[Be Kind Rewind] MUTRONICS de Screaming Mad George et Steve Wang (1991)
Big Trouble in Los Angeles

Dans la même collection que l’inénarrable Demon Wind, voilà que surgit des griffes de l’éditeur Le Chat qui Fume un nouveau film de série B tout droit issu des vidéos-clubs des années 90 : Mutronics (The Guyver en VO). Le film est l’adaptation d’un manga célèbre de Yoshiki Takaya, que le réalisateur et producteur Bryan Yuzna (Society, Necronomicon, Le Retour des Morts-Vivants 3) s’est mis en tête de transposer. C’est le spécialiste des maquillages et effets spéciaux Screaming Mad George et son compère Steve Wang qui ont la charge de réaliser Mutronics, à une époque où les mangas commencent sérieusement à percer en Occident (The Guyver en tête) et alors que les super-héros ne pullulent pas encore sur les écrans. Car Mutronics ressemble par bien des aspects à un film de super-héros, avec son protagoniste un peu ingénu qui se voit de manière improbable doté du pouvoir d’endosser une armure extraterrestre pour botter le cul de dangereux aliens. Le film ne brille pas par son scénario balisé et peu inspiré, ni par ses scènes d’action filmées assez mollement il faut le reconnaître. L’interprétation générale n’atteint pas des sommets non plus, malgré la présence de Vivian Wu (The Pillow Book) et d’un casting bis au possible composé de Michael Berryman (La Colline a des Yeux, La Ferme de la terreur) et sa tronche en pain de sucre, des savoureux David Gale et Jeffrey Combs, tous droits sortis de l’écurie Bryan Yuzna et Stuart Gordon (Re-Animator et From Beyond) et même de Mark « Luke Skywalker » Hamill en pleine période de vaches maigres.




En l’état, Mutronics ne vaut guère mieux que les films d’exploitation des années 90, et en porte les pires stigmates en matière de conception (une photographie assez hideuse notamment). Pourtant, le film possède un atout considérable dans sa manche en la présence de ses deux réalisateurs… surtout pour leurs compétences indéniables en matière de maquillage et d’effets spéciaux. Screaming Mad George a fait ses armes sur Big Trouble in Little China, Predator et Freddy 3 et 4, Steve Wang a notamment collaboré à Mutant Aquatique en Liberté et Gremlins 2. Leur savoir-faire sur ce film au budget étriqué est incontestable et apporte une véritable plus-value au design de cette série B d’assez bas-étage. Que ce soient les créatures aliens ou l’armure du Guyver, les prothèses et costumes sont extrêmement soignés et détaillés, particulièrement proches des visuels originaux, et font vraiment la différence, même si on ne s’éloigne jamais vraiment d’un rendu croisant Gremlins géants et créatures à la Power Rangers. De même, bien moins noir et violent dans son traitement que le manga, Mutronics dérape un peu trop dans la gaudriole (pas drôle), au point qu’on se demande à quel public il s’adresse, tant il reste parsemé de scènes gores et déstabilisantes (la transformation douloureuse de Mark Hamill). Pas déplaisant au final, Mutronics dégage même une certaine forme de sympathie par sa générosité et une certaine approche comic-book qui ne fait pas tâche à l’heure actuelle.
MUTRONICS (The Guyver). De Screaming Mad George et Steve Wang (USA/Japon – 1991).
Genre : Fantastique. Scénario : Jon Purdy d’après le manga Guyver de Yoshiki Takaya. Interprétation : Jack Armstrong, Mark Hamill, Vivian Wu, David Gale, Michael Berryman, Jeffrey Combs… Musique : Matthew Morse. Durée : 99 minutes. Disponible en Blu-Ray chez Le Chat qui Fume (19 avril 2022).
L’histoire : Los Angeles, années 1990 – Un jeune homme, Sean Barker, découvre accidentellement un étrange appareil, le Guyver. Cet artefact peut se transformer en armure, conférant à celui qui la possède des pouvoirs considérables. Le Guyver est activement recherché par les Zoanoids, des extraterrestres belliqueux. Avec l’aide de Mizuki, sa petite amie, et de Max Reed, un agent de la CIA, Barker devra affronter les Zoanoids…
L’édition Blu-ray du Chat qui Fume

TECHNIQUE. Le film de Screaming Mad George et Steve Wang a droit à une édition HD très solide techniquement, avec une image dont le rendu visuels conserve la patine des séries B des 90’s, avec ses couleurs et sa photographie pas du meilleur goût, mais c’est comme ça. L’image est globalement assez belle, tout en conservant certains imperfections (griffures, tâches) qui ne gâchent rien car la définition reste remarquable, tout comme les contrastes.
Côté son, la version française en DTS-HD Master Audio 2.0 est comme souvent un peu datée et aux fraises. La version originale, bénéficiant des mêmes caractéristiques techniques, fait beaucoup mieux dans son dynamisme et sa capacité d’immersion.
INTERACTIVITE. Pour le seul supplément de cette édition, c’est le journaliste Julien Sévéon, spécialiste (notamment) en cinéma asiatique, qui s’y colle. Il évoque le film, mais aussi le manga qui l’a inspiré, les deux réalisateurs atypiques qui l’ont façonné, relève les principales différences avec le matériau d’origine et évoque rapidement la suite cinématographique, encore plus confidentielle, du Guyver.
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