[Be Kind Rewind] WAXWORK d’Anthony Hickox (1988)


Waxwork d’Anthony Hickox est un petit plaisir coupable qu’une génération de fantasticophiles a dégusté avec avidité lors de sa sortie et son exploitation vidéo à l’aube des années 90. A l’image de réalisateurs doués et véritables artisans investis dans un cinéma d’horreur respectueux et très « premier degré », le cinéaste britannique (fils de Douglas, réalisateur notamment de Théâtre de Sang, 1973) a su capter à l’époque une tendance du film de genre qui caressait largement l’amateur dans le sens du poil. A l’image d’un Brian Yuzna (Le Retour des Morts-Vivants 3, Necronomicon), il a su s’élever au-dessus de moyens financiers limités pour, avec une bonne dose d’audace et un amour du genre indéfectible, offrir de véritables pépites de cinoche de genre qui ont fait le bonheur des vidéo-clubs. Et Waxwork est clairement un fleuron de vidéo-club. Ce premier film du réalisateur condense en 90 minutes les qualités et les défauts de ces Séries B de l’époque. Et ce coup d’essai ne manque pas d’ambition, puisque Hickox, également auteur du scénario, y rend un hommage appuyé à tout un pan du cinéma d’horreur au sein d’un film dont le propos même (un musée de cire) consiste à multiplier les références. Un groupe d’ados se retrouve à visiter le lieu et rencontre des figures aussi incontournables que le vampire, le loup-garou, la momie, le zombie, le Fantôme de l’Opéra… et même le Marquis de Sade. Chaque tableau donnant lieu à une courte plongée dans l’univers du personnage en question. Avec ce concept, ultra référentiel, Hickox souligne ses inspirations et capitalise sur une ambiance propre aux films d’horreur représentés. Une idée basique mais géniale.

Un dévouement total au genre
Waxwork est foisonnant de clins d’œil et de détails, baigné dans un humour noir savamment dosé et porté par un casting référentiel en diable. On y retrouve avec plaisir Zach Galligan, inoubliable interprète de Billy dans les deux Gremlins de Joe Dante, Dana Ashbrook (Twin Peaks), l’immense David Warner (La Malédiction), John Rhys-Davies (la saga Indiana Jones) et Patrick Macnee (Chapeau melon et bottes de cuir)… D’une sincérité à toutes épreuves, Waxwork révèle également sa générosité dans ses scènes gores et ses nombreux maquillages, des effets visuels de plateau signés Bob Keen (Cabal de Clivre Barker) et son équipe, au charme incomparable et à l’efficacité indéboulonnable. Un dévouement total au genre donc, qui relègue au second plan une fabrication assez inégale au demeurant, tantôt inspirée, avec des plans particulièrement évocateurs, tantôt un peu à la ramasse, souffrant d’un montage un peu trop abrupte dans la dernière partie du film. Waxwork n’est pas le chef d’oeuvre du film d’horreur des années 90, loin de là, il porte même les stigmates visuels de son époque qui vieillissent relativement mal, mais il s’insère dans cette collection d’oeuvres modestes qui ont vu le jour à cette période, toutes animées par des envies de cinéma et une déférence envers le genre horrifico-fantastique, avant la grande lessive cynique de la fin de la décennie, lancée par le phénomène Scream et ses nombreux avatars… De son côté, Anthony Hickox poursuivra sa carrière d’artisan du Bis en œuvrant sur une suite moins réussie à Waxwork en 1992, avant de signer des séquelles aussi marquantes que Hellraiser 3 : Hell On Earth (1992), Warlock : The Armageddon (1993) et même un bon vieux Piège en eaux profondes avec Steven Seagal (2005)… Une carrière de passionné, on vous dit !

WAXWORK Anthony Hickox (USA/Royaume Uni/Allemagne – 1988) |
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Genre Fantastique – Avec Zach Galligan, David Warner, Deborah Foreman, Dana Ashbrook, Patrick Macnee, John Rhys-Davies… – Musique Roger Bellon – Durée 97 minutes. Distribué par Le Chat qui Fume (20 décembre 2019). Synopsis : Dans une petite ville de banlieue américaine, le mystérieux David Lincoln ouvre un musée de cire consacré aux monstres légendaires issus du folklore fantastique. Un groupe d’étudiants est invité par le propriétaire à une visite nocturne des lieux. Une fois à l’intérieur, les jeunes découvrent les scènes reproduisant les forfaits de ces créatures, sans se douter que chacune d’entre elles est en réalité un portail dimensionnel conduisant à leur repaire. Lincoln compte bien ramener à la vie chacune de ces entités maléfiques et sacrifier, dans ce but, ses visiteurs… |
L’édition Blu-ray du CHAT QUI FUME

Technique
Dans une édition extrêmement soignée dont Le Chat qui fume a le secret, Waxwork renaît dans des conditions de visionnage excellentes. Une très belle image pour commencer, le doux parfum des 90’s rejaillit de ces couleurs éclatantes, de contrastes équilibrés et d’un piqué général de très bonne facture. Au souvenir de la VHS, on ne peut que s’incliner devant le bond qualitatif effectué ici.
Niveau sonore, là aussi, du tout bon, les deux pistes en DTS HD Master audio 2.0 sont très bien équilibrées, claires et précises, sans artifices ni fioritures.

Interactivité
Niveau bonus, l’éditeur nous a habitué à plus de contenu, mais on ne va pas faire la fine bouche devant un making of d’époque de 24 minutes, qualité image VHS, qui permet d’observer des images d’un tournage pour le moins détendu et des interventions du réalisateur et de quelques comédiens. Le tout est introduit et conclu avec beaucoup de malice par le regretté Patrick Macnee… Une piste musicale isolée et les bandes-annonces des sorties de l’éditeur complètent une interactivité un peu moins fournie qu’habituellement…
Bravo pour la chronique très sympa.
D’après moi, Waxwork est une petite pépite.
C’est un bel hommage aux classiques de l’horreur et du fantastique 🙂
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Merci pour le commentaire ! Voilà qui fait plaisir !
Par ailleurs, je découvre Three Mothers Films… Voilà un blog qui pique ma curiosité…. 😉
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