1333747_backdrop_scale_1280xauto

LA GRANDE MURAILLE de Zhang YimouLa Grande muraille est une coproduction américano-chinoise, un blockbuster international dont la principale raison d’être est de garnir les multiplexes. A la barre, l’expérimenté Zhang Yimou, à la carrière aussi riche que variée puisque le réalisateur chinois est aussi à l’aise dans le drame (Epouses et concubines, 1991, Vivre !, 1994) que dans le film d’action (Hero, 2002, Le Secret des poignards volants, 2004). Un drôle de cinéaste qui semblait avoir les reins suffisamment solides pour supporter cette grosse machinerie mêlant effets spéciaux XXL, action à tout va et vedettes américaines et chinoises.
Faisant fi de toute rigueur historique, La Grande muraille se propose de conter au spectateur un épisode marquant du célèbre monument chinois, en piochant allègrement dans l’imaginaire fantastique. Car le film est avant toute chose un récit d’action matinée d’aventure aux frontières de l’Heroic-fantasy, dans la droite lignée du Seigneur des Anneaux ou de Warcraft, pour les plus célèbres. Les deux héros, interprétés par Matt Damon (tout en cheveux) et Pedro Pascal (aperçu dans Game of Thrones), sont des mercenaires se trouvant malgré eux au mauvais endroit au mauvais moment, impliqués dans la lutte entre l’armée chinoise et de redoutables et terrifiantes créatures.
La facture spectaculaire de La Grande muraille était promise dès l’affiche du film. Force est de constater que le résultat ne fait pas mentir l’accroche initiale : il n’y a pas tromperie sur la marchandise. De l’action, toujours de l’action, rien que de l’action. Le film démarre sur les chapeaux de roues, et ne baissera pour ainsi dire jamais de régime durant 1h40. Zéro temps mort. Zhang Yimou y démontre toutes ses facultés à signer des scènes d’action brillantes, impressionnantes et épiques, sans jamais perdre en lisibilité. La Grande muraille est un spectacle grisant et total, aux chorégraphies inspirées mêlant action câblée digne des meilleurs films de chambara, et affrontements guerriers à l’ambition graphique démesurée, doté d’une mise en scène ample avec d’imposants mouvements de caméras aériens et des pirouettes dans tous les sens. On en prend plein les yeux.

567917.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx

Superbe coquille… vide

Une réussite totale ? Si l’on se réfère uniquement au côté spectaculaire de l’oeuvre, oui dans le sens où l’on ne s’ennuie jamais et que les trois scènes de bataille majeures qui jalonnent le film, sont autant de morceaux de bravoure visuellement inspirées. Mais si on cherche à gratter un peu les enjeux d’une intrigue assez mince et si l’on souhaite s’attacher à des personnages un tant soit peu fouillés, l’affaire se gâte. De toute évidence, cette coproduction américano-chinoise n’a pas d’autre ambition que de divertir. Mais l’ensemble souffre très clairement d’une intrigue réduite à la portion congrue, d’enjeux simplissimes, de personnages n’existant que dans leur fonction d’archétype et de rebondissements relativement attendus. On pourra passer outre et s’en contenter…
Les comédiens s’y dépatouillent comme ils peuvent, brassant beaucoup d’air, mais de manière spectaculaire. La prestation des deux stars Andy Lau et Matt Damon, cautions trois étoiles pour vendre le film autant en Asie qu’en Occident, se résume à une confrontation sans grande ampleur. Willem Dafoe vient y empocher son chèque… Le tout avec des effets visuels parfois impressionnants (les plans d’ensemble, les mouvements de caméras aériens, les chorégraphies guerrières) mais pas toujours à la hauteur des moyens investis (l’incrustation des créature n’est pas toujours convaincante).
Pourtant, à l’issue des 103 minutes de cette Grande muraille, ce n’est pas l’envie de faire la fine bouche qui prédomine, mais plutôt un sentiment grisant d’avoir assisté à une bonne série B, extrêmement généreuse en action et assez habilement emballée, le tout avec des moyens financiers démesurés. Une superbe coquille, assez vide et vaine tout de même. On préférera quand même voir le verre à moitié plein…

The Great Wall


LA GRANDE MURAILLE
Zhang Yimou (USA/Chine – 2016)

2-5

Genre Aventure – Interprétation Matt Damon, Jing Tian, Pedro Pascal, Willem Dafoe, Andy Lau… – Musique Ramin Djawadi – Durée 103 minutes – Disponible en Blu-Ray et DVD chez Universal.

L’histoire : Alors que la Grande Muraille tremble sous les attaques de créatures monstrueuses dont le but est d’anéantir l’espèce humaine, William Garin et Pero Tova, deux mercenaires qui ont été faits prisonniers, rejoignent finalement leurs geôliers dans un ultime combat pour sauver l’humanité.

4 réponses à « [Critique] LA GRANDE MURAILLE de Zhang Yimou »

  1. […] des billes et des comédiens dans les grosses machines d’Asie. Après Matt Damon dans le passable La Grande Muraille de Zhang Yimou, récente illustration de cette greffe cinématographique occidento/orientale, la Corée du Sud se […]

    J’aime

  2. Salut !
    Je suis assez d’accord avec toi sur l’ensemble, bien que, je te trouve assez gentil quand à la prestation des acteurs et à la réussite des chorégraphies .
    Sinon, entièrement d’accord avec toi sur le terme « coquille vide » .
    J’ai été moins sympa pour en parler sur mon blog !

    Aimé par 1 personne

    1. oui, en fait, face à un film comme celui-ci, assez moyen au demeurant, on peut être indulgent, ou pas du tout… J’avoue que j’étais plutôt dans un bon jour, et vu que le film est distrayant (et Matt Damon et sa perruque… Merveilleux !)… Surtout, il demeure assez significatif dans ce qu’il représente comme étape dans la « conquête » du marché occidental hollywoodien par la Chine… Mais c’est une autre histoire 😉

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire

Tendances