[Critique] IN A VALLEY OF VIOLENCE de Ti West

Mort ou Vif

IN A VALLEY OF VIOLENCE de Ti West
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Un nouveau film signé Ti West éveille inévitablement l’intérêt de l’amateur de cinéma horrifique. Le réalisateur des sympathiques The Roost (2005), Cabin Fever 2 (2009), des anthologies VHS et ABCs of Death (2012) et surtout de l’excellentissime House of the Devil (2009), s’était orienté vers la petite lucarne ces dernières années pour le bien de quelques épisodes de séries télévisées (Scream, Wayward Pines et Outcast). Le revoilà à la tête d’une petite production (Blumhouse oblige), In a Valley of Violence, destinée à alimenter les salles obscures, mais qui ne sortira qu’en vidéo par chez nous… Quand on parle de Ti West, c’est plutôt pour évoquer son goût immodéré pour le fantastique et le film d’horreur, domaines auxquels il s’est toujours consacré. C’est pourtant au sein d’un autre genre tout aussi codifié, le western, qu’il revient avec ce nouveau film, doté d’une trame simplifiée à l’extrême, et évoquant assez librement L’Homme des hautes plaines de Clint Eastwood (1973). Un étranger, une ville perdue au fond du far-west, des malfrats, un chien, un crime, une vengeance, un bain de sang… Plus qu’un scénario, In a Valley of Violence dessine une ambiance et une atmosphère (des clichés ?), typiques des westerns italiens des années 60-70. Passé un générique animé extrêmement sympathique, Ti West commence à déployer tout l’arsenal du film hommage, une démarche finalement très proche de ce qu’il avait su faire avec succès pour ses films d’horreur. La première séquence présentant l’étranger incarné par Ethan Hawke, sa rencontre avec le faux prêtre et déjà un retournement de situation (attendu), s’inscrit de manière évidente dans une volonté plus large de revisiter tous les codes du western italien, musique de Jeff Grace aux accents de Morricone y compris. Dès lors, l’entreprise peut générer deux sentiments opposés : l’enthousiasme face à des hommages appuyés et relativement bien filmés, ou alors l’agacement face à un manque d’audace (et de moyens) pour proposer un film manquant au final cruellement d’originalité et de substance. Sur ce point, nul doute que les avis divergeront…

IN A VALLEY OF VIOLENCE de Ti West

L’heure de la récré

Mais en l’état, on peut saluer le respect et l’appétit évident avec lequel Ti West s’amuse à broder son film. Il ne peut d’ailleurs pas s’empêcher d’y apporter une petite touche personnelle en colorant l’ensemble d’un humour assez discret mais bien présent, en se moquant gentiment des clichés inhérents au genre, ainsi que dans sa caractérisation des personnages, ce qui donne des allures de pochade au film. Ainsi, l’étranger solitaire n’a jamais été aussi humain et maladroit, quand le bad guy et ses sbires apparaissent avant tout comme une belle bande de pieds nickelés, que John Travolta cabotine à mort (on commence à avoir l’habitude), et que Karen Gillan incarne un personnage féminin hystérique. On ne peut s’empêcher de penser évidemment à la démarche (toutes proportions gardées) de Quentin Tarantino, voire du Sam Raimi de Mort ou vif (The Quick and The Dead – 1995). Pour autant, le film ne s’élève jamais très haut. Les enjeux du récit, volontairement assez minces au départ, s’évacuent au gré des séquences et toute notion de sérieux s’étiole rapidement pour faire de In a Valley of Violence un délire presque cartoonesque, qui semble être le véritable objectif de Ti West. Cela, en dépit de mise à mort et d’effets gores plutôt crues en fin de film. Bien loin de l’excellence de House of the Devil, In a Valley of Violence s’avère une sympathique récréation pour le cinéaste, toujours sincère dans ses choix et ses inspirations, qui semble s’être fait plaisir avant tout, mais qui propose ici un film assez anecdotique au final.

Note : 2.5 sur 5.
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IN A VALLEY OF VIOLENCE. De Ti West (USA – 2016).
Genre : Western. Scénario : Ti West. Interprétation : Ethan Hawke, John Travolta, Taissa Farmiga, James Ransone, Karen Gillan… Musique : Jeff Grace. Durée : 104 minutes. Distribué par Universal Pictures (8 août 2017).

L’histoire : Paul, un vagabond solitaire, arrive dans le petit village de Denton au Texas, communément appelé la «vallée de la violence» par la population locale. Il est pris à partie par Gilly le fils irascible de l’impitoyable shérif. Alors que la tension monte entre Paul et Gilly, un événement va déclencher une désastreuse réaction en chaîne, plongeant le village dans le chaos…

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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