’ont pas prévu de se retrouver chassés par une bande de prédateurs qui les déciment les uns après les autres. Sur le papier, ce nouvel opus démarre à l’identique, personnages assez caricaturaux et quasi imbuvables à la clé. 

La violence, c’est mal

Pourtant, par sa nature de reboot, cette version 2021 cherche à se démarquer en premier lieu sur la nature même des antagonistes. Bye-bye les frangins consanguins détraqués présentés comme des êtres sauvages et régressifs. Détour Mortel version 2021 joue plutôt la carte de la population vivant en autarcie au milieu de la forêt, suivant des règles sociales établies, avec familles, organisation hiérarchique et même tribunal pour décider du sort des jeunes imprudents ayant foulé leur territoire. Cette nouvelle approche rendant l’ennemi plus intelligent et donc menaçant et dangereux, n’est pas inintéressante et plutôt dans l’air du temps. Elle entraîne mécaniquement un développement narratif quelque peu différent, même si le cœur du récit reste pour les protagonistes de tenter de survivre et de s’échapper. Sans y toucher, ce réajustement permet au film de questionner la violence qu’il donne à voir. Celle-ci se veut (un peu) moins gratuite et (un chouïa) plus interrogative alors que les personnages sont confrontés à des questionnements sur la légitimité de leurs actes (quand on pense que tous leurs malheurs sont liés à un malentendu…). Attention, tout cela reste bien en surface et jamais approfondi, on n’est pas dans le pensum ni dans l’œuvre réflexive, on reste dans de la série B qui tâche. Mais l’intention reste louable. D’autant que le réalisateur Mike P. Nelson (The Domestics) s’avère être plutôt doué avec sa caméra et concocte quelques belles scènes, même si la photographie du film reste terne et neutre. Il est dommage donc que toutes les promesses esquissées ne soient pas concrétisées. Pour autant, le film propose son lot de scènes violentes (écrasement par un tronc d’arbre, énucléation au chalumeau, et des pièges forestiers toujours efficaces). Et puis il y a le personnage du père de l’héroïne interprété par Matthew Modine. Pas des plus fins en termes d’écriture, mais campé par un comédien capable d’insuffler ce je-ne-sais-quoi au rôle lui permettant d’exister. Les scènes à la recherche de sa fille disparue apportent un autre angle et une couche supplémentaire au récit toujours bonne à prendre dans ce genre de films. A noter également la présence de Bill Sage, sacré trogne interprétant le patriarche et boss de la tribu, un rôle pas si éloigné de celui qu’il tenait dans We Are What We Are de Jim Mickle. Si on ne sera guère surpris de l’évolution un peu trop prévisible de l’héroïne, l’épilogue en plan séquence vient confirmer que ce Détour mortel : La Fondation, malgré ses défauts, conserve une personnalité incontestable.

Note : 2.5 sur 5.

DÉTOUR MORTEL : LA FONDATION
Mike P. Nelson (USA/Allemagne – 2021)

Genre Horreur/Survival – Avec Matthew Modine, Charlotte Vega, Emma Dumont, Daisy Head, Dylan Mctee, Adrian Favela… – Musique Stephen Lukach – Durée 110 minutes. Distribué par Metropolitan Films Vidéo (sa page Facebook et sa page Twitter) en DVD, Blu-Ray, et VOD depuis le 3 juin 2021.

Synopsis : Un groupe d’amis en randonnée dans les Appalaches s’écartent de la piste et s’enfoncent dans la forêt où ils deviennent les proies de psychopathes qui vivent en autarcie depuis plusieurs siècles…


L’édition Blu-ray de METROPOLITAN FILMEXPORT

TECHNIQUE. Très jolie image que celle proposée par cette édition de Metropolitan qui sait y faire dans le domaine. La définition et le piqué sont d’une précision chirurgicale, les détails foisonnants. Quant aux contrastes, rien à redire, y compris dans la deuxième partie du film, nettement plus sombre et chaudement éclairée, mais qui ne flanche jamais.
Côté son, on est dans du classique, mais du classique efficace. Dialogues et ambiance générale sont clairs et bien répartis sur les deux pistes en DTS HD Master Audio 5.1 qui savent également s’emballer lorsque l’action le réclame, poussant dès lors l’intensité des basses comme il se doit.

Note : 4 sur 5.

INTERACTIVITE. La bande annonce de Sorcière – Cinq jours en enfer de Neil Marshall. Et c’est tout.

Note : 0.5 sur 5.

Chronique réalisée en partenariat avec Cinetrafic. Nouveau chapitre de la saga d’épouvante Détour mortelDétour mortel : la Fondation figurera-t-il un jour parmi les meilleurs films d’horreur tous sujets confondus ? Son point de départ le rapproche en tout cas de Kadaverqui figure, mais pas en première position, dans la liste des meilleurs films Netflix.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

4 Comments on [Critique] DÉTOUR MORTEL : LA FONDATION de Mike P. Nelson

  1. Je te trouve très indulgent… c’est vrai que c’est « moins pire » que les précédents mais ça reste assez ridicule globalement, je trouve… on verra si la suite relèvera le niveau

    Aimé par 1 personne

  2. Tu as vu Becky ?
    C’est autrement plus réussi… et hilarant en plus

    J’aime

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