[Critique] GANTZ – AU COMMENCEMENT de Shinsuke Sato
Adaptée du célèbre manga Gantz de Hiroya Oku, déjà décliné en série animée, cette superproduction japonaise ne lésine pas sur les moyens pour proposer un spectacle total. Relecture du mythe du super-héros à la sauce vidéoludique japonaise, Gantz – Au commencement ne manque pas de piquant… et emprunte des directions pour le moins surprenantes… Parmi toutes les critiques que l’on pourra formuler à l’encontre de Gantz – Au commencement, on ne pourra pas reprocher au film de Shinsuke Sato de ne pas se montrer particulièrement généreux. Dotée d’un budget conséquent, cette adaptation du manga de Hiroya Oku propose un spectacle visuel franc du collier. Et il fallait bien ça semble-t-il pour rendre justice au matériau d’origine. Sur ce point, Gantz ne trompe pas le spectateur. C’est davantage dans le contenu et l’intrigue en elle-même que le film convint moins…
Les premières séquences lancent pourtant idéalement le film. Une entame très mystérieuse qui voit deux jeunes amis se faire percuter par une rame de métro et se réveiller dans une drôle de pièce. Autour d’eux, d’autres individus incrédules et une étrange sphère noire… A l’image du Cube de Vincenzo Natali, ou encore de Saw premier du nom, nombreuses sont les interrogations induites par cette étonnante entrée en matière. Purgatoire ? Enfer ? Paradis ? L’identification avec les deux personnages principaux est totale tant ces derniers sont sur le même plan que le spectateur. L’ambiance froide et paranoïaque qui se dégage alors fonctionne à merveille. L’étrange sphère noire, renvoyant inévitablement au monolithe de 2001, L’odyssée de l’espace, renforce le mystère de la situation.
Le problème de ce style d’intrigue, c’est bien souvent l’explication légitimant l’ensemble. Ici, pas de justification hasardeuse… On ne saura pas (pour l’instant) ce qu’est et d’où vient la sphère… Les personnages subissent et se retrouvent rapidement contraints de se prendre en main pour aller dézinguer de l’extraterrestre. Car on n’est pas là non plus pour se gratter la tête, place aux scènes d’actions. Balancés dans un monde parallèle semblable au notre, à quelques détails près, ils vont devoir trouver leurs cibles et les mettre hors d’état de nuire dans un temps limité, le tout, armés de grosses pétoires et moulés dans des combinaisons ultra moulantes très “matrixiennes”.
Pouvoirs et responsabilités
Gantz est une oeuvre à double influence. Récit de super-héros d’un côté et oeuvre clairement inscrite dans un langage vidéoludique de l’autre. En cela, le film de Shinsuke Sato recycle un certain nombres de codes. Incassable et Spider-Man sont passés par là pour tout ce qui concerne le difficile apprentissage des super-pouvoirs et l’acceptation de la condition de surhomme. Les références au Spider-Man de Sam Raimi sont d’ailleurs des quasi-citations quand le héros se jauge devant son miroir : un grand pouvoir engendre une grande responsabilité. Le film touche juste lorsque les caractères des personnages tendent à s’affirmer face à leurs nouvelles responsabilités : la fascination aveuglante de l’un contre l’attitude hébétée et passive du second. Le récit joue sur deux plans différents : le monde réel et l’univers parallèle, comme une résonance de la double vie des super-héros, les actions dans l’un ayant une répercussion dans l’autre.
L’homme à tête de poireau
C’est une démarcation originale du mythe du super-héros qui est proposée. Cette dernière est couplée à une approche très vidéoludique, tant dans le fond que dans la forme. Le langage des jeux vidéos a été assimilé, et balise l’ensemble du récit. Les menus, les scores, les boss à affronter, de plus en plus puissants… tout renvoie à la culture vidéoludique. Avec plus ou moins de bonheur, car certains parti-pris du manga ont du mal à passer le cap du grand écran. C’est le cas notamment du look des extraterrestres, qui, bien que fidèle au matériau original, laisse perplexes dans cette adaptation. Que ce soit l’homme à la tête de poireau (!), ou ce mix improbable de playmobil/légo (!!), difficile d’adhérer à ces représentations si “borderlines”…
Néanmoins, si on n’est pas trop regardant sur certains parti-pris esthétiques, Gantz rempli plutôt bien son rôle de film d’action/science-fiction. Généreux, gore, doté d’une réalisation très correcte et d’effets spéciaux très convaincants, le film peut faire passer un bon moment, malgré une durée un peu trop poussée (plus de 2h). Restent les aficionados du manga, qui trouveront sûrement des motifs d’insatisfaction dans cette adaptation au final un peu trop sage…
GANTZ – AU COMMENCEMENT
Shinsuke Sato (Japon – 2010)
Genre Science-fiction – Interprétation Natsuna, Kenichi Matsuyama, Kazunari Ninomiya… – Musique Kenji Kawai – Durée 130 minutes. Distribué par Wilde Side vidéo.
L’histoire : Kei et Kato, deux amis, se font écraser par une rame de métro. Ils se retrouvent dans un étrange appartement en compagnie d’autres personnes venant également de “mourir”. Tandis que tous tentent de comprendre comment ils sont arrivés là et comment en partir, une mystérieuse sphère noire apparaît et les somme d’éliminer unes à unes des créatures surpuissantes…
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